Un cavalier qui surgit sur nos télés…
Découvrez la création de la série télé Zorro !
C’est en 1919 que l’écrivain Johnston McCULLEY crée le personnage de Zorro, le vengeur masqué, dans un feuilleton intitulé The Curse of Capistrano, publié dans la revue hebdomadaire All‑ Story. Dès l’année suivante, la superstar du muet, Douglas FAIRBANKS, l’adapte dans le film The Mark of Zorro : FAIRBANKS en co-écrit le scénario et se réserve le rôle du héros à deux visages, Diego Vega alias Zorro. En 1924, Capistrano est réédité en recueil sous le titre du film. S’ensuivront de nombreuses autres adaptations sur le grand écran, notamment celle de Tyrone POWER en 1940.
À l’orée des années 1950, le média en plein essor, c’est la télévision. Pour que Zorro s’y incarne, McCULLEY en confie les droits à l’agent Mitchell GERTZ. Malgré le succès rencontré jadis par Zorro au cinéma, GERTZ peine à trouver un studio disposé à l’adapter pour le petit écran. Jusqu’à ce qu’il croise le légendaire Walt DISNEY, roi incontesté du dessin animé au cinéma, qui s’intéresse lui-même à la petite lucarne comme source de financement pour sa nouvelle et coûteuse marotte : les parcs d’attraction.
Dès 1953, DISNEY essaie de lancer le projet Zorro, mais là encore, plusieurs embûches retardent sa concrétisation. Les trois grands réseaux télévisuels américains, pour se décider, réclament un épisode-pilote que DISNEY ne veut pas produire de sa poche. Puis, le réseau ABC semble intéressé, mais préfère finalement favoriser Disneyland, émission au sommaire divers, dans le cadre de laquelle seront notamment diffusées les aventures d’un prédécesseur illustre de Zorro : Davy Crockett. Le show Disneyland est un succès qui finance aisément le parc du même nom. Disney et ABC se mettent d’accord sur une nouvelle production télévisée destinée à amortir les frais d’expansion du parc. La troisième fois sera la bonne, et en 1957, Zorro est enfin sur les rails.
Il s’agit maintenant de trouver l’homme idéal pour porter le masque de Zorro. Parmi les candidats figureront de futures stars comme David JANSSEN, interprète du Fugitif, ou Dennis WEAVER, star de Duel, le terrifiant premier film de Steven SPIELBERG. Au final,deux hommes retiennent l’attention de DISNEY et du réalisateur Norman FOSTER (également auteur des paroles du générique) : Guy WILLIAMS et Britt LOMOND, tous deux avantagés par leur pratique de l’escrime. Il sera finalement décidé que le premier incarnera le héros et le second son ennemi juré, le capitaine Monastorio. La distribution sera complétée par le mime et musicien Gene SHELDON dans le rôle du serviteur muet Bernardo, le chanteur et acteur Henry CALVIN dans celui de l’imposant et drolatique Sergent Garcia, et George J. LEWIS, qui incarne Don Alejandro, le père de Zorro/ Diego. Avant d’incarner ce rôle, George J. LEWIS avait d’ailleurs joué le rôle principal dans les séries Zorro’s Black Whip et est apparu dans Ghost of Zorro. Le héros à la cape noire aura pour monture un étalon fougueux à la robe tout aussi sombre, Tornado. Trois chevaux seront utilisés pour l’incarner à l’écran, dont Diamond Decorator, un Quarter Horse âgé de 7 ans, vainqueur de la course hippique du Grand National 14 fois d’affilée.
Pour les décors permanents de la série, l’ameublement et les accessoires, le studio Disney investit un total de 208 000 $ de l’époque (équivalant à plus de deux millions en dollars de 2024), ce qui représente alors un record pour une série western télévisée. Plus généralement, Zorro est une série qui coûte cher par rapport aux programmes télévisuels des années 1950, avec un coût moyen de 78 512 $ par épisode d’une demi heure en 1957, alors que la moyenne pour les épisodes d’une heure se situe plutôt autour de 14 000 $. Fidèle à sa légende, Walt DISNEY gère à sa manière la production, et l’immense succès de la série lui donnera raison.
