Le Pingouin est l’un des antagonistes les plus emblématiques de Batman ! Découvrez la première rencontre entre Oswald Cobblepot et Batman imaginée par Tom King !
Depuis des années, le Pingouin se distingue des autres super-criminels que combat Batman par sa mainmise sur la pègre de Gotham. Depuis son club, la Banquise, Oswald Cobblepot gère un empire du crime et du vice qui va des petits dealers jusqu’aux tueurs à gages sans foi ni loi. Ce trafic lui permet également de frayer avec les notables de la ville, quand il ne corrompt pas les forces de police au nez et à la barbe du Commissaire James Gordon. Mais, il y a peu, cet équilibre des forces en présence a subi un profond bouleversement lorsqu’Oswald a dû céder sa place à ses jumeaux, Aiden et Addison Cobblepot. Alors que tout le monde le croyait mort, le frère et la soeur ont éliminé les autres nombreux enfants illégitimes du super-vilain sans que quiconque, y compris Batman ou Catwoman, ne puisse les en empêcher.
Pourtant, le Pingouin n’est pas décédé. Au contraire, ce dernier a refait sa vie à Metropolis, la ville où se trouve son tailleur préféré. Il vient d’y ouvrir une boutique et se fait passer pour un fleuriste débonnaire et vieillissant : M. Cobb. De plus, il semble avoir enfin trouvé le bonheur auprès de Rita, une vétérinaire travaillant dans une clinique. Lorsqu’il ne s’occupe pas de sa boutique, Oswald fait de longues balades en ville sous l’oeil vigilant d’une équipe de fédéraux. Cette dernière est dirigée par « l’Agent #$@%@ » qui doit son surnom à son utilisation maladive d’injures, due à une altercation malencontreuse avec Batman quelques années auparavant. Tentant tant bien que mal de provoquer le Pingouin, l’Agent #$@%@ finit par élaborer un plan qui permettrait au F.B.I. de reprendre le contrôle de Gotham. En aidant Cobblepot à se venger de ses jumeaux et en lui fournissant des hommes, du matériel et un financement conséquent, le Pingouin reprendrait son titre de roi du crime, tandis que dans les coulisses, le gouvernement chapeauterait ses opérations. Même si sa supérieure directe, Amanda Waller, semble se méfier de cette stratégie, l’Agent #$@%@ propose cet arrangement à Cobblepot, tout en faisant pression sur lui. En effet, le F.B.I. a arrêté Rita et l’accuse de complicité, faisant planer sur elle le spectre d’un emprisonnement à vie, voire d’une peine de mort.
Cobblepot accepte donc le deal que lui propose l’Agent #$@%@, mais non sans poser ses conditions. Et l’une d’entre elles concerne le recrutement d’une équipe qui lui sera entièrement dédiée. Aussi, pour se préparer à mener une guerre sans merci aux jumeaux, Oswald commence par embaucher l’Aide. Ce dernier est connu pour louer ses services aux plus offrants et notamment aux super-vilains. Mais il s’est également mis en retraite, et ce, volontairement. Vivant désormais dans un immense manoir, il profite de sa fortune mal acquise tout en gardant une forme physique et intellectuelle aussi intacte que possible, malgré son grand âge. Pour faire plier le vieux soldat, Cobblepot n’hésite pas à soudoyer son cuisinier personnel qui plonge l’Aide dans un sommeil profond après un repas copieux. Pendant ce temps, Oswald massacre tous les domestiques de l’Aide auxquels il était particulièrement attaché. Humilié et battu, rabaissé plus bas que terre, l’Aide accepte alors de rejoindre le Pingouin dans sa vendetta.
Il est rejoint bien vite par la Force Nationale. Ce groupe de super-héros a été conçu par le gouvernement pour des opérations secrètes à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Véritables pions dans le jeu d’échecs géopolitique auquel se livrent les États-Unis sur la scène internationale, les membres de la Force Nationale disposaient de pouvoirs extravagants. Le Major Victory était fort et invincible, Lady Liberty pouvait utiliser sa torche afin de lancer des rafales d’énergie, Majorité Silencieuse se multipliait, Sparkler projetait des sortes de feux d’artifice, et Mayflower contrôlait les plantes. Malheureusement pour eux, lorsque le gouvernement a dissous le groupe, il leur a également retiré leurs aptitudes, ce qui les a plongés dans la dépression, l’alcoolisme ou, dans le cas de Majorité Silencieuse, la folie. Seul Sparkler semblait avoir fait contre mauvaise fortune bon coeur et est devenu professeur. Mais là encore, Oswald Cobblepot a su trouver le levier suffisant pour le faire plier, en menaçant sa soeur. Une fois la Force Nationale réunie, Oswald a renoué avec une ancienne flamme, son ex-femme, Lisa St Claire. Celle-ci a fait fortune dans le jeu et possède un casino à son nom à Vegas. Aussi redoutable que son ancien époux, Lisa parvient à déjouer une attaque contre elle et, comprenant qu’elle dispose toujours d’un certain ascendant, prend place dans son organisation en tant que consigliere.
