Avec SHAZAM, Geoff JOHNS et son dessinateur fétiche Gary FRANK (GEOFF JOHNS PRÉSENTE SUPERMAN et BATMAN TERRE UN) présentent dans l’univers DC de la Renaissance un personnage surpuissant à même de rejoindre la Ligue de Justice.   

Le héros de cet album a en effet débuté en février 1940 dans les pages de WHIZ COMICS #2, publié par Fawcett Comics, sous le nom de Captain Marvel. Le mot magique « Shazam » qui transforme le jeune Billy Batson en un surhomme invincible est en réalité un acronyme composé des initiales des légendes antiques dont il acquiert les pouvoirs : la sagesse de Salomon, la force d’Hercule, la vigueur d’Atlas, la puissance de Zeus, le courage d’Achille et la vitesse de Mercure. Cette transformation magique va distinguer pendant des années Captain Marvel de Superman : si Clark Kent, comme Billy Batson, travaille pour des journaux (un quotidien pour Superman, une station radio pour Captain Marvel), le trait plus enfantin du studio de dessinateurs dirigé par Charles Clarence BECK et les scénarios surréalistes confiés en priorité à Otto BINDER, vont apporter une teinte particulière aux aventures du Captain Marvel, qui devient durant l’Âge d’Or (1938 à 1955) le personnage le plus populaire des comic books. Captain Marvel deviendra ainsi la vedette d’un serial (feuilleton à épisodes diffusé dans les salles de cinéma) dès 1941. The Adventures of Captain Marvel, réalisé par William WITNEY et John ENGLISH, modifie quelque peu les origines de Captain Marvel : Billy découvrant le sorcier Shazam lors d’une expédition au Siam, et non dans un métro souterrain. Néanmoins, grâce à des effets spéciaux soignés pour l’époque et à la présence de la star de westerns muets Tom TYLER dans le rôle-titre, ce serial devient la première transposition réussie d’un super-héros sur grand écran. Autre preuve du succès du héros, à la même période, les auteurs des comic books de l’éditeur Fawcett vont multiplier les dérivés du personnage.

C’est ainsi que dans WHIZ COMICS #21 de 1941 apparaissent les « Lieutenants Marvel », trois héros qui doivent prononcer le mot Shazam à l’unisson pour disposer des mêmes aptitudes que le Capitaine. Plus important encore, les arrivées successives de Captain Marvel Jr., en réalité Freddy Freeman, un vendeur de journaux handicapé (WHIZ COMICS #25, 1941), puis de Mary Marvel, la soeur jumelle longtemps disparue de Billy (CAPTAIN MARVEL ADVENTURES #18, 1942). Et les auteurs ne s’arrêtent pas en si bon chemin, puisqu’ils y ajoutent des avatars parodiques, tels Oncle Marvel (un arnaqueur au grand coeur), Freckles Marvel (la meilleure amie de Mary) et même Hoppy, le « Marvel Bunny », un lapin, star d’une version « funny animal ». Tous ces détenteurs du pouvoir de Shazam se retrouvent en 1945 dans le magazine MARVEL FAMILY. Le premier numéro oppose Captain Marvel, Captain Marvel Jr. et Mary Marvel à une nouvelle menace : Black Adam, un ancien champion de Shazam devenu corrompu. Si ce double maléfique ne fait qu’une apparition, il aura une importance considérable lors de la refonte du personnage chez DC Comics. En effet, si la version Fawcett du Captain Marvel dure jusqu’en 1954, DC Comics acquiert par la suite les droits du personnage et dès 1973 propose une nouvelle version dans le comic book SHAZAM!. De nombreux auteurs se succèderont sur le personnage, attirés par son aura et sa renommée : citons parmi eux Dennis O’NEIL, E. Nelson BRIDWELL, Roy THOMAS ou Jerry ORDWAY, qui offrira avec THE POWER OF SHAZAM une version astucieuse et ancrée dans la continuité moderne de DC Comics, tout en conservant son charme rétro, et enfin Judd WINICK qui l’animera durant les événements d’INFINITE CRISIS (2006, coll. DC Classiques). Mais c’est au scénariste Geoff JOHNS que l’on doit le travail de réactualisation de cet album.

Ainsi, dès sa reprise de JSA, dans les années 2000, JOHNS intègre Black Adam et Captain Marvel à la nouvelle Société de Justice d’Amérique : il s’intéresse à la personnalité des deux antagonistes, chacun surveillant l’autre. Ainsi, Captain Marvel se lie avec la benjamine du groupe, Courtney Whitmore, dite Stargirl, tandis que Black Adam désire que l’équipe devienne plus agressive et active dans la lutte contre le crime. Cet anti-héros quitte par ailleurs la SDJ pour fonder, avec d’autres dissidents, les « libérateurs » du Kahndak, sa patrie d’origine. Black Adam deviendra également un acteur prééminent de la série 52 (2006-2007, coll. DC Classiques), au cours de laquelle il découvre sa propre « famille » composée d’Isis et d’Osiris.

Avec le renouveau de la continuité DC, Geoff JOHNS est désormais en charge de la série JUSTICE LEAGUE, et désire y incorporer à nouveau Captain Marvel, rebaptisé pour l’occasion Shazam, et doté de nouvelles origines. Déjà, dans FLASHPOINT (coll. DC Classiques), mini-série qui faisait la transition entre les continuités Classiques et Renaissance, le scénariste avait changé son nom en Captain « Thunder », référence à un avatar éphémère du personnage dans les années 1970, mais également à la première idée de pseudonyme que l’editor de Fawcett, Bill PARKER, avait eue dans les années 1940. Autre référence aux idées de Bill PARKER : la première version devait mettre en vedette six enfants prononçant chacun une des lettres de SHAZAM et obtenant une parcelle de pouvoir. Dans FLASHPOINT, on retrouve ainsi Billy partageant son pouvoir avec une famille d’enfants adoptés, la même que celle en vedette dans les pages qui suivent. Mais Geoff JOHNS et Gary FRANK ne s’arrêtent pas en si bon chemin, et proposent des versions réactualisées d’autres personnages secondaires des années 1940 : le docteur Sivana, savant maléfique et ennemi juré de Captain Marvel, Ibac, un sauvage adversaire, et les personnifications des sept péchés capitaux, qui renvoient aux différentes aventures surréalistes de l’Âge d’Or. Enfin, une place de choix est attribuée à Tawny qui dans les comic books d’origine n’était autre qu’un tigre doué de parole !

Publié en épisodes de complément dans les pages du comic book JUSTICE LEAGUE, ce serial est à la fois un hommage empreint d’une légère nostalgie mais il offre surtout une version inédite et contemporaine de la légende de Shazam, aux atours de conte de Noël et de film à grand spectacle. Preuve que la magie qui entoure le personnage est toujours d’actualité.

shazam-edition-n-amp-b

Découvrir Shazam en édition noir & blanc
Billy Batson est un garçon têtu et arrogant, balloté de famille d’accueil en famille d’accueil, jusqu’au jour où il est choisi par le sorcier Shazam, pour devenir le nouveau champion terrestre de la magie !

Mais le retour de Black Adam, ancien détenteur corrompu de ce pouvoir, le forcera à mûrir et assumer enfin ses responsabilités !

Découvrir

Plus d'articles