Pour lancer la série, Walt en présente le générique en avant-première le 11 septembre 1957, dans une émission anniversaire de Disneyland où il s’entoure des jeunes présentateurs du Mickey Mouse Club. Zorro (Guy WILLIAMS) y fait aussi une apparition pour dialoguer avec eux. Ainsi, lorsque la série démarre sur ABC un mois plus tard, le public est déjà conquis. Dès les premières diffusions (chaque jeudi), l’on s’arrache le 45 tours de la chanson du feuilleton, dans une version interprétée par… Henry CALVIN, alias le sergent Garcia ! Les panoplies, les fleurets de plastique, les masques à l’effigie de Zorro deviennent les cadeaux dont rêvent tous les petits garçons d’Amérique. Ce merchandising fera la fortune de Guy WILLIAMS, qui a eu la bonne idée de réclamer par contrat 2,5 % sur les ventes de produits estampillés « Zorro ». Le revers de la médaille, c’est la mode des « Z » gravés sur toutes les surfaces imaginables, qui fait rage chez les marmots. Guy lui-même en fera les frais, découvrant sa Cadillac neuve ainsi marquée.
La genèse de la série étant indissociable des débuts du parc Disneyland, on ne s’étonnera pas que le quatuor formé par Zorro, Bernardo, Garcia et Monastorio ait parfois participé, à Disneyland, à au moins cinq « journées Zorro » distinctes entre avril 1958 et novembre 1990. Dans le cadre de la parade du parc, les vedettes partaient de Main Street et traversaient le parc avant d’arriver à Frontierland, la partie consacrée au Far West. Un spectacle de cascades s’ensuivait, Zorro étant poursuivi sur les toits, et les vrais acteurs de la série se battaient en duel sur le Mark Twain Riverboat.
Les chiffres d’audience de la première saison sont excellents, avec une moyenne de 35,7 % à chaque diffusion, équivalent à environ 29,1 millions de téléspectateurs par semaine. L’audience a atteint 2,8 téléspectateurs par poste de télévision, ce qui représente 6 millions de personnes supplémentaires soit un total de 35 millions de téléspectateurs. Naturellement, la série est renouvelée pour une deuxième saison, avec quelques ajustements pour la rendre plus facilement accessible aux retardataires. Le succès se confirme avec 38,9 % d’audience en moyenne. Tout au long de sa diffusion, Zorro aura même « enterré » cinq séries de la compétition. Mais malgré la fidélité du public et ce succès d’audience, la fin de Zorro est proche.
À l’époque, ABC ne diffuse pas encore ses programmes en couleurs, et Disney, toujours à la pointe de la technologie, supporte mal ce retard. Lorsque l’idée d’un partenariat avec le réseau rival NBC est évoquée, ABC voit rouge et argue que les droits de diffusion de Zorro et du Mickey Mouse Club lui appartiennent. Il s’ensuit une longue et âpre lutte entre Disney et le réseau, qui privera Zorro d’une troisième saison. Toutefois, les acteurs de la série sont sous contrat avec Disney, qui détient également les décors. Malgré son différend avec le réseau, il continue de produire pour ABC l’émission dominicale Walt Disney Presents, et c’est là que Zorro va continuer ses aventures dans quatre épisodes spéciaux d’une heure, diffusés entre octobre 1960 et avril 1961. Entretemps, Disney et ABC ont trouvé un accord, mais Disney juge que la mode de Zorro s’est essoufflée, et refuse de lancer une troisième saison. Le succès de la série à l’étranger aidant, Zorro n’est pas pour autant enterrée, et entame sa deuxième carrière sur le circuit de la syndication, autrement dit la rediffusion des deux saisons en boucle sur 43 chaînes de télévision locale entre 1965 et 1967. Ces rediffusions ont été soutenues par 5 millions de nouveaux livres et bandes dessinées sur Zorro pour la seule année 1965.
Mais l’aventure de Zorro et de Disney ne s’arrête pas là, et dès le premier jour de diffusion du Disney Channel en 1983, les aventures du renard masqué s’installeront dans sa grille. Deux ans plus tard, sous la forme d’une émission anthologique sur la chaîne FR3, la Disney Channel fait découvrir Zorro à toute une nouvelle génération de Français (voir le chapitre Zorro en France). Et depuis, Zorro n’a jamais cessé de galoper…
ZORRO : L’HISTOIRE
La première saison de Zorro comporte 39 épisodes divisés en trois arches narratives de 13 épisodes chacune.
