Comme vous l’aurez sans doute remarqué en consultant les crédits, CATWOMAN – LONELY CITY a été scénarisé, dessiné, colorisé et lettré [en version originale] par Cliff CHIANG, véritable démonstration de sa maîtrise de chaque étape du processus de création.
Comme je le lui ai répété maintes fois pendant les années que lui ont demandé la création de cet album, il aurait même pu se passer de mon apport éditorial, puisqu’il a commencé sa carrière dans ce registre pour la collection Vertigo de DC, sous l’œil avisé de quelques-unes des sommités du métier.
Puisque Cliff collaborait essentiellement avec lui-même à toutes les étapes du processus, on pourrait s’attendre à ce qu’il n’ait pas eu besoin d’une méthode de travail très structurée pour avancer, mais c’est tout le contraire. En effet, lorsqu’ils sont eux-mêmes auteurs de leurs intrigues, les dessinateurs se contentent souvent d’un synopsis plus ou moins succinct à partir duquel ils développent les scènes directement sous forme d’esquisses. Cliff, lui, a choisi d’écrire d’abord toute l’histoire sous la forme d’un scénario traditionnel avant de dessiner quoi que ce soit. Dans la bande dessinée américaine, les dialogues sont souvent écrits après l’étape des crayonnés, ou modifiés en fonction de la place réservée aux bulles.
À l’inverse, Cliff a établi beaucoup plus tôt la version définitive de ses dialogues, après une relecture du scénario. Il a ensuite lettré numériquement ce qui allait devenir le contenu des bulles, pour avoir une idée de leur forme, puis s’est attelé à dessiner à la main chacune d’elles, afin d’avoir un contrôle graphique parfait de chaque page.
Ainsi, la première étape du dessin consistait en une série de planches à l’état d’esquisses, mais déjà pourvues d’un lettrage lisible. Là encore, Cliff a réalisé cette étape d’un bloc, avant de commencer le dessin final.
Les quatre chapitres étaient disponibles sous une forme sommaire, mais tout à fait lisibles. J’avoue que je n’ai pas hésité à faire circuler cette proto-version de CATWOMAN – LONELY CITY auprès de
mes collègues de DC, pour attirer l’attention sur cet excellent projet.
Une fois ce modèle établi, il n’y eut pour ainsi dire pas de changements considérables apportés au dessin ou aux dialogues. Cliff s’affaira tout simplement à réaliser chaque planche définitive, avec des crayonnés plus poussés, l’encrage et les couleurs (une fois encore, il n’a pas sauté d’étape comme le font parfois les scénaristes-dessinateurs, en passant directement de l’esquisse sommaire à l’encrage, par exemple). Cliff travaillait scène par scène.
Il complétait les crayonnés d’une séquence de huit à douze pages, puis l’encrait, la colorisait, et enfin passait à la scène suivante. Par conséquent, chaque unité dramatique apparaissait successivement sous une forme complète et individuelle.
Le soin et l’attention que Cliff a apportés à chaque geste, pose, costume, case, trait et planche sont ostensibles dans cette série.
Concernant son exécution, j’estime que c’est l’un des comics les plus aboutis parmi ceux auxquels j’ai collaboré. Le fait qu’il s’agisse aussi d’un des récits les plus émouvants est la cerise sur le gâteau, un privilège que je crains de ne jamais pouvoir rendre à Cliff. Si sa lecture vous procure ne serait-ce que la moitié de la joie que j’ai eue à voir ce projet prendre vie, alors je saurai que notre public en aura largement eu pour son argent.
— Chris CONROY
Burbank, Californie, Septembre 2022
Catwoman Lonely City
Il y a dix ans, le massacre connu sous le nom de Nuit du Fou coûta la vie à Batman, à Nightwing, au commissaire Gordon ainsi qu’au Joker… et a envoyé Catwoman derrière les barreaux. Une décennie plus tard, Gotham a changé et remisé l’héroïsme et autres phénomènes de foire au rayon des souvenirs encombrants. La nouvelle Gotham est plus propre, plus sûre… et désormais placée sous l’oeil vigilant du maire Harvey Dent et de ses Batcops. C’est dans cette nouvelle ville que Selina Kyle revient, marquée, avec en tête un dernier gros coup : les secrets enfouis de la Batcave et une ultime promesse faite à Bruce Wayne !