Batman Dark City : toutes les bonnes choses ont-elles une fin ?

Après une longue absence, Batman découvre que l’avenir de Gotham City est entre les mains de ses ennemis : Edward Nygma se présente comme le bienfaiteur de Gotham ! Est-il réellement passer du bon côté ? Découvrez la conclusion époustouflante d’une série qui a su redéfinir la psychologie du personnage tout en rendant hommage aux récits passés.

Dans les comic books de super-héros, le changement d’une équipe créative signifie souvent la fin d’une époque où tout semblait permis pour un scénariste. Accompagné par un ou plusieurs dessinateurs, son rôle est de s’assurer que le lectorat retrouve dans ses histoires, un subtil mélange de nouveautés et de cohérence avec les épisodes précédents même s’ils ont été écrits par d’autres.

L’objectif est clair, prodiguer une dose mensuelle de divertissement avec des idées novatrices sans toutefois tirer un trait sur les écrits antérieurs ainsi que sur le canon officiel. Ce principe est bien connu du lectorat de comic books : la fameuse continuité.

Une sorte de chronologie où les multiples itérations et histoires d’un personnage coexistent et s’impactent les unes avec les autres, donnant ainsi une sensation de logique et de fluidité entre plusieurs décennies d’aventures éditoriales. Malgré son aspect artificiel et parfois peu cohérent, la continuité est loin d’être immuable dans le temps. A contrario, elle est bien souvent perçue comme une source d’inspiration, une sorte de bibliothèque où l’on entrepose des idées à la fois géniales, banales voire carrément loufoques, pour permettre aux artistes de trouver de quoi créer le présent et a fortiori, le futur d’un personnage.

Ce travail d’hommage éditorial a été mené avec brio par Chip ZDARSKY depuis sa reprise de la série régulière Batman. En utilisant, directement ou indirectement, les influences de ses prédécesseurs tels que Grant MORRISON (GRANT MORRISON PRESENTE BATMANT, ALL-STAR SUPERMAN), Tom KING (BATMAN REBIRTH, LE PINGOUIN) ou encore James TYNION IV (BATMAN INFINITE, THE NICE HOUSE ON THE LAKE), il a su proposer une nouvelle itération du personnage, à la fois classique et novatrice, tout en rajoutant différents éléments aux origines de Batman.

Au début des écrits de ZDARSKY, c’est un Bruce Wayne esseulé que l’on découvre. À la suite des évènements de Joker War (à retrouver dans BATMAN JOKER WAR, coll. DC Rebirth), ce dernier a perdu une partie de sa fortune et doit lutter contre le crime avec des moyens réduits. De plus, la mort d’Alfred Pennyworth des mains de Bane (à découvrir dans BATMAN REBIRTH INTÉGRALE coll. DC Rebirth) a laissé un grand vide dans la Batcave et le coeur du Chevalier Noir. Au-delà du chagrin, le majordome était chargé de mettre à jour le programme de Failsafe, un « Bat-robot » conçu par Batman lui-même pour le neutraliser en cas d’éloignement de son code moral.

Après un complot du Pingouin ayant simulé sa propre mort, Failsafe fut activé et s’en prit violemment à Batman. Ne se rappelant plus comment, ni pourquoi il avait conçu Failsafe, Batman fit ressurgir sa personnalité secondaire des recoins de son esprit : le Batman de Zur-En-Arrh. Développé par Grant MORRISON (à retrouver dans GRANT MORRISON PRÉSENTE BATMAN INTÉGRALE, coll. DC Signatures), ce Batman aux couleurs vives est une personnalité de secours que Bruce Wayne endosse pour se protéger d’attaques psychiques. Seul problème, Zur-en-Arrh est une personnalité violente qui, malgré son apparence grandiloquente et joviale, cache un sens de la justice expéditive ainsi que des pulsions meurtrières… Malgré tous ses efforts, Batman ne réussit pas à défaire Failsafe. Au cours d’une ultime confrontation, le robot asséna une violente déflagration sur notre héros qui, au lieu de le tuer, l’envoya dans un univers parallèle où Batman n’a jamais existé. Au sein de cette Gotham où la légende de Batman reste encore à écrire, Bruce Wayne dû lutter contre le Red Mask, un variant du Joker opérant à visage découvert qui souhaitait par-dessus tout devenir le Joker original, un Clown Prince du Crime psychopathe et imprévisible, en influençant les origines de tous les autres variants du Multivers.

Après une course effrénée entre les réalités, Batman parvint à stopper Red Mask et à rentrer sur sa Terre natale avec l’aide de Tim Drake/Robin tout en luttant contre la propagation de Zur-en-Arrh dans les personnalités de toutes les versions de Batman…

De retour dans sa ville, Bruce lutta sans relâche contre Zur-en-Arrh qui commençait à influencer ses valeurs morales. Cette lutte mentale s’intensifia durant l’événement Gotham War, où Catwoman tenta de réduire la criminalité en formant des voleurs non violents pour dérober les plus fortunés. Face à cela, Batman défia son ancienne amante, arguant que tout crime, aussi relatif soit-il, reste un crime. Le Chevalier Noir en vint même à capturer Jason Todd pour lui implanter un dispositif de contrôle mental destiné à accroître sa peur et à limiter ses actions violentes… Un geste que Batman n’aurait clairement jamais toléré de la part d’autrui sans l’influence néfaste de Zur-en-Arrh.

S’isolant du reste de la Bat-Famille, Batman fut capturé par Zur-en-Arrh ayant pris possession de Failsafe afin de remplacer officiellement Batman. Emprisonné avec le Joker, Batman découvrit que celui-ci fut formé par l’un de ses anciens mentors, le docteur Daniel Captio (dont l’on perçoit l’influence dans BATMAN – THE KNIGHT, coll. DC Deluxe, écrit aussi par ZDARSKY) pour qu’il devienne un véritable agent du chaos. Plus surprenant encore, les actes maléfiques du Joker n’auraient toujours eu que pour but d’activer le Batman de Zur-En-Arrh, qu’il considère comme le véritable Batman…

Au terme d’une ultime bataille, Failsafe fut neutralisé avant d’être trouvé par Amanda Waller (Mais dans quel but ? Lisez ABSOLUTE POWER, coll. DC Infinite pour le découvrir !) et Batman dû s’occuper d’un dernier cadeau laissé par l’androïde : un clone de Bruce Wayne transformé en une version distordue de Robin. Une fois son lavage de cerveau effacé, le deuxième « Bruce » subit un vieillissement accéléré de son métabolisme, le condamnant à une mort certaine. En accompagnant son clone jusqu’aux portes de la mort, Bruce repris foi en sa mission de héros et compris que la vie est un don qu’il devra continuer de chérir pour faire le bien autour de lui.

Dans ce tome, vous pourrez découvrir les derniers écrits de ZDARSKY qui, après avoir confronté Batman à ses pires démons intérieurs, va mettre en scène le Croisé à la Cape dans une aventure aux allures de polar politique. Réhabilité par le système pénitencier de Gotham, Edward Nygma se présente comme un bienfaiteur pour la ville dont l’entreprise serait capable de rivaliser avec les investissements de Wayne Enterprises… Mais ses intentions sont-elles réellement désintéressées ? Pendant ce temps, le maire Chris Nakano tente de contrôler l’assise de Vandal Savage sur la police locale tandis que le mystérieux homme d’affaires Leonid Kull, qui dirige la nouvelle Cour des Hiboux, continue de placer ses pions…