Il ne possède pas de pouvoirs surhumains, ne dispose pas de dons télépathiques ou d’intelligence accrue et n’a pas de fortune ni d’organisation tentaculaire, mais le Joker est sans nul doute le vilain le plus terrifiant de l’Univers DC.

Depuis sa création en 1940 dans les pages de Batman #1, sous les bons auspices de Bob KANE, Bill FINGER et Jerry ROBINSON, le Clown Prince du Crime a avant tout livré bataille contre son ennemi juré, Batman. Mais il s’est également acoquiné avec d’autres super-vilains pour affronter le reste de la Ligue de Justice. Pourtant, il demeure une énigme pour ses alliés comme pour ses adversaires. Nul ne sait, voire ne comprend, ce qu’il recherche vraiment, ce qui en fait un danger pour tout ceux qui croisent sa route.

L’album JOKER LES DERNIERS JOURS D’UN CLOWN présente un récit inédit jouant de la particularité du Joker d’être, à l’instar de la carte dont il prend le nom, à la fois dans le grand jeu du Bien et du Mal, et en dehors. Cette mini-série est publiée hebdomadairement entre octobre et novembre 2001 (avec des couvertures datées de décembre 2001 et janvier 2002), lors d’une année riche en événements pour DC Comics. En effet, Joker: Last Laugh suit de peu le crossover Our Worlds at War qui touche les séries consacrées à Superman ainsi que d’autres titres dont Wonder Woman et Young Justice (voir SUPERMAN NEW METROPOLIS tome 3, coll. DC Classiques).

Mais au départ, l’intrigue n’est pensée que pour occuper les titres Batman et affiliés. Les auteurs, Chuck DIXON et Scott BEATTY ont travaillé de longue date sur le Chevalier Noir et ses acolytes. DIXON est d’ailleurs à l’époque responsable de Robin, Nightwing et Birds of Prey après avoir longtemps présidé aux destinées de Detective Comics, mensuel légendaire où sont apparus pour la première fois Bruce Wayne et Dick Grayson. C’est donc un scénariste qui connaît au mieux les relations personnelles entre les différents héros de la Bat-Famille et qui les placera au cœur de son intrigue.

L’idée de base est simple : le Joker apprend qu’il a une tumeur au cerveau inopérable et se lance dans une opération-suicide contre les héros DC. DIXON avait déjà joué avec la mort probable du criminel dément dans Joker: Devil’s Advocate, qu’il a réalisé avec Graham NOLAN (et disponible dans JOKER : FINI DE RIRE, coll. DC Deluxe). Le récit de ce one-shot tourne autour de la condamnation à mort du Joker après un homicide… qu’il n’a pas commis !

C’est après avoir proposé à Denny O’NEIL et Mike CARLIN leur concept d’assaut mondial commandité par le Joker que les responsables de DC demandent aux auteurs d’envisager d’en faire un crossover parcourant toutes leurs séries. DIXON et BEATTY soumettent donc une bible pour le projet aux autres équipes artistiques et éditoriales : l’idée étant que chaque héros de la firme rencontre un vilain « jokerisé ». Histoire de rajouter du piment, les scénaristes proposent également que le vilain soit un adversaire que les héros en question n’ont pas l’habitude d’affronter.

Chose étonnante, le premier épisode est disponible non en début de mini-série mais dans un Secret Files & Origins, ces numéros spéciaux qui contiennent à la fois des épisodes plus ou moins longs relatifs à différents aspects de l’histoire ainsi que des fiches de personnage. Pete WOODS est alors au dessin et réalise de nombreuses recherches et esquisses concernant le Bloc et ses employés. Cette super-prison est censée enfermer les criminels les plus dangereux de l’Univers DC et le Joker y est à l’époque un nouveau venu, suite aux terribles événements de Batman No Man’s Land. Rappelons qu’il y’a a battu la femme du commissaire Gordon, Sarah Essen. Après ce drame, Gordon demeure un temps à la tête des forces de police de Gotham, mais les quitte quand il se fait tirer dessus par un petit truand. Il est dès lors remplacé par le commissaire Akins (voir BATMAN NEW GOTHAM, coll. DC Classiques).

La mise en place d’un crossover d’envergure n’est jamais simple et Joker: Last Laugh ne faillit pas à la règle. Certains super-vilains secondaires sont modifiés à la demande de divers auteurs ou éditeurs: Shrapnel, un ennemi de la Doom Patrol, est à l’époque indisponible, DIXON et BEATTY inventent donc Frag, une autre « bombe à fragmentation humaine ». Un temps, on songe à ce que la conclusion montre un Superman enragé après avoir commis le meurtre d’Extensiman, enroulé autour du Golden Gate Bridge, mais l’idée est refusée. De même, les auteurs songent à véritablement éliminer le Joker et à le remplacer par un personnage créé pour l’occasion et qui servirait de sous-fifre dans le récit : Rancor. Dans ce cas aussi, les impératifs éditoriaux aboutissent à un refus de cette conclusion étonnante.

D’autres événements plus tragiques car plus réels vont avoir également un impact sur des détails du script. Le 11 septembre 2001, l’attaque terroriste contre les tours du World Trade Center frappe de plein fouet l’inconscient américain. Dans le script initial d’un des chapitres de Joker: Last Laugh, le Docteur Polaris devait abattre deux avions de ligne. Après le drame, Chuck DIXON appelle l’éditeur Matt IDELSON afin de remplacer la scène par un volcan en éruption.

De même, DIXON et BEATTY avaient envisagé plusieurs séries au sortir de Joker: Last Laugh. L’une d’entre elles aurait eu pour vedettes Shilo Norman et Dina Bell, les « Méta-Marshals ». Tim Drake aurait pu, lui, prendre la relève de Ted Kord sous le costume de Blue Beetle. Et un titre consacré au Bloc, une sorte de « Oz pour les supervilains » se trouvait aussi parmi leurs projets. Toutefois, aucun n’a abouti, mais de cette mini-série est née les débuts de la collaboration entre DIXON, BEATTY et l’excellent dessinateur Marcos MARTIN qui allait se poursuivre avec l’un des plus beaux récits d’origines consacrés à la Bat-Famille: BATGIRL : ANNÉE UN (coll. DC Deluxe). Bien que le récit qui suit ait été pénible pour Barbara Gordon, il aura eu le mérite de lui apporter un trio de créateurs impliqués et consciencieux.

— YANN GRAF

 

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Joker les derniers jours d’un clown
Dans le Slab, la prison de sécurité maximale pour les criminels surpuissants, le Joker apprend qu’il est mourant. Il concocte alors un plan pour perpétuer son héritage, en partageant le venin qui l’a transformé en un sociopathe au visage pâle avec d’innombrables autres super-vilains. Pendant ce temps, Oracle, la première ligne de défense, est indisponible. Seule Black Canary répond présente pour essayer d’arrêter une émeute de malfaiteurs sanguinaires.

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