Si vous tenez cet album entre vos mains, il y a de grandes chances que vous ayez déjà savouré les autres séries  écrites par Garth ENNIS que sont PREACHER, HELLBLAZER (tous deux en coll. Vertigo Essentiels) ou bien  encore The Boys.

Son style si singulier qui allie des dialogues décapants à des situations outrancières et à des scènes d’ultra-violence pouvant sombrer dans le gore lui a acquis la fidélité de nombreux lecteurs depuis maintenant plus de trois décennies. Mais, jusqu’à ce jour, le lecteur français n’avait pu profiter d’une de ses séries majeures, chaînon manquant entre la quête existentielle et surnaturelle de Jesse Custer dans PREACHER et l’épopée sanglante et sarcastique au pays des super-héros corrompus de la bande de Billy Butcher, dans The Boys. Cette série, c’est HITMAN.

Réalisée quasi-intégralement avec l’aide de son collaborateur de longue date, John McCREA, HITMAN puise ses origines dans l’un des crossovers les moins réputés de DC Comics, à savoir Bloodlines. Ce dernier s’est déroulé dans les épisodes Annuals des séries de super-héros DC Comics durant l’été 1993. Il contait comment des aliens parasites aux noms aussi étranges que Angon, Gemir, Glonth, Lissik, Pritor, Venev et Slodd attaquaient la Terre pour en faire leur garde-manger. Comme vous allez le découvrir dans le premier épisode, tiré du Demon Annual de 93, certains Terriens agressés par ces monstruosités ne mouraient pas mais, au contraire, développaient des super-pouvoirs.

Bloodlines était bien évidemment une manière peu subtile pour DC d’inventer de nouveaux super-héros à même de devenir des vedettes de l’éditeur dans un contexte assez particulier : celui des années 1990. L’époque où des mercenaires grimaçants et des super-soldats sous stéroïdes avec « Blood », « Death », « Dark » ou encore « Gun » dans le pseudonyme, pullulaient sur la majeure partie des couvertures de comics et qu’ENNIS moque dans ces pages au travers de pastiches comme la « Shadow-Force ».

Car parmi les nouveaux personnages issus de cette période mouvementée, faite de spéculation agressive et de régression infantile, Tommy Monaghan, dit Hitman, sort du lot. De tous les survivants de Bloodlines ayant eu le droit à leur propre titre, le sien a duré le plus longtemps (de 1996 à 2001), et ce, après plusieurs apparitions au sein d’une des précédentes séries écrites par Garth ENNIS, The Demon.

Ce Démon est bien entendu Etrigan, gargouille jaunâtre créée par Jack KIRBY dans les années 1970 et dont l’apparence lui est venue en souvenir d’un épisode du Prince Vaillant d’Hal FOSTER (cf. LE DÉMON, coll. DC Archives). Démon de l’enfer venu de Camelot et lié à jamais au spécialiste en paranormal, Jason Blood, par le magicien Merlin, Etrigan a acquis sa propension à rimer lors du run de Swamp Thing écrit par Alan MOORE (voir ALAN MOORE PRÉSENTE SWAMP THING, Vertigo Essentiels). Et Garth ENNIS et John McCREA viennent à peine de reprendre The Demon lorsqu’ils doivent réaliser l’Annual introduisant Hitman. Aussi, par la suite, Tommy Monaghan apparaîtra dans deux arcs supplémentaires de leur run, devenant presque une sorte de personnage secondaire dans la série. Ces deux récits vous seront présentés en compléments dans les volumes 2 et 3 de cette édition.

Pour l’heure, vous allez assister à la première apparition de Tommy Monaghan, dans The Demon Annual #2, puis aux vingt premiers épisodes de sa série, ainsi qu’à l’avant-goût de cette dernière, paru dans The Batman Chronicles #4. Ce numéro faisait partie de la grande saga de Batman Contagion, parue en 1994, dans laquelle Gotham City était mise en quarantaine suite à une épidémie du virus Ebola. Les lecteurs les plus familiers avec le travail de Garth ENNIS ne manqueront pas de noter des similitudes entre le personnage de Tommy et celui de Jesse Custer dans PREACHER. Un sens de l’amitié et de la loyauté aigu, une manière d’aborder les problèmes de front et sans louvoyer et aussi un sens de l’humour noir et acerbe qui masque mal son émotivité face à certaines relations.

Mais, si Jesse était plus rattaché au modèle de héros interprété par John WAYNE, bourru voire obtus mais honnête et droit, Tommy, de l’aveu même de son auteur dans les pages du Comics Journal en 1998, tire son attitude de Clint EASTWOOD. Il s’agit d’un tueur, plus malin et parfois plus moral que ses collègues, mais un tueur malgré tout. Et ENNIS va jouer avec cette ambiguïté tout du long de la série. Les actes de Tommy, aussi justifiés soient-ils par la prétention, l’autoritarisme et l’avidité dont font preuve ces ennemis, n’en sont pas moins répréhensibles et lui apportent plus souvent qu’à son tour un violent retour de bâton. Une note salée qui se règle oeil pour oeil (aux rayons X) et dent pour dent (en métal indestructible).

L’Univers DC qui, à l’époque, expérimentait à tout-va, se voit passer au karcher corrosif de la plume et du pinceau d’ENNIS et McCREA. Un univers dans lequel Tommy Monaghan tente de faire son trou, une balle à la fois.

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Agressé par un parasite extraterrestre, le tueur à gages de Gotham, Tommy Monaghan obtient deux dons surhumains : une vision à rayons-X et la capacité de lire dans les pensées.

Désormais, entre deux parties de billard au bar Chez Noonan, Tommy remplit des contrats placés sur la tête des métahumains. Au cours, de ces expéditions périlleuses qui mettent en danger la vie de ses proches, celui qui se fait appeler Hitman croise la route d’Etrigan le Démon, de Batman et du Joker, et même d’animaux aquatiques zombies !

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