Feuilletons ensemble ACTION COMICS #1. Plus de 80 ans après, qui ne connaît pas Superman ? Il a changé les règles du jeu. Il a creusé une niche dans la culture populaire, qui s’est étendue au point de parvenir, à l’image du grand méchant Lex Luthor, à conquérir l’univers !
Comparée aux autres bandes dessinées contenues dans ACTION #1, l’histoire de SIEGEL et SHUSTER aurait pu tomber d’une autre planète. Mais je vais y revenir. En 1938, les séries originales, qui ne provenaient pas de rééditions de comic strips publiées dans la presse, demeuraient des dérivés et des copies, empruntant le style et les personnages de leurs aînés édités dans les journaux. Ces récits étaient brouillons, et leur caractère mal dégrossi les rendait plus accessibles aux jeunes lecteurs que les bandes statiques et bavardes que leurs parents lisaient dans le quotidien que la famille recevait.
Homer FLEMING, qui écrivait et dessinait la deuxième série d’ACTION #1, un western intitulé « “Chuck” Dawson », avait la quarantaine. Ce monsieur d’un certain âge était un excellent dessinateur, bien meilleur que ses collègues, mais il débutait dans ce nouveau métier. Le problème, c’est qu’il était davantage illustrateur de magazines que de bandes dessinées, et que son style convenait mieux aux pulps. D’ailleurs, son histoire est imprimée en noir & blanc avec des nuances de bleu en guise de couleurs, comme dans les pulps.
FLEMING n’y connaissait rien en matière de dramatisation narrative à l’aide de mots et d’images. Son dessin talentueux s’empêtrait dans une prose trop lourde. Ses cases parfaitement dessinées restaient sans mouvement : des chevaux au galop, des bagarres, des fusillades, aussi rigides que des natures mortes. C’était le meilleur dessinateur du numéro, mais il n’y avait pas d’action dans son « ACTION ».
Notre série suivante, « Zatara Maître Magicien », est… comment le dire avec délicatesse ?… Un exemple de plagiat éhonté.
Le scénariste Lee FALK avait créé Mandrake le Magicien, un strip populaire dans la presse écrite depuis des années, et dont le héros aux cheveux gominés, à la fine moustache, au costume queue de pie et au chapeau haut-de-forme était devenu rapidement une figure de la pop culture internationale. Le grand réalisateur italien Federico FELLINI aimait à le faire apparaître au détour d’un plan dans ses films. Le Zatara de GUARDINEER est un double de Mandrake, son jumeau identique. Il lui emprunte tout, jusqu’à son assistant. Mandrake est accompagné d’un Africain géant à demi-nu. Zatara est flanqué d’un Indien géant à demi-nu.
GUARDINEER avait un dessin schématique. Il traçait des silhouettes épaisses. Parfois, ça fonctionnait. Ses pages étaient fluides et faciles à suivre, une case conduisant aisément à la suivante. Ce qui lui manquait en tant que dessinateur, il le compensait par une narration cinématographique. Étrangement, après quatre-vingts ans, « Zatara » est la seule série, avec « Superman », dont on se souvienne encore.
Viennent ensuite des pages et des pages de remplissage, semblables à ce que les éditeurs de l’époque semblaient obligés d’imposer à côté de vraies bonnes bandes dessinées, sans doute pour des raisons légales qui m’échappent.
Quel gâchis de pages : le premier chapitre d’un roman d’aventure inspiré par les pulps, une histoire « gros nez » et pas drôle qui n’a rien à faire là et une leçon d’histoire à portée « éducative » autour de Marco Polo, prenant la forme des images dans les livres d’illustrations façonnées pour que les plus jeunes lecteurs les évitent. Puis, contre toute attente, voici une autre série créée par Fred GUARDINEER. La deuxième, et dessinée dans un style plus délié.
« “Pep” Morgan ». Un boxeur. Le dessin est inspiré des images de boxe dans les films hollywoodiens, mais aussi des illustrateurs du Saturday Evening Post ou des tenants de « l’Ashcan School », la fameuse « école poubelle » relevant du réalisme américain et représentée par des peintres tels que George BELLOWS. Et l’histoire est vaguement raciste. Mais le racisme était une constante dans les divertissements de masse des années 1930.
Deux autres séries referment le sommaire de l’édition anniversaire de Superman : Superman 80 ANS. Une bande en noir & blanc par Will ELY, « Scoop Scanlon, Five Star Reporter », conçue afin de ressembler (en copiant) au Terry and the Pirates de Milton CANIFF. Et « Tex Thompson », entièrement recopié sur l’illustrateur Henry E. VALLELY, dont le travail est visible sur les Big Little Books, et intéressant au seul titre que son auteur, Bernard BAILY, créera quelques années plus tard un personnage bien plus mémorable, le Spectre.
Mais pas aussi mémorable que Superman.
