Si vous, vous avez détesté le lycée, il doit forcément y avoir des gens qui ont adoré ça, non ? Quelqu’un devait forcément s’éclater dans ce lieu où vous étiez forcés d’aller, que vous ne pouviez pas quitter, et où aucune figure d’autorité ne vous prenait au sérieux. Avec en plus un ordre social rigide bien établi où l’élite pouvait écraser tous ceux qui étaient en dessous. Ça ressemble à quoi ? À la vie ? Non… Dans la vraie vie, on peut partir. On peut appeler la police… ou un avocat.

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Personne ne vient dans votre box au bureau pour vous écraser la tête contre votre écran d’ordinateur. Alors, ça ressemble à quoi ? À la prison, non ? Peut-être… et ils organisent des réunions pour que les anciens élèves puissent se rassembler et se remémorer ces soi-disant meilleurs moments de leur vie ! Au moins, on ne s’y ennuyait pas. Enfin, j’imagine… Pour être honnête, j’ai rencontré ma femme au lycée. Et contrairement à elle, j’étais vraiment tout en bas de l’échelle sociale. C’était un suicide social, pour elle, d’être avec moi. Par chance, j’étais sur le point d’être diplômé et ma femme, bien que deux ans plus jeune que moi, est un génie et a réussi à s’échapper de cet asile de fou bétonné et à intégrer la fac plus tôt. Je vous la fait courte : aucun de nous ne se précipite aux réunions d’anciens élèves. Pour créer DEADLY CLASS, Rick REMENDER est allé creuser dans son musée personnel des horreurs qui, si on en croit ses déclarations, est particulièrement édifiant. deadlyclass1 Un lycée pour assassins qui a tout d’une école traditionnelle, si on oublie quelques tueries ici et là. En fait, si on considère le meurtre comme une expression physique d’un état d’esprit mental et sentimental, c’est exactement le lycée, ni plus ni moins. Autobiographie déguisée en thriller (ou l’inverse), l’intrigue se situe dans les années 1980. Elle est imprégnée de la musique et de la culture de cette décennie. Pour moi, qui ai également grandi à cette époque, c’est une autre couche de réalité qui me ramène à mes propres cauchemars. C’est aussi un rappel d’à quel point on peut se sentir seul et désespéré quand on est ado. Le fait que des jeunes à qui on apprend à tuer accordent autant d’importance à aimer ou haïr tel groupe ou tel réalisateur nous démontre que nous cherchons tous à nous lier les uns aux autres, même si ça passe par des insultes, des humiliations sociales, des comportements idiots… ou tout simplement en éclatant la tête de quelque avec un tuyau en fonte. deadlyclass3 Ici, notre héros, c’est Marcus, un paria parmi les parias. Je ne connais pas assez bien M. REMENDER pour vous dire s’il est l’alter ego de l’auteur, mais je peux vous assurer que c’est l’incarnation parfaite du tout bas de l’échelle. Marcus n’a pas de parents, alors que ceux-ci jouent un rôle déterminant dans la place occupée dans l’échelle sociale du lycée. Il est également doté d’une incapacité certaine à se plier aux règles sociales de bienséance en vigueur à l’école, même au sein de sa propre clique de marginaux. deadlyclass5 Il veut des amis, il en a besoin, mais écoute plus la petite voix qu’il y a dans sa tête que celles de ses copains. Peut-être parce que l’un des éléments clés de la série est cette possibilité que Marcus soit un psychopathe. Mais, ayant moi-même passé beaucoup de temps dans ma tête, je peux vous dire que ce n’est probablement qu’une autre couche d’auto-sabordage. En parfait moins que rien, Marcus bénéficie de deux choses : d’un instinct de survie et d’un rêve. Pour Marcus, ce grand rêve, c’est se venger. Pas une revanche banale, par contre. Marcus veut carrément tuer Ronald REAGAN, le président à tête de marionnette des années 80, et dont le plus grand accomplissement restera son rôle dans le flm Crimes sans châtiment, en 1942. À la Maison-Blanche, il est devenu pour beaucoup le symbole de tout ce qui est allé de travers. Aussi incroyables que ses déclarations expliquant que le ketchup est un légume acceptable pour les cantines des écoles, ses décisions délirantes qui ont obligé des asiles psychiatriques à relâcher des malades dans les rues ont engendré des tragédies. Notamment celle de Marcus. REMENDER a rassemblé une équipe impressionnante pour son petit retour aux années lycée. Tous les personnages dessinés par Wes CRAIG sont différents, jeunes et pleins de fougue. Et question action, c’est d’une fluidité incroyable. Il dessine aussi un sacré trip sous acide. Même s’il a son style à lui, on retrouve l’influence bien digérée de grands artistes des années 1980 comme Frank MILLER et Steve RUDE. J’ai travaillé avec le coloriste Lee LOUGHRIDGE sur de nombreux projets, et c’est l’un des meilleurs. Son travail sur DEADLY CLASS est bluffant. Il pose une ambiance comme la musique le fait pour un flm. Et encore une fois, il y a cette époque. Il pensait peut-être qu’on n’allait pas remarquer le choix de ces aplats de couleur à l’ancienne (j’adore), à la manière d’un Glynis OLIVER ou d’un Klaus JANSON. Là, l’intelligence réside dans l’harmonie des couleurs justes pour créer une atmosphère et appuyer les effets dramatiques. Pour un résultat parfait. Je pense qu’il est clair que cette bande de parias a un plan. C’est un plan diabolique, oui, mais il est sacrément bon.

– David Lapham Carefree, Arizona juin 2014. David Lapham a débuté sa carrière dans les années 1990, collabora, entre autres, avec Jim Shooter, et auto-édita sa première série Stray Bullets et Murder Me Dead. Il est également le scénariste de nombreuses séries (The Darkness, Detective Comics, Young Liars, Crossed).

 

 

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Deadly Class – tome 1

1987, San Francisco. Marcus Lopez, fils d’immigrés nicaraguayens et SDF depuis plusieurs années, peine à trouver un sens à sa vie. Alors qu’il pense sérieusement à mettre fin de ses jours, il fait la rencontre de Saya, une mystérieuse jeune fille qui va lui ouvrir les portes de l’Académie Kings Dominion des Arts Létaux. Il découvre alors l’existence d’une école où l’on enseigne aux héritiers de l’élite financière à ériger le meurtre au rang d’art. Marcus a désormais un but dans la vie, il va tuer celui qu’il considère responsable de la mort de ses parents : Ronald Reagan.

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Deadly Class – tome 12

Un retrait total de la réalité se pare de nombreux charmes, surtout en bonne compagnie. Un havre de paix loin de tout bruit, cupidité et haine. Mais un tel endroit tranquille existe-t-il vraiment ? Et si tel est le cas, n’est-il pas voué à bien des convoitises et une destruction très brutale ?

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