Darwyn COOKE est ce que j’ai de plus proche d’un grand frère. Et je dis ça dans tous les sens où l’on peut avoir un grand frère. Parfois, je l’admirais, et d’autres fois il me rendait folle. Cette introduction traitera de cette seconde partie. Lorsque j’essayais d’entrer dans le monde merveilleux des comics, c’était la fin des années 1980.

J’ai souvent montré mes dessins à des gens en espérant qu’ils me proposent du travail. Souvent, on me donnait la même réponse : « C’est bien, mais ça fait trop dessin animé. Pourriez-vous faire quelque chose de plus réaliste ? De plus super-héroïque ? Vous savez ? Plus comics ? »

Alors je suis retournée à ma planche à dessin (littéralement) pour tenter d’orienter mon style vers celui de la fin des années 1980, début des années 1990. Cela fonctionna et, bientôt, je passai pro dans le monde merveilleux des comics.

Nous voici au début des années 2000. Jimmy PALMIOTTI (mon mari, mais à l’époque, seulement mon fiancé) et moi nous rendons à une convention à Toronto. Jimmy me dit : « Toi et moi, nous allons dîner avec ce type, Darwyn COOKE, et sa petite amie Marsha. » Je suis toujours ravie lorsqu’on me donne de bonnes adresses où manger, alors j’ai suivi !
Chose embarrassante, je ne connaissais pas son travail (l’un des inconvénients dans le fait de travailler dans les comics, c’est qu’on a moins de temps pour en lire). J’ai donc décidé d’y jeter un œil, et j’ai été stupéfaite. Bon sang, il avait un style génial, tellement dessin animé !

Comment vous expliquer ce que j’ai ressenti ? Pendant des années on m’avait répété que mon style était trop « dessin animé pour les comics », et voilà que débarque Darwyn, un type qui épate tout le monde avec son style animé. Je crois que je me suis à peine mieux comportée que Sam le Pirate lorsqu’il lance un de ses « Oooooooh !!! »
Puis, pour un coup de pied adroitement exécuté dans les parties, Dar gagne genre 850 prix.

Mais plus je regardais ses dessins, plus je comprenais. Il y avait dedans tant de mouvement, tant de puissance, tant de patate… Comme une espèce de mélange un peu dingue entre le mouvement dynamique et puissant de Frank FRAZETTA, le côté dramatique et sombre des courts-métrages de Superman par Max FLEISCHER, et l’énergie surchargée de Jack KIRBY. Pour ne rien gâcher, les scènes intimistes sont aussi géniales que les scènes d’action, rendant le contraste d’autant plus efficace.

Je dois bien l’admettre, au fil des ans, le monde merveilleux des comics a changé, et toutes sortes de styles différents sont devenus la norme. Je ne sais pas trop si Dar est arrivé au bon moment pour que ses dessins fassent sensation, ou s’il a simplement débarqué en mode : « Je me fiche totalement que ça ressemble à du dessin animé, mais c’est comme ça que je fais », avant d’écraser toute résistance – ce qui ne serait pas étonnant venant de lui.
En tout cas, c’est arrivé, ça a merveilleusement bien marché, et nous avons tous eu la chance d’avoir la magie de Darwyn COOKE dans nos vies, même si ça n’a pas été pour très longtemps. Darwyn, quoiqu’il m’ait rendue dingue à force d’être à ce point exceptionnel tout le temps, était super à fréquenter. Nous avions le même goût pour l’architecture et le mobilier des années 1940-50, aimions les mêmes vieux films et appréciions les grosses cylindrées de la fin des années 1960 et du début des années 1970.

Il m’en a appris beaucoup sur tout ça. C’était génial de traîner avec lui. Il me faisait rire. Et je l’admirais grandement.

Vous savez, comme un grand frère.

AMANDA CONNER
janvier 2017
Amanda Conner est scénariste et dessinatrice, connue notamment pour son travail sur HARLEY QUINN, BEFORE WATCHMEN et POWER GIRL.

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