Fables , vous découvrez ? A l’occasion de la sortie des prochains tomes, on vous présente une partie du casting choc de la série Vertigo! (D’autres personnages apparaîtront, mais ça, on vous laissera les découvrir: un peu de surprise!…)
Blanche Neige et Rose Rouge
ORIGINE : BLANCHE-NEIGE ET ROSE-ROUGE – BLANCHE NEIGE ET LES SEPT NAINS FABLES, 1812, ALLEMAGNE
Rose-Rouge est la turbulente soeur de la sage Blanche-Neige, personnage d’un conte imaginé par les frères Grimm. Attention toutefois à ne pas confondre cette fable Blanche-Neige et Rose-Rouge (« Schneewittchen ») avec le conte de fée Blanche Neige (« Schneeweißchen ») des mêmes frères Grimm, qui deviendra Blanche Neige et les 7 Nains, sous les pinceaux et la gouache de Walt Disney en 1937. Le conte dans lequel apparaît Rose-Rouge mentionne deux soeurs qu’une mère bienveillante enjoints à toujours tout partager. Ainsi, Blanche-Neige se mariera à un prince, transformé en ours, chargé de protéger un trésor de nains démoniaques. Rose-Rouge, elle, se mariera au frère de ce prince. Bill Willingham, conscient de la singularité de ces deux histoires, trouvera dans 1001 Nights of Snowfall, préquelle à la série Fables, une manière astucieuse de fi ler les deux contes, liant ces deux versions de Blanche Neige en un seul et même personnage
Le Prince Charmant
ORIGINE : LA BELLE AU BOIS DORMANT FABLE, 1697, FRANCE
Le Prince Charmant est un archétype figurant dans bon nombre de contes de fée. Il est, par définition, le chevalier servant, volant au secours de la demoiselle en détresse et qui, au terme d’une quête jonchée d’épreuves, conquiert le coeur de la belle. On le retrouve dans les contes de La Belle au bois dormant, Cendrillon (1697), ou encore Blanche Neige (1857). L’astuce de Bill Willingham a donc été de faire de ce personnage le même Prince charmant qui sauva Briar Rose (la Belle au bois dormant), Cendrillon et Blanche Neige, et vécut tour à tour avec chacune d’entre elles, « heureux jusqu’à la fin de ses jours ». Le scénariste transforme dès lors cette âme chevaleresque en un vulgaire pique-assiette, doublé d’un insatiable coureur de jupons
Le Roi Cole
LE ROI COLE ORIGINE : OLD KING COLE COMPTINE, 1708-1709, ANGLETERRE
Le Roi Cole, ou “Bon Roi Cole” (également appelé « Coel Hen »), est une fi gure bien connue de la littérature et des légendes anglaises depuis le Moyen-Âge. S’il est connu comme le personnage principal d’une comptine, Cole trouve néanmoins une certaine résonnance historique : des sources galloises le placeraient en effet à la tête d’une longue lignée de rois légendaires, comptant parmi ses descendants l’impératrice Hélène, elle-même mère de l’empereur romain Constantin 1er. En 1897, L. Frank Baum, dans son anthologie de contes Mother Goose in Prose, développe ses origines, le décrivant comme un roturier choisi au hasard pour succéder au roi de Whatland, mort sans héritier. Concernant son interprétation dans la série Fables, si l’on découvre le Roi Cole grand amateur de pipes et de violons (en référence au texte original de la comptine, voir les 3e et 4e pages du chapitre 3), on peut également penser que les « pipes » évoquées font référence aux cornemuses. On le redécouvrirait fervent adepte de musique, un domaine qui semble lui adresser quelques clins d’oeil, à commencer par le nom du chanteur Nate King Cole, ou encore dans des morceaux tels The Musical Box de Genesis ou Great King Rat de Queen
Jack
ORIGINE : LITTLE JACK HORNER COMPTINE 1725, ANGLETERRE
Personnage populaire des contes, Jack est présent dès 1725 dans la comptine Little Jack Horner (reprise dans le Don Juan de Lord Byron). Jack est également associé aux mésaventures de « Jack à la lanterne », le Jack-o’-lantern d’Halloween (1750) et, bien entendu, au conte Jack, le tueur de géants (XVIIIe siècle), mettant en scène un jeune homme qui, par sa ruse, vaincra successivement plusieurs géants menaçant le royaume arthurien des Cornouailles. Cette dernière fable recèle de nombreux points communs avec Le Vaillant Petit Tailleur des frères Grimm (1640), se référant lui-même au mythe grec de Cadmus d’Hérodote (2000 avant J.-C.). Il ne faut pas non plus oublier Jack et le Haricot magique de Benjamin Tabart (1807), référence majeure de Bill Willingham dans l’univers de Fables
Boucle d’Or et les trois ours
ORIGINE : BOUCLE D’OR ET LES TROIS OURS FABLE, 1837, ANGLETERRE
