Merwan Chabane, storyboarder (les lascars), auteur de bande dessinée (fausse garde, pour l’empire, l’or et le sang) et dessinateur de l’ex-libris de Sagat, partage avec nous ses souvenirs sur l’univers Street Fighter.
L’évocation du nom « Street Fighter » est pour moi comme un millefeuille. À travers le temps, mon rapport à l’univers de Street s’est sédimenté en couches plus ou moins fossilisées et par d’autres égards bien vivant. Je pourrais évoquer le lien réel qu’entretient Street avec la pratique des arts martiaux, ma découverte du versus fighting compétitif ou des communautés de gamers, mais je préfère ici insister sur la part créative de Street en lien avec mes réalisations artistiques.Pour commencer, Street, c’est la bagarre, et cette chose‑là, primaire et première, est de mauvais goût. Et j’aime les mauvais genres. Ensuite, en guise de lieu commun, Street, c’est de l’image, du mouvement et du son. J’évacue le son qui est comme une infirmité dans mon travail, mais la signature sonore et les punchlines de Street m’apparaissent sans équivalent dans le monde du versus fighting.En ce qui concerne l’image, je me rappelle avec gourmandise nos heures passées à télécharger tout ce que l’ont pouvait trouver comme design sur le web depuis notre connexion 28k aux Arts Décoratifs. Street, Power Stone, Star Gladiator… Des proportions exacerbées voire délirantes, des personnages ancrés dans le sol dégageant puissance et agilité, ces couleurs fraîches et franches ont longtemps travaillé mes designs et me servent encore de boussole quand je perds mon cap.Ma fascination pour le mouvement a atteint son apogée avec Street Fighter II – The Animated Movie (NdE : à ne pas confondre avec Street Fighter The Movie 😉 ). Film d’abord visionné en VHS en japonais sous-titré chinois, une première fois subtilisée puis retrouvée en VF avec une bande originale massacrée pour je ne sais quel obscur problème de droit, puis définitivement récupérée grâce à l’achat d’un lecteur de laser disc capable de lire l’import japonais que je m’étais procuré à grand frais chez Tonkam. Visionnage après visionnage, je me rendais compte de certaines incohérences dans les raccords, incohérences dont résultait une dynamique démultipliée. Une fois, deux fois, dix fois, je visionnais les combats de Ryu contre Fei-Long, de Chun-Li contre Vega (combat meurtrier monté comme une scène d’amour) jusqu’au final Vega contre Ryu et Ken dont j’importais une séquence à l’aide de ma carte d’acquisition Miro 720. Je montais à mon tour un mouvement de chute spectaculaire mais qui me semblait comporter une amortie de trop. Question qui me hante encore : quel est l’animateur qui réalisa la courte séquence Guile contre Vega, séquence au dessin acéré et aux animations radicales ? Mes premières animations ne représentèrent donc exclusivement que des scènes de combat et j’estime qu’à ce jour elles restent encore les plus abouties. La baston trouve son point d’orgue dans l’animation.Dessiner aujourd’hui dans un ouvrage dédié à Street m’oblige autant que cela m’honore. J’essaye modestement d’oeuvrer dans les pas des Bengus, Akiman ou Ikeno. Que vive Street Fighter !
Alors qu’il vient de terrasser le dieu vivant du muay thai Sagat lors du premier tournoi Street Fighter, le jeune combattant Ryu retrouve le dojo de son maître Gouken pour y découvrir le corps inerte de ce dernier. Au mur, tracé dans le sang de la victime, le kanji (« Ciel ») ne laisse aucun doute quant à l’identité du coupable : il s’agit d’Akuma, frère cadet de Gouken et fidèle adepte du Satsui no Hado, l’« Instinct Meurtrier ». Au même moment, le lieutenant de l’Air Force Guile et l’agent d’Interpol Chun-Li remontent la trace d’une mystérieuse organisation criminelle : Shadaloo.
(Contenu : Street Fighter #0-6)