La première nous raconte le retour en Californie de Diego de la Vega, rappelé par son père Don Alejandro, un ranchero qui demande son aide pour s’opposer au joug du Capitaine Monastorio, un militaire tyrannique qui exploite la population de Los Angeles. Craignant d’entraîner son vieux père dans un combat trop dangereux pour lui, Diego décide d’opter pour « la ruse du renard ». Il jette à la mer ses trophées d’escrime et, une fois arrivé au bercail, se fait passer auprès de Monastorio pour un poète oisif et ignorant des choses du combat, au grand dam de son père dérouté par le changement de personnalité de son fils. Mais la nuit, Diego se pare d’un masque et d’un costume noir pour défier Monastorio sous le nom de « Zorro », qui chevauche son fidèle destrier d’ébène, Tornado. Avec la complicité de son serviteur muet Bernardo, qui se fait passer pour sourd afin de glaner des informations à l’insu de tous, Diego/Zorro va affronter le cruel capitaine. Celui-ci est assisté par le sergent Garcia, soldat peu compétent, soumis à l’ordre mais éprouvant une sympathie diffuse (et réciproque) pour le justicier masqué.
Une fois Monastorio mis hors d’état de nuire, Zorro est confronté à un complot dirigé par un mystérieux personnage surnommé « L’Aigle », car il communique avec ses séides en se servant des plumes du noble rapace. Or, L’Aigle a dans sa poche des officiels tels que le Magistrado Galindo et a fait exécuter le nouveau capitaine, Juan Ortega, pour le remplacer par un imposteur. Après moult rebondissements, ces deux gredins trouveront la mort…
… mais Zorro n’en a pas fini avec l’Aigle, qui envoie de plus en plus d’hommes et de matériel à Los Angeles dans le but de fomenter une révolution dans le pueblo, soutenue par des puissances étrangères. Don Alejandro et d’autres rancheros signent un pacte de loyauté envers le gouvernement californien pour s’opposer à ce projet par les armes s’il le faut. L’Aigle arrive en personne pour diriger les opérations sur le terrain : il n’est autre que Juan Sebastian Varga, nouvel administrateur de Los Angeles. Varga sera vaincu par les efforts conjugués de Zorro et de l’armée réunie par Don Alejandro, et tué par un de ses propres hommes.
La seconde saison de Zorro comporte des arches narratives plus courtes et nombreuses. Elle débute par une visite de Diego/Zorro à Monterey, où notre héros doit jongler entre un gouverneur à la main de fer et un paysan rebelle. Il hérite à cette occasion d’un cheval blanc, Fantôme, qui remplace Tornado pendant son séjour. En outre, Diego tombe amoureux d’Anna Maria, et se retrouve en compétition avec son vieil ami Ricardo del Amo. Diego songe à abandonner son identité de Zorro par amour pour sa belle, mais son père, qui a entretemps découvert son secret, le persuade d’y renoncer. De retour à Los Angeles, Diego sera confronté entre autres aux extravagances de son oncle Esteban, un escroc notoire ; à un homme des bois fruste mais pas vraiment méchant ; à un émissaire espagnol qui veut prendre le contrôle du pueblo ; ou encore à des révolutionnaires décidés à assassiner le gouverneur de Californie.
Par la suite, quatre épisodes d’une heure mettront en scène Zorro et son petit monde dans l’émission Walt Disney Presents. Les deux premiers épisodes montrent notre héros aux prises avec un hors-la-loi qui a découvert son identité secrète. Celle-ci est également en jeu dans un autre épisode où Diego retrouve un ancien condisciple, qui connaît le talent du jeune De la Vega pour l’escrime, et fait le rapprochement avec Zorro. Entretemps, notre héros tentera de convaincre une jeune fille de renoncer à un mariage précipité avec un gredin qui ne s’intéresse qu’à sa dot.

Zorro la légende
On ne le présente plus, Don Diego de la Vega alias Zorro, ce héros humaniste de Californie qui défend la veuve et l’orphelin, tourne le Sergent Garcia en ridicule et déjoue les complots des malfaiteurs de la pointe de son épée. Directement inspirées des personnages de la série télévisée de la fin des années 1950, ces aventures de Zorro en bande dessinée ont été produites à la demande des studios Disney pour les lecteurs du journal de Mickey par le maître du noir et blanc, Alex TOTH.