Monstre pathétique hanté par une âme humaine perdue, force de la nature en première ligne dans la lutte pour le vivant, incarnation élémentale de la Terre, Swamp Thing, la Créature du Marais, s’est imposé depuis des décennies dans les rangs des plus grands héros de l’Univers DC, dont il marque l’histoire, le présent… et le futur !

À partir de janvier 1955, les bandes dessinées américaines paraissent sous l’œil vigilant de la Comics Code Authority, qui impose aux contenus des règles de décence drastiques. Au début des années 1970, ce code s’assouplit, permettant aux éditeurs de faire apparaître, dans les aventures colorées des justiciers costumés, des figures ancestrales relevant du fantastique et du surnaturel : loups‑garous, vampires, momies, zombies et autres monstres divers.

C’est dans ce contexte plus favorable qu’apparaît un monstre mi‑humain mi‑végétal appelé Swamp Thing, à l’initiative du scénariste Len WEIN et du dessinateur Bernie WRIGHTSON.
Un prototype du héros fait un premier tour de piste dans House of Secrets #92, daté de juillet 1971, avant que le véritable personnage ait droit à sa propre série, l’année suivante. Dans le premier récit, c’est Alex Olsen qui est transformé en monstre mais, dans Swamp Thing #1, les lecteurs font connaissance avec Alec Holland, un scientifique qui meurt dans l’explosion de son laboratoire situé en bordure des marais du bayou, avant de renaître sous la forme d’une créature végétale. Dès lors, la série entraîne le monstre vert dans diverses aventures où il croise sorciers et nécromants, à l’occasion d’intrigues empruntant généreusement à la littérature gothique (à découvrir dans SWAMP THING : LA CRÉATURE DU MARAIS, collection Urban Cult).

Une dizaine d’années plus tard, dans les pages de The Saga of Swamp Thing #21, un scénariste britannique, Alan MOORE, reprend en main les aventures du personnage, qu’il redéfinit entièrement.
Sous son égide, la Créature du Marais apprend, avec les lecteurs, qu’elle n’est pas réellement Alec Holland, mais plus exactement une plante persuadée d’être un humain ressuscité. Après le choc lié à cette révélation existentielle, le monstre, qui préfère néanmoins être appelé Alec, accepte sa nouvelle existence en suivant les conseils de l’avisé et cynique John Constantine, puis entame une relation intime avec Abigail Arcane et endosse le rôle d’allégorie élémentale de « la Sève », l’énergie extradimensionnelle reliant toutes les formes végétales et dont la Créature devient le représentant sur Terre, l’avatar protecteur.

Les épisodes rédigés par Alan MOORE dévoilent les angoisses personnelles du héros, que ce dernier combat par la force de l’amour, tout en explorant des thèmes davantage en prise avec leur époque. Luttant contre des menaces surnaturelles diverses, la Créature du Marais s’enrichit également d’une connotation écologique évidente. L’abomination végétale fait face à la pollution, à l’urbanisation, à la technologie et à son catalogue de solutions violentes et destructrices (à découvrir dans ALAN MOORE PRÉSENTE SWAMP THING tomes 1 à 3, collection Vertigo Signatures). La série, première à se débarrasser du sceau de la Comics Code Authority, affiche une modernité revendiquée, toujours d’actualité près de quarante ans après sa publication.

Dans Swamp Thing #33, Abigail fait un rêve à l’occasion duquel elle visite la Maison des Secrets. C’est dans les couloirs sombres de cet édifice surnaturel qu’elle découvre l’existence d’Alex Olsen et apprend qu’Alec Holland, dont elle est éprise sans encore se l’être avoué, n’est pas la première Créature du Marais. Cette révélation a pour conséquences, entre autres, de postuler que le héros fait partie d’une longue lignée s’étalant sur de nombreuses époques, et de laisser entendre qu’il est mortel et pourrait être remplacé, dans un avenir aussi incertain qu’impossible à dater, par un autre tenant du titre.

Au départ d’Alan MOORE, la série, dans ses différentes itérations, présentera en effet plusieurs incarnations du représentant de la Sève, qui toutes endossent le rôle et l’apparence monstrueuse du héros. Au gré des différentes publications consacrées au personnage, plusieurs individus remplacent Alec Holland dans le rôle de l’alter ego du monstre.

Dans les trois épisodes de SWAMP THING : GREEN HELL qu’il rédige pour le dessinateur Doug MAHNKE, le scénariste Jeff LEMIRE nous donne à rencontrer une nouvelle incarnation de la Créature du Marais. L’action se déroule dans un lointain futur où une poche d’humanité survit tant bien que mal entourée d’océans moribonds. Dans ce décor post‑apocalyptique, LEMIRE s’inscrit dans la tradition instituée par WEIN, WRIGHTSON et MOORE. Tout en développant des thèmes qui lui sont personnels, à l’image des rapports entre un père et son enfant, et en faisant apparaître des héros qu’il connaît bien, dont Maxine Baker ou Deadman, le scénariste nous permet d’assister à l’émergence d’un nouvel avatar, dans la logique proposée par MOORE. Bien entendu, les choses ne seront pas aussi simples dans ce monde futuriste sans espoir, et les circonstances nous permettront de retrouver, entre autres, un visage connu, celui de John Constantine, le sorcier britannique qui, à l’époque, avait aidé Alec Holland à accepter sa condition nouvelle. S’il a vieilli, Constantine demeure le magicien manipulateur que les lecteurs ont appris à connaître et à détester, et il aura à nouveau un rôle prépondérant dans l’intrigue que vous vous apprêtez à lire.

Dans SWAMP THING : GREEN HELL, Jeff LEMIRE et Doug MAHNKE donnent une version futuriste, sombre et angoissante de la Créature du Marais, mais s’inscrivent dans une tradition éprouvée, à laquelle ils rajoutent un nouveau chapitre. Un chapitre tissé de drame, de désespoir, de sacrifice, de combat, de volonté et d’amour, dans la droite ligne des aventures précédentes vécues par l’avatar de la Sève…

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Swamp Thing Green Hell – Nouveauté

La Terre est dévastée, immergée dans les eaux depuis l’infinie crue qui l’y a plongée. Les quelques humains restants survivent sur une île désolée, perdue dans l’immensité de l’océan. Le Parlement réunissant la Sève, le Sang et la Nécrose a tranché, il est temps de repartir de zéro afin de lancer un nouveau cycle de vie. Pour ce faire, ils ont uni leurs pouvoirs pour créer un nouvel avatar, l’un des monstres les plus terrifiants jusqu’alors. Face à une telle créature, toute lutte est inutile… sauf pour un soldat qui comprend l’ennemi. Qui a déjà usé des mêmes tactiques. Quelqu’un comme Alec Holland. Dommage qu’il soit mort depuis des dizaines d’années…

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