Lorsque je pense à la route, ça me donne des idées d’histoires. Certaines se basent sur mes propres expériences de voyageur. Je pense à mes randonnées dans les Appalaches ou dans le parc national de Joshua Tree, avec Scott. Je pense à cette fois où nous avons visité la cabane où Elvis PRESLEY est né, à Tupelo, et la demeure où il est mort, à Memphis. À notre rencontre avec ce type qui prétendait connaître la pension de famille où mourut Bessie SMITH, l’impératrice du Blues. La route est parsemée d’anecdotes de ce genre, enrichissantes et merveilleuses, mais elle réserve aussi des moments de frayeur. Quand on tombe en panne sèche, en pleine nuit, au beau milieu d’une route de campagne. Ou quand on ne cesse de voir des ombres furtives passer devant la fenêtre de son motel. Mais il y a d’autres histoires qui me viennent en tête quand je pense à la route. Pas seulement des histoires que j’ai vécues, mais des histoires imaginaires que m’inspire l’acte de voyager. Car Scott et moi en avons imaginé, des aventures, lors de nos pérégrinations : des scénarios de BD, de films, des ébauches de romans ou de nouvelles. J’ai l’impression que depuis l’âge de 14 ans, nous n’avons cessé d’inventer des histoires ensemble, ne serait-ce que sous  forme de conversation, et souvent lors de nos voyages.

« Ce serait bien de faire un film où… » ; « Tu imagines une BD avec… ? ». Et de tous ces projets, SEVERED est celui que nous remettions sur le tapis le plus souvent. Celui qui nous hantait le plus, peut-être justement parce que c’est une histoire de voyage, littéralement et symboliquement… mais aussi, à mon humble avis, parce que ce récit-là expose ce que signifie la route pour Scott et moi à un niveau personnel, presque intime. Je crois pouvoir parler en son nom en disant que pour nous, la route, c’est la liberté, c’est se perdre et se retrouver, c’est explorer des lieux inattendus, c’est, en gros, tout ce que nous aimons dans l’acte d’écriture. Alors, merci à vous tous de nous suivre sur ce chemin sombre, tortueux, mais aussi merveilleux.

SCOTT SNYDER
Stony Brook, NY – Février 2012

severed

Images qui permirent à Attila Futaki de s’imprégner de l’atmosphère de SEVERED.

 

SEVERED est un projet qui prend sa source dans notre jeunesse, à Scott et moi, qui sommes amis depuis 20 ans, et aussi sans doute dans les profondeurs de notre subconscient. Pour mettre en forme le récit, nous avons commencé par déterminer de quoi nous avions le plus peur. Pas seulement de fous dangereux surgissant de derrière une porte (bien que nous usions de ce motif), pas seulement d’être scalpé (c’est aussi dans l’histoire), mais aussi de concepts plus larges : la peine inconsolable, la trahison, le désespoir. Cet album met en scène certaines de nos peurs les plus profondes, et passer l’année qui vient de s’écouler à les synthétiser pour le plaisir de vos yeux fut, à bien des égards, émotionnellement éprouvant.

Voyez-vous, il y a quelques années, j’étais juste un cinéaste qui n’avait jamais songé à écrire une BD. C’était un média qui m’était complètement étranger. Avec des règles différentes  un langage différent  un public différent  Mais Scott ne cessait de me dire que comme au cinéma, il s’agit fondamentalement de raconter une histoire, et il avait raison. Je ne saurais exprimer la satisfaction que j’éprouve  d’avoir dépassé mes appréhensions pour m’aventurer sur ce nouveau sentier. La Bande Dessinée m’a fait découvrir de toutes nouvelles façons de raconter une histoire, et coécrire SEVERED a fait de moi un meilleur scénariste, quel que soit le domaine où j’exerce. Scott SNYDER n’est pas seulement mon ami, c’est aussi un grand scénariste de BD, et j’ai une chance immense d’avoir pu collaborer avec lui sur ce projet.

Quand à Attila… Je parlais de chance, et décidément je n’en manque pas. Attila et moi nous sommes connus par le biais d’Internet, qui nous a permis de discuter pendant plus d’un an de sujets aussi variés qu’IRON MAIDEN, Eugène DELACROIX, Albert FISH ou Andrew WYETH. Nous avons parlé d’horreur, de suspense, de cases, de la surprise de la page suivante. En y repensant, notre relation était plus proche de celle qui unit le metteur en scène à l’acteur que de celle du scénariste au dessinateur, sans doute parce qu’Attila a su s’adapter à moi. Voir une histoire que l’on a visualisé soi-même dans son esprit se matérialiser sous le pinceau d’autrui, via des images tout aussi vivaces et touchantes, est une expérience qui force l’admiration et l’humilité.
Mais plus encore que l’expérience de la fabrication d’une BD, c’est la façon dont nous l’avons présentée au public qui fut pour moi inoubliable. Nous avons choisi de publier SEVERED chez Image Comics, ce qui impliquait davantage de responsabilités et de travail, mais surtout davantage de liberté créatrice. Lorsque nous avons envoyé le premier épisode chez l’imprimeur, sans avoir eu à passer par le moindre comité de relecture, de censure ou de réécriture, je n’en revenais pas. Nous voulons rajouter une page ou deux ? Pas de problème ! Nous voulons utiliser une expression désuète ou ordurière ? Pas de problème ! Nous voulons couper le bras de notre héros, qui n’a que 13 ans ? Pas de problème ! Une pareille liberté n’a pas de prix pour moi, et grâce à cela, je puis dire que SEVERED qui est ma première BD, ne sera certainement pas la dernière. Ça y est, je suis accro. Bonne lecture, et merci pour votre intérêt.
Scott Tuf
Los Angeles, CA – Février 2012

couvertures severed

Différentes couvertures de SEVERED parues en vo.

 

Quand les deux Scott m’ont présenté le projet SEVERED, j’étais fou d’excitation. J’ai toujours aimé l’horreur, et dessiner une BD de ce genre faisait partie de mes rêves. J’étais encore plus enthousiaste après avoir lu leur scénario. Tout à ma lecture, je visualisais clairement chaque page, et il me démangeait de m’installer à ma table à dessin ! Je n’oublierai jamais l’expérience que fut SEVERED et ma collaboration avec les deux Scott. Je souhaite dédier cet album à mes parents, Diana CSÖRGÕ, Lajos FARKAS, Christian TRIMMER, Dávid CSERKUTI, Tamás GASPAR, András TOTHPAL, Anabelle ARAUJO, Jef LEMIRE et Gábor ERDEI.

Attila Fukati
Budapest, Hongrie – Février 2012

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