Bill Willingham nous offre une version bien différente du conte popularisé par Robert Southey. On découvre avec les relations quasi-incestueuses que Boucle d’or entretient avec Petit Ours et la manière dont elle a réduit sa famille d’adoption à une quasi-soumission. Cette description « terroriste » de Boucle d’or rejoint l’analyse de Bruno Bettelheim (Psychanalyse des contes de fées) sur le personnage qui n’est jamais décrit de manière positive, mis-à-part lorsque l’on évoque la couleur de ses cheveux. La petite chapardeuse a fait bien du chemin depuis son intrusion dans la maison de la famille Ours, et malgré ce premier échec à la Ferme, elle ne semble pas prête de s’arrêter en si bon chemin. Méfiance donc
Ambrose, alias Gobe Mouche
ORIGINE : LE ROI GRENOUILLE OU HENRI DE FER FABLE, 1812, ALLEMAGNE
Si dans la plupart des versions, la malédiction de ce pauvre prince transformé en grenouille se dissipe dès lors qu’une princesse daigne embrasser la malheureuse créature dans le conte originel des frères Grimm, la malédiction ne se lève qu’après que la princesse trop gâtée ne projette violemment l’amphibien contre le mur, le décapite, lui brûle la peau, ou l’accepte trois nuits de suite dans sa couche, selon les versions. Fable à ne pas confondre toutefois avec La Grenouille Tsarine, dont le récent film de Disney s’est inspiré. Prince devenu homme à tout faire, attaché au service de Blanche Neige, Ambrose semble avoir trouvé sa place au sein de la communauté. Il fait partie, avec Boy Blue et Loyal John, de ces héros discrets, garants de la sécurité des Fables en exil
Boy Blue
ORIGINE : LITTLE BOY BLUE COMPTINE, 1744, ANGLETERRE
Le personnage de Boy Blue est issu de la comptine populaire Little Boy Blue, retranscrite pour la première fois au XVIIIe siècle, mais dont on trouverait une première référence dans Le Roi Lear de William Shakespeare (1623) en la personne du Cardinal Wolsey. Frank L. Baum y fait également allusion dans Mother Goose in Prose. Plus proche de nous, Little Boy Blue est la comptine que Donald Duck tente de réciter à Mickey Mouse dans le cartoon Orphan’s Benefi t (1934). Elle sera également adaptée des années plus tard au petit écran par les studios de Jim Henson (The Muppet Show). Côté comics, une version modernisée du Boy Blue existait dès le Golden Age et à nouveau apparaît dans les nouveaux Seven Soldiers de Grant Morrison
Barbe-Bleue
ORIGINE : LA BARBE BLEUE MYTHE, 1697, FRANCE
L’histoire de Barbe Bleue, contrairement à la plupart des contes auxquels la série Fables fait référence, trouve ses origines dans un mythe, un fait d’origine historique. Cette histoire de Charles Perrault, parue dans Les Contes de ma mère L’Oye, aurait été inspirée par la vie de Gilles de Rais, aristocrate du XVe siècle, compagnon d’armes de Jeanne D’Arc, soupçonné d’une série de meurtres d’enfant et de jeunes gens, et dont la barbe sans être bleue était d’un noir corbeau très profond. Contrairement à La Belle au bois dormant ou au Petit Chaperon Rouge, le thème de cette fable adressée au public féminin de l’époque avait pour but d’inciter la lectrice à honorer son devoir d’obéissance envers son mari. En effet, malgré la description monstrueuse de Barbe Bleue, c’est bien la curiosité de ses épouses, à qui il avait pourtant interdit de pénétrer dans la plus petite pièce du château, qui l’aurait poussé à les assassiner successivement. Aussi, le Barbe Bleue de Willingham dévoilera-t-il son côté obscur, lui qui semble si bien intégré à la communauté des Fables ? Ça, c’est une autre histoire…
Bigby, alias le Grand Méchant Loup
ORIGINE : LES FABLES D’ÉSOPE FABLES, Ve SIÈCLE AVANT J.-C., GRÈCE
Mentionné pour la première fois dans les fables d’Ésope (Le Loup et l’Agneau, Le Lièvre et la Tortue, Le Chien et le Loup), écrivain grec de l’Antiquité qui inspira au XVIIe siècle les Français Jean de La Fontaine et Charles Perrault (Le Petit Chaperon Rouge), puis au XIXe siècle les Allemands Jacob et Wilheim Grimm, le Grand Méchant Loup est un personnage récurrent des contes pour enfants et adapté à travers les âges, jusqu’aux versions modernes de Serguei Prokofiev (Pierre et le Loup, 1936), Walt Disney et Tex Avery. Son aura de prédateur menaçant et cruel, exagérée à l’extrême, permit en réalité d’inciter des générations d’enfants à ne pas s’aventurer dans les bois, à une époque où les loups constituaient un réel danger en Europe. Loin du rôle positif et civilisateur que les Romains lui attribuèrent dès l’antiquité (Romulus et Remus), on retrouve la figure du loup affamédans les contes scandinaves lorsque, durant Ragnarök (la fin du monde nordique), le féroce Sköll (« Répulsion »).