Toutes les autres séries d’ACTION #1 correspondent à ce que les lecteurs s’attendent à trouver dans les productions de l’éditeur.
Mais la vedette de Jerry SIEGEL et Joe SHUSTER est différente, elle saute aux yeux. Les autres récits du sommaire sont influencés par des bandes dessinées, des films ou des feuilletons radiophoniques qui les ont précédés. Mais « Superman » n’a que de vagues et lointains antécédents dans la culture populaire.
En réalité, il correspond à un fantasme caché entretenu par deux collégiens juifs de Cleveland, qui ont fait de leurs problèmes une légende, une mythologie. Et à cause de cette décennie, les années 1930, à cause de la montée en puissance de Hitler en Allemagne, à cause de l’antisémitisme galopant dans le Midwest, leur rêve de grandeur prend des allures de construction social-démocrate.
Superman fait ses premiers pas en arrêtant des voleurs et des malfrats, mais il s’impose bien vite comme un représentant du « New Deal » de ROOSEVELT.
Et le caractère direct du dessin de SHUSTER, avec son immédiateté qui donne l’impression que tout jaillit de la page, le distingue des illustrateurs plus minutieux et compétents qui suivront. Ses influences, allant du Wash Tubbs and Captain Easy de Roy CRANE au Flash Gordon d’Alex RAYMOND, se fondent avec aisance dans son approche débridée et impressionniste. Un simple regard à « Superman », à la riche narration pleine de personnalité de SIEGEL que le trait dynamique de SHUSTER électrise aussitôt, et nous, les fans, savions que les règles avaient changé.
Mais changé à quel point ? Plus de 80 ans après, qui peut compter les émissions radiophoniques, les films, les séries télévisées ou les jeux ? Qui peut encore compter les imitations et les émules ? Ou les crapules qui ont tenté de vous arnaquer ? Jerry et Joe, vous avez construit votre mythologie !
Vos mères doivent être fières.
JULES FEIFFER est un historien de la bande dessinée (The Great Comic Book Heroes), et déploie son talent dans des domaines si nombreux qu’il est difficile de les mentionner. Il a été récompensé par un Oscar, un Pulitzer, un Obie et un Eisner. Son nouveau roman graphique, The Ghost Script, est paru en juin 2018.
Découvrir Superman en comics
Superman Rebirth
À la mort du Superman de la Renaissance, l’esprit de vérité et de justice qu’il représentait a semblé disparaître avec lui. Mais un Homme d’Acier bien plus aguerri restait à l’affût, opérant dans l’ombre. Et il est grand temps pour ce protecteur d’une Metropolis parallèle de reprendre le flambeau, car l’Eradicator est en route pour la Terre, et aucune forme de vie ne semble pouvoir lui résister…
Superman Père de famille : une série rafraîchissante, bien menée, aux illustrations dynamiques.
Vivant en marge de la société des super-héros, Clark et Lois élèvent anonymement leur fils Jonathan dans le confort du paisible comté d’Hamilton. En même temps que la découverte des pouvoirs naissants de l’enfant, le couple fait l’apprentissage des règles fondamentales de la parentalité dans un environnement épargné par les menaces en tout genre… en apparence. Une série accessible pour les novices.
Super Sons
Si Jon Kent est le fils du plus grand super-héros, Damian Wayne est celui du plus dangereux… Et malgré l’amitié que se portent les deux membres de la Ligue de Justice Superman et Batman, leur progéniture, elle, a plus de mal à s’entendre. La menace de Kid Amazo va cependant lier à jamais les deux jeunes héros, Superboy et Robin, dans un tandem destiné à reprendre les rênes de leurs parents dans la lutte contre le crime !
Une série inédite issue de l’Univers DC Rebirth ! Au commande Peter Tomasi et Jorge Jimenez avec un trait ultra-dynamique et percutant !
Superman Red Son
Ukraine, 1938. Une fusée s’écrase en pleine campagne : à son bord, un bébé qui va être rapidement adopté par un couple de fermiers. Des années plus tard, l’enfant a grandi au sein du régime stalinien. Il devient alors le héros des travailleurs et la fierté de l’État soviétique. Son nom ? Superman ! Mais lorsque Joseph Staline meurt, c’est à cet homme de fer qu’il incombe de diriger et de faire fructifier un empire à l’abandon…
Et si Superman avait atterrit en Russie ?! C’est un récit culte pour le personnage de Superman. Il s’agit d’une uchronie sur l’époque de l’URSS qui imagine un Superman soviétique. Un récit complet idéal pour débuter Superman et le comics !
Superman Terre Un-tome 1
Extraterrestre envoyé enfant sur la Terre, Clark Kent découvre ses pouvoirs et tente de se fondre dans la masse des habitants de Metropolis. Mais son destin est tout autre : comment concilier son statut de sauver de l’humanité et son désir de vivre comme un humain normal ?
