Zorro

Ce n’est pas anodin que le jeune Bruce Wayne demande à ses parents d’aller voir Zorro au cinéma. Un simple clin d’œil à l’œuvre de Johnston McCulley ? Certainement pas ! Du propre aveu de l’un de ses créateurs, Bob Kane, le Chevalier Noir est inspiré du personnage de Zorro.

Créé en 1919, Zorro est aujourd’hui une figure ultra connue de la pop-culture. Romans, bandes dessinées, films, séries télévisées, dessins animés, et même des jeux se revendiquent comme les héritiers du justicier masqué.

Publié dans la gazette illustrée américaine All-Story Weekly, Zorro apparaît pour la première fois dans Le Fléau de Capistrano (The Curse of Capistrano), une histoire sous forme de feuilleton, le 9 août 1919. Écrite par Johnston McCulley, cette histoire sera compilée puis publiée en roman en 1924 sous le titre Le Signe de Capistrano, puis sera republiée sous un nouveau titre : Le Signe de Zorro (The Mark of Zorro). Grand succès, les aventures de Zorro seront très vite adaptées au cinéma en 1920 avec Le Signe de Zorro (The Mark of Zorro) dans lequel Douglas Fairbanks, la grande star de l’époque, tient le rôle-titre. Le film connaît un tel succès qu’en réponse à la demande publique alimentée par le film, Johnston McCulley écrira plus de soixante aventures supplémentaires de Zorro dès 1922. La dernière, The Mask of Zorro, a été publiée un an après la mort de l’auteur, en 1959. Si Le Fléau de Capistrano, la toute première aventure de Zorro, révélait l’identité du justicier masqué à la fin, les aventures suivantes qu’écrira l’auteur garderont, quant à elles, son identité toujours secrète.

Diego Vega dans la version originale, ou Diego de la Vega, dans la version de Disney, est un noble espagnol du XIXe siècle. De retour chez lui, il découvre que sa ville est gouvernée par un tyran. Il décide donc de partir en croisade contre l’injustice anonymement, cachant son identité à l’aide d’un costume. Derrière un masque, son costume entièrement noir comprend une cape, un chapeau plat (sombrero cordobés), et un loup qui masque la partie supérieure de son visage. Dans son quotidien, Diego dissimule son talent à l’épée et adopte le comportement d’un intellectuel fade plutôt que d’un homme d’action décisif.

Diego marque son passage d’un « Z » découpé à l’épée sur les lieux où il est apparu. Ainsi naît Zorro, un surnom qui signifie « renard » en espagnol.

Le succès de Zorro survient dans une période où les États-Unis développent une propagande anti-mexicaine. Avec une présentation négative des dirigeants mexicains, dépeints comme des despotes intransigeants envers les paysans indigènes et dépourvus des valeurs morales chevaleresques associées à la noblesse espagnole. Zorro est le parfait exemple de cette vision romantisée qui traverse l’Amérique à l’époque. Le personnage de Zorro s’inscrit dans le cadre plus large du mouvement artistique et architectural du renouveau colonial espagnol (« Spanish Colonial Revival »), qui valorise l’héritage espagnol de la Californie, tout en dénigrant la période ayant suivi l’indépendance mexicaine et précédé l’invasion américaine (1821-1848), en la présentant comme une période de décadence et de désordre.

C’est cette propagande qui va permettre aux États-Unis de légitimer (a posteriori) leur invasion du Mexique, et en particulier leur annexion de la Californie, lors de la guerre américano-mexicaine.