Pour parachever le plan, le Pingouin contacte l’un des plus redoutables combattants de Gotham, à savoir Black Spider. Celui-ci s’appelle en réalité Eric Needham et est un ancien junkie. Alors qu’il était en manque, Eric a autrefois braqué une supérette et tué le gérant qui n’était autre que son père. Pris de remords, Eric a alors conçu son équipement de Black Spider et s’est mis en tête d’éliminer les dealers comme les consommateurs de Gotham. Arrêté plusieurs fois par Batman, Eric s’est lié à un certain Daniel qui entretemps est tombé gravement malade. Pour palier sa souffrance, Eric s’est mis à acheter des doses de Venin, la drogue qui rend Bane indestructible. Mais les prix ne cessant de monter sous l’influence des jumeaux, Eric a dû utiliser son identité de Black Spider afin de remplir des contrats pour eux en échange du Venin. Après deux fiascos pourtant, Black Spider découvre que Daniel a été kidnappé et le retrouve entre les griffes d’Aiden et Addison Cobblepot. C’est là qu’il se voit offrir une proposition de choix par Oswald : jouer double-jeu et fournir le Pingouin en informations sur ses enfants.
C’est ainsi que la petite armée d’Oswald Cobblepot est à présent complète. Batman, occupé comme à son habitude par les nombreux problèmes que connaît Gotham, ignore – ou choisit d’ignorer – tout des manigances auxquelles se prête le Pingouin. Mais le retour en ville de son bedonnant adversaire va faire remonter à la surface toute l’ambiguïté de leur relation. Et c’est ainsi que dans les deux premiers chapitres de cet album, vous découvrirez comment Oswald est devenu le Pingouin et a mené son ascension des ruelles mal famées de la ville, jusqu’au sommet le plus sombre et corrompu.
Comme à son habitude, le scénariste Tom KING puise dans l’histoire méconnue de DC Comics et en ressort des personnages plus obscurs et parfois mésestimés. Ici, il a sélectionné des super-vilains de la période de l’Âge de Bronze de Batman (de 1970 jusque 1986). Black Spider est ainsi apparu pour la première fois dans Detective Comics #463 (septembre 1976), créé par Gerry CONWAY et Ernie CHUA. CONWAY, un transfuge de Marvel, est célèbre entre autres pour son run d’Amazing Spider-Man dans lequel Gwen Stacy est tuée par le Bouffon Vert, mais qui voit aussi les débuts du Punisher. Avec Black Spider, l’auteur mélange ainsi le motif arachnéen de Spider-Man et le concept de justice expéditive du Punisher. Malgré son look soigné et ses origines intéressantes, Black Spider ne fait que peu d’apparitions (dont, étrangement, dans le Sandman de Neil GAIMAN). Dans les années 1990, un deuxième Black Spider apparaît dans Batman #518 de Doug MOENCH et Kelley JONES. Il s’agit cette fois-ci d’un tueur à gages de la mafia nommé Johnny LaMonica. De leur côté, la Force Nationale rencontre Batman et son groupe d’alors, les éphémères Outsiders, dans Batman and the Outsiders Annual #1 de 1984. Les membres ont été sélectionnés par B. Eric Blairman, un politicien, obsédé par le 1984 de George ORWELL qui tient à imposer un système de surveillance et de désinformation similaire.
Enfin, Tom KING cite ouvertement Silver St Cloud, l’amoureuse de Bruce Wayne dans les épisodes mythiques de Steve ENGLEHART et Marshall ROGERS de 1977-78, comme étant la cousine de Lisa St Claire. Il est donc intéressant de noter que le scénariste reprend des éléments oubliés de la période précédant le séisme artistique et éditorial de THE DARK KNIGHT RETURNS et ANNÉE UN, pour étoffer la légende du Pingouin. Un vilain qui, après 1986, passera par plusieurs réécritures afin qu’il puisse évoluer dans une époque plus sombre. KING reprend ces marginaux, et les intègre à une redéfinition du Pingouin qui parvient l’exploit de n’écarter ni son passé fantaisiste ni le « réalisme » obligatoire des comics actuels.
Yann GRAF

Le Pingouin, tome 1
Le Pingouin est mort. Finie la lutte pour le contrôle des activités criminelles qui rythment les nuits de Gotham. Enfin, c’est ce que tout le monde croit. Chargée de retrouver ses enfants, Catwoman découvre qu’Oswald Cobblepot est en vie, caché sous une fausse identité à Metropolis. Mais lorsqu’elle lui apprend que ses enfants sont en danger, restera-t-il caché comme il se l’était promis ? Ou se laissera-t-il regagner par cette addiction plus forte que toutes les autres : affronter Batman ?

Le Pingouin, tome 2
Les combats entre le Pingouin et Batman sont légendaires dans les rues de Gotham City… mais qu’en est-il de leur toute première rencontre, le premier coup de poing lancé sur le ring ? Tandis qu’un changement radical est apparu dans leur relation… Cobblepot est-il prêt à affronter le Chevalier Noir ? Ou a-t-il déjà deux coups d’avance ? Un seul objectif l’anime : reprendre son trône dans la ville du Chevalier Noir.