Un récit qui replace le héros dans un environnement ultra-réaliste. Une série courte efficace pour en savoir plus sur le futur Homme d’Acier.
Superman Identité Secrète
La vie rêvée d’un super-héros ? Kurt BUSIEK et Stuart IMMONEN abordent le mythe de Superman – sa formation, sa vie, sa mort – à travers ce qui reste encore aujourd’hui le traitement le plus réaliste possible sur le personnage. Un récit complet qui a marqué une génération d’auteurs et de lecteurs.
Depuis l’enfance, Clark Kent vit dans l’ombre pesante du super-héros de papier Superman. Sa famille, ses amis, ses camarades de classe ne manquent pas une occasion de lui rappeler sa ressemblance avec l’icône. Alors qu’il rêve de devenir un jour romancier, le jeune Clark découvre au cours d’une excursion des pouvoirs qu’il ne se connaissait pas.
Une vision intime, fragile et la plus réaliste du personnage. Le lecteur suivra la vie de ce jeune garçon qui découvre ses pouvoirs, tout en apprenant à vivre: avec peur, avec amour, avec des questions que l’on se pose tous. Un récit qui dévoile toute la sensibilité et un pan psychologique peu exploré.
Superman American Alien
Il y a des années, Clark Kent, dernier survivant de la planète Krypton, a été recueilli et élevé par les Kent, un couple de fermiers du Kansas. Dès lors, sa jeunesse et son adolescence ont été marquéespar la découverte et l’apprentissage de ses pouvoirs et des responsabilités qui en découlent. Mais, à son arrivée à Metropolis, ses rencontres avec le justicier masqué Batman et avec la journalisteLois Lane vont l’inciter à utiliser ses dons à une plus grande échelle.
Superman American Alien est une approche moderne du personnage. Le scénario bien mené, les illustrations dynamique. Le petit plus ? Le récit est écrit par Max LANDIS, le scénariste du film CHRONICLE et le fils du réalisateur culte des BLUES BROTHERS !
Superman Les origines
Clark Kent est un apprenti reporter bourlinguant à travers le monde. En visite dans un pays africain, il se lie d’amitié avec des résistants et y apprend une douloureuse leçon quant aux valeurs de vérité et de justice. Revenu aux États Unis, il décide d’embrasser son héritage extraterrestre et de défendre les plus faibles sous le costume de Superman. Son opposition à l’homme d’affaires Lex Luthor va lui révéler les secrets de ses origines mais également mettre en jeu la confiance des habitants de Metropolis.
Un Superman plus jeune et accessible qui revisite les origines du personnage !
La mort de Superman
Doomsday, une créature maléfique dévaste les États-Unis de long en large. Même la Ligue de Justice succombe face à une telle sauvagerie. Seul Superman reste debout face au monstre. Debout… pour son dernier combat.
Un événement éditorial, une saga légendaire complète en deux volumes, que l’on conseille davantage pour les initiés ayant déjà lu quelques récits du héros. Que se passerait-il si Superman mourrait ? Peut-on le remplacer ? Si oui, qui ?
Superman / Batman : l’étoffe des héros
Quand le Joker et Lex Luthor décident d’échanger le terrain de leurs méfaits, Metropolis et Gotham City subissent des vagues de crime sans précédents. Superman et Batman vont s’allier pour la première fois et mettre de côté leurs différends pourtant profonds.
Un récit un peu moins connu que All-Star Superman ou Les derniers Jours de Superman qui s’inscrivent parmi les grandes sagas du personnage, mais qui a le mérite d’être original et hyper accessible. Imaginez un Lex Luthor à Gotham et un Joker à Metropolis. Superman et Batman ne vont pas avoir d’autres choix que de collaborer. Le récit se lit facilement. Un bon point d’entrée pour découvrir le personnage.
Superman écrase le klan
Nous sommes en 1946 et la famille Lee vient tout juste de quitter le quartier chinois pour le centre-ville ultra-animé de Metropolis. Le père de famille prend avec enthousiasme ses nouvelles fonctions au centre médical tandis que ses deux enfants, Tommy et Roberta, trépignent à l’idée de se rapprocher de leur héros favori : Superman ! Mais l’euphorie est de courte durée. Très vite, la crainte s’installe car la petite famille sent qu’elle n’est pas la bienvenue. Un groupe d’individus profondément malveillants appelé le Ku Klux Klan use des pires méthodes pour les pousser à quitter la ville, allant jusqu’à kidnapper le jeune garçon. Un acte inacceptable que compte bien réparer un jeune Homme d’Acier qui fait tout juste connaissances avec ses super-pouvoirs !
Petite pépite. Un récit inspiré du feuilleton radiophonique Superman diffusé dans les années 1940. Histoire à destination des petits comme des grands. L’ouvrage soulève la thématique du racisme, le tout ponctué par un style graphique moderne, efficace et dynamique proche des animes. Ouvrage super, à prix mini. Foncez les yeux fermés!