Scientifique, séductrice, militante, terroriste… Victime ou prédatrice. Bonne ou mauvaise. Il est difficile de ranger Poison Ivy dans une case tant ses différentes incarnations, au cours de son histoire, ont maintenu une véritable ambivalence autour du personnage.


G. WILLOW WILSON, dans la première série qui lui est consacrée, s’emploie à faire la somme de ces différentes visions pour donner, avec le dessinateur Marcio TAKARA, sa version du personnage, et peut‑être la plus terrifiante à ce jour

Pamela Lillian Isley débute sa carrière criminelle en juin 1966, soit quelques mois à peine après la diffusion du premier épisode de la série TV mettant en vedette Adam WEST et Burt WARD dans les rôles de Batman et Robin. L’épisode tiré de Batman #181, « Prenez garde à Poison Ivy ! », écrit et dessiné par les vétérans Robert KANIGHER et Sheldon MOLDOFF, ne dépareille pas avec le ton semi‑parodique de la série TV. Poison Ivy et son trio de rivales, Libellule, Aranéide et Halisidote, évoquent ainsi les adversaires féminins de la série dans une ambiance psychédélique typique de la deuxième moitié des années 1960.

Pour autant, après une deuxième apparition quelques mois plus tard (dans Batman #183), Poison Ivy se fera de plus en plus discrète au fur et à mesure des années et, malgré son attirance pour le Chevalier Noir, ne croisera pas forcément le fer avec Batman. Pendant l’Âge de Bronze (1970‑1985), elle intègre néanmoins deux groupes de super‑vilains importants : le Gang de l’Injustice et la Société Secrète des Super‑Vilains.

Durant cette période, les pouvoirs et aptitudes de Poison Ivy semblent se limiter à un esprit retors et à une arme, le « stimulateur de plantes », qui fait d’elle la maîtresse de la flore. Il faut attendre le scénariste Gerry CONWAY pour que l’on découvre qu’Ivy est immunisée contre tout poison après que des expériences ont été réalisées sur sa personne.

Le scénariste cimente aussi sa réputation de femme fatale venimeuse, trait qui la suivra longtemps. Avec CRISIS ON INFINITE EARTHS, en 1985, l’Histoire des héros et vilains de l’Univers DC se trouve modifiée et Poison Ivy ne fait pas exception à la règle. Les auteurs, dont Neil GAIMAN dans le numéro de Secret Origins publié à la fin de cet ouvrage, y voient l’occasion de rendre plus cohérent et solide le passé d’Ivy. Son véritable nom sera désormais Pamela Lillian Isley et ses pouvoirs – des phéromones agressives et une immunité totale – sont liés aux travaux de Jason Woodrue alias l’Homme Floronique, qui connaît une nouvelle célébrité depuis ses apparitions dans le Swamp Thing d’Alan MOORE (cf. ALAN MOORE PRÉSENTE SWAMP THING, coll. Vertigo Signatures).

Mais les apparitions d’Ivy sont encore éparses et sa personnalité mal définie. Il faut attendre Batman – La Série Animée développée par Bruce TIMM, Eric RADOMSKI, Paul DINI et Mitch BRIAN pour qu’Ivy trouve enfin une caractérisation adéquate à ses pouvoirs. Le scénariste Paul DINI, épaulé par Michael REAVES et Tom RUEGGER, dans l’épisode « Poison d’Amour » (« Pretty Poison », diffusé le 14 septembre 1992), fait d’elle une écoterroriste misanthrope qui séduit puis assassine les mâles qu’elle juge responsables du saccage de l’environnement.

Petit à petit, la version animée va influencer les auteurs de comics, et la personnalité de Pamela Isley va s’affiner. Poison Ivy fait sienne la cause environnementale et son ancrage en tant que méchante se fait de plus en plus trouble à mesure que l’on augmente ses pouvoirs et son contrôle sur les plantes. On la voit ainsi dans NO MAN’S LAND (coll. DC Classiques) recueillir de jeunes enfants dans un Robinson Park transformé en sanctuaire. Pourtant, ses mauvais penchants remontent parfois à la surface, et elle rejoint, par exemple, la machination ourdie par le Sphinx dans BATMAN – SILENCE de Jeph LOEB et Jim LEE (coll. DC Essentiels).

C’est encore une fois Paul DINI qui redonnera à Poison Ivy une certaine stabilité en faisant d’elle la partenaire de Catwoman et Harley Quinn au sein des SIRÈNES DE GOTHAM (coll. DC Classiques). DINI poursuivait ainsi la relation amicale et amoureuse entre l’ancienne compagne du Joker et Pamela, entamée dans l’épisode « Harley & Ivy » de janvier 1993 et continuée notamment dans une mini‑série dessinée par Bruce TIMM (à lire dans HARLEY & IVY – DE RONCES ET D’AMOUR coll. DC Deluxe).

Depuis 2011, suite aux événements de FLASHPOINT (coll. DC Classiques) le passé de Poison Ivy a de nouveau subi quelques changements. On la voit rejoindre quelque temps les Birds of Prey, et on découvre que son pouvoir est relié à la Sève, dont la Créature du Marais est l’avatar. Dans HEROES IN CRISIS, Poison Ivy a rejoint le Sanctuaire, un asile pour héros traumatisés où ces derniers peuvent s’entraider et panser leurs plaies, qu’elles soient physiques ou psychiques. Elle y était accueillie suite à sa tentative de contrôler le monde (à lire dans BATMAN REBIRTH Tome 6). Le soutien de Harley Quinn avait alors été d’un grand secours pour Ivy. De plus, la relation Harley/Ivy ne cesse de se développer et de s’enrichir dans les différentes séries HARLEY QUINN, les deux personnages entretenant au fur et à mesure une relation ouvertement amoureuse.

Comme l’ancienne psychiatre d’Arkham, Pamela ne cesse de voguer entre le camp des justiciers et celui des criminels. Sa dernière mutation l’illustre parfaitement : pendant les événement de l’État de Terreur (à découvrir dans la série BATMAN INFINITE) le personnage voit son âme divisée en deux par The Gardener, avec l’aide de Harley. Sa partie douce et joyeuse laissant place à celle, agressive et surpuissante, qui se fait alors appeler Queen Ivy et qui menace d’écraser Gotham sous ses racines. L’intervention de Harley et de Catwoman parviendra à réunir à nouveau les deux versions d’Ivy, sauvant ainsi la ville de son courroux. Mais la participation de Harley dans les expérimentations sur son âme a véritablement blessé Ivy qui décide de la quitter pour poursuivre ses propres objectifs, s’éloignant de celle qui a si souvent réussi à calmer sa rage intérieure. Bien qu’étant de nouveau elle‑même, le personnage est donc loin, très loin d’avoir trouvé la paix.

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Découvrez Poison Ivy Infinite tome 1

Pamela Isley a été beaucoup de choses dans sa vie. Une super-vilaine, une scientifique, une activiste, une reine et… une morte. Dans un nouveau corps, et animée d’un objectif radical, Ivy quitte Gotham et celle qui l’y retenait pour entreprendre la plus grande mission de sa vie, un cadeau qui guérira enfin les maux de notre planète : l’extinction de l’humanité.

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