Bruce est peut-être « le plus grand détective du monde », mais il est loin d’être « le meilleur papa du monde ». Le concept de la série est simple : un père et son fils combattent le crime à Gotham City, et comprennent progressivement que le plus dur n’est pas de mettre les méchants et autres fous furieux hors d’état de nuire, mais d’arriver à vivre et travailler ensemble sans se rendre fou l’un l’autre.
L’histoire commence avec Bruce et Damian à couteaux tirés. Bruce a des difficultés à conjuguer avec le passé de Damian, et tente donc de lui enseigner le sens de la justice et de la morale, tout en faisant les erreurs que font bien des parents. Parce qu’il a été élevé par Talia al Ghul et la Ligue des Assassins, Bruce voit Damian comme un garçon brisé, et considère que son devoir est de le réparer. Damian, de son côté, veut seulement être accepté par son père pour ce qu’il est. Il ne veut pas être perçu comme une sorte d’expérience scientifique qu’il s’agirait de modifier. Néanmoins, au fond de lui, Damian est habité par un conflit ; son passé et son présent sont les deux protagonistes d’une bataille entre la lumière et les ténèbres, une bataille qui peut coûter très cher à son âme s’il n’y prend pas garde.
La lutte de la nature contre l’éducation est l’épine dorsale des huit premiers épisodes de BATMAN & ROBIN, alors que Bruce et Damian tentent de mettre en place une relation basée sur l’amour, la confiance et le respect, et que des forces internes et externes font leur possible pour empêcher que cela arrive.
Notre histoire commence lorsqu’un nouveau personnage surgit des ombres du passé de Bruce. Son nom est Personne, et il a atteint un point de rupture. Ce dernier est contrarié de voir une organisation comme Batman Inc. braquer un symbole brillant dans les recoins obscurs où lui-même préfère opérer en silence. Pire encore, il juge que les tactiques et les missions de Batman Inc. et du Chevalier Noir en personne sont tellement tordues et perverties qu’il doit y mettre fin par tous les moyens. Imaginez une scène cool entre Batman et Personne se volant dans les plumes, justifiant chacun devant l’autre son modus operandi ! Personne est sidéré de voir Bruce devenir une marque, monter sur les toits pour collaborer avec un commissaire de police, accourir tel un chien de garde lorsque les forces de l’ordre allument un projecteur et faire le ménage derrière leurs erreurs. Personne ne comprend pas que le protecteur de Gotham puisse laisser des voleurs et des assassins pendus à un câble devant les commissariats, et plus que tout, qu’il leur laisse la vie sauve.
À ce stade, je n’ai pas besoin de rentrer dans tous les détails, mais disons que l’histoire se développe et évolue. Nous verrons que Personne cherche à faire du mal à Batman/Bruce à un niveau personnel, à cause de certains événements survenus dans leur jeunesse. Pour ce faire, il tentera d’attirer Damian vers le « côté obscur », si je puis dire.
Personne considère que le crime, et ceux qui le perpétuent, doivent être éliminés rapidement, sans tambours, trompettes ni signature. Il se voit comme une ombre vivante, qui engloutit et fait disparaître les coupables. Nous explorerons les origines de Personne, au cours desquelles nous découvrirons qu’il est le fils d’Henri Ducard, un maître de la chasse à l’homme auprès de qui Bruce était allé s’entraîner avant de revêtir la cape et le masque. Le récit tentera d’établir un parallèle entre la façon dont Personne a été élevé et ce qui arrive à Bruce et Damian.
Et soyons clairs, Personne n’est que l’intrigue secondaire de notre histoire. Notre ligne directrice, l’épine dorsale émotionnelle et psychologique de l’album restera la relation entre Bruce et Damian. Au fond, je crois, les parents ont toujours cette pensée lancinante : et si jamais je mourais ? Ou que d’une façon ou d’une autre, je n’étais pas en mesure de transmettre à mon enfant les leçons qui, je crois, lui permettront d’être une personne heureuse et en bonne santé, tant physiquement que moralement ?
J’ai dans l’idée que Bruce Wayne est hanté par ces pensées. Alors qu’il a été un père absent ces derniers temps (et pour cause), Bruce a peur de ce que pourrait devenir Damian s’il n’était pas là pour le guider. Il ne veut pas laisser un trou béant dans la vie de ce jeune garçon (à l’instar de celui laissé par la mort de ses parents), et surtout pas dans celle d’un enfant dont l’âme est aussi mortelle et dangereuse que celle de Damian.
Alors que Bruce cherche à assimiler ce que c’est d’être un père, sous l’uniforme et en civil, Damian est lui aussi à la recherche de lui-même. Toute sa volonté est employée à tenir en laisse ses inclinations et instincts naturels, et il cherche de toutes ses forces à être le fils que son père veut qu’il soit. Mais confronté à l’échec, il ne sait plus vers qui se tourner. Surtout quand il commence à voir Bruce pour ce qu’il est : un être humain faillible, et non pas une figure paternelle fantasmée. Pour Damian, il était plus facile de magnifier un homme qu’il ne connaissait pas. Avec le recul, Damian découvre qu’il était plus facile d’aimer et de respecter la légende que l’homme en personne.
Dans mon idée, Damian a été élevé pour devenir le guerrier ultime. C’est un assassin surentraîné, et même s’il pensait pouvoir contrôler ses sentiments violents, ils continuent à bouillonner, à remonter à la surface et à se manifester dans de petites choses, comme achever une chauve-souris malade tombée sur le sol de la cave, pour finalement pousser le jeune héros à tuer Personne vers le chapitre 7 ou 8. Pensez à Damian comme un Dexter de dix ans, mais avec moins de victimes, bien sûr.
L’invasion de Personne dans la vie de Bruce et Damian se juxtapose aux différences philosophiques, psychologiques et émotionnelles père/fils sous-tendant leurs méthodes de lutte contre le crime et vont pousser graduellement tous les protagonistes dans leurs derniers retranchements. La situation atteint son paroxysme lorsque Personne tente de convaincre Damian que sa technique est la seule permettant de battre le mal, et que le jeune garçon est la clé de l’avenir.
Pour résumer la dynamique personnelle du récit, disons que Personne est l’oncle cool qui semble comprendre Damian d’une façon qui est inaccessible à Bruce. Le récit lui-même sera une sorte de montagnes russes sur les plans personnels et émotionnels dont je pense qu’elles permettront à BATMAN & ROBIN d’être une série différente des autres au sein de la bat-famille, dans le cadre du reboot des NEW 52.
Proposition de départ pour la série BATMAN & ROBIN,
par Peter J. TOMASI et Patrick GLEASON

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Depuis qu’il a endossé le costume de Robin, Damian Wayne, fils de Batman et Talia Al Ghul, tente tant bien que mal d’être le digne héritier de son père. De son côté, Batman doit apprendre à élever un enfant mais aussi un héros dans un univers sombre et violent. Bien que sincère, la dynamique entre père et fils va être bouleversée par l’arrivée d’un nouveau personnage, Morgan Ducard, qui va remettre en cause les méthodes de Batman et Robin…