Bienvenue dans l’ère victorienne — enfin, plutôt dans le Gotham du XIXe siècle ! Ce n’est peut-être pas aussi connu que l’Angleterre de Sherlock Holmes, mais croyez-nous, le Gotham de ce siècle a son lot de mystères et de merveilles à offrir. Et ça tombe bien, Batman : Gotham by Gaslight vient tout juste de (re)sortir !
Si vous foulez les pavés du monde des comics depuis un moment, le terme Elseworlds ne vous est sûrement pas inconnu. Mais si c’est votre toute première escale dans cet univers parallèle, pas d’inquiétude : Gotham by Gaslight est justement la toute première histoire officielle estampillée Elseworlds. Un point de départ idéal pour se lancer !
Pour vous remettre dans le bain : une histoire Elseworlds, c’est une aventure qui se déroule dans un univers alternatif — un monde où les règles et les traditions des histoires officielles de DC n’ont plus vraiment leur mot à dire. En gros, les Elseworlds, c’est du remix : on prend vos personnages préférés, on les sort de leur cadre habituel, et on les réinvente dans des versions totalement inédites, chacune avec sa propre logique et sa propre continuité.
Vous vous êtes déjà demandé ce que ça donnerait si Batman était un vampire, ou si Superman s’était écrasé en Union Soviétique plutôt qu’au fin fond du Kansas ? Eh bien, les Elseworlds, c’est exactement l’endroit où ce genre de scénarios fous prennent vie.
Mais revenons à nos chauves-souris.
Le film Gotham by Gaslight (oui oui il existe !) est en quelque sorte une histoire Elseworlds… au carré. Pourquoi ? Parce qu’il ne s’agit pas d’une adaptation fidèle de la BD sortie en 1989, mais d’une version complètement réinventée, qui reprend le concept de base pour le tordre et l’enrichir autrement.
Bien sûr, certaines bases restent : on retrouve toujours Bruce Wayne/Batman plongé en pleine époque victorienne, et il est toujours question de traquer Jack l’Éventreur. Mais c’est à peu près là que les points communs s’arrêtent — et tant mieux ! Parce qu’avouez-le, ce serait un peu frustrant de résoudre le mystère dès la première minute juste parce que vous avez déjà lu la BD, non ?
Petit bonus sympa : ces écarts par rapport à l’histoire d’origine permettent au film d’embarquer tout un tas de nouveaux clins d’œil et de surprises façon Elseworlds, glissés un peu partout pour titiller les fans de Batman.
Je ne vais évidemment pas tout vous révéler — ça serait gâcher le plaisir — mais je vais quand même vous dévoiler quelques pépites… les meilleures, ou les plus discrètes.
Commençons par les Robins — enfin, plus ou moins les Robins. Dans le film, Jason Todd, Tim Drake et Dick Grayson sont bel et bien là, mais oubliez les capes jaunes et les gadgets high-tech : ici, ce sont trois orphelins des rues, des gamins débrouillards qui survivent ensemble dans les ruelles crasseuses du Gotham victorien. Petit clin d’œil pour les fans hardcore : vous remarquerez que le petit Jason affiche une tignasse rousse en bataille, loin de la fameuse chevelure noire qu’on associe habituellement aux membres de la Bat-Family. C’est une référence discrète aux comics, où — avant l’événement Crisis on Infinite Earths — Jason Todd était à l’origine un rouquin qui teignait ses cheveux en noir pour mieux passer pour Dick Grayson lorsqu’il a repris le costume de Robin. Eh oui, le saviez-vous ?
Ensuite, il y a Sister Leslie — que vous reconnaîtrez sans doute sous son vrai nom : Leslie Thompkins. Dans le Gotham « classique », Leslie est une médecin au grand cœur, proche alliée de Batman, qui dirige une clinique secrète pour soigner les justiciers. Mais dans cette version victorienne, elle troque sa blouse pour un habit de nonne et gère un orphelinat… celui-là même qui a accueilli Bruce après le meurtre de ses parents.
Autre figure d’époque : Hugo Strange. Ici, il officie comme alienist — un vieux terme chic pour désigner un psychiatre chargé d’évaluer la santé mentale des accusés. (Petit clin d’œil du destin : le film est sorti pile au moment où la série The Alienist faisait sensation à la télé, donc si vous étiez déjà fan de l’ambiance sombre et élégante de ce show, vous allez adorer Gotham by Gaslight.) Dans les comics, Hugo Strange est surtout connu pour son obsession maladive à percer le secret de l’identité de Batman, quitte à sombrer dans la folie. Et croyez-moi, même dans ce Gotham d’un autre temps, il garde son flair.
Passons à un visage qu’on ne présente plus : Harvey Dent. Peu importe l’époque ou le look — ici moustache soignée et costume trois-pièces — Dent reste instantanément reconnaissable. Même s’il n’a pas encore cédé à ses penchants les plus sombres dans Gotham by Gaslight, les indices sur sa future métamorphose ne manquent pas. Et c’est Selina Kyle qui perce le masque la première : selon elle, Dent montre déjà des signes d’une personnalité divisée. Une vibe Jekyll et Hyde qui ne laisse aucun doute sur le chemin qu’il empruntera.
Et comment parler d’un Gotham alternatif sans évoquer Pamela Isley ? Ici, elle n’est pas encore la redoutable Poison Ivy que l’on connaît, mais son amour immodéré pour la nature et le vert saute aux yeux, pouvoirs ou pas.
Enfin, il reste un dernier Easter Egg majeur… mais celui-là, je vous le laisse dénicher par vous-même. Je vous avais promis zéro spoiler, et je tiendrai parole. Sachez juste une chose : dans cet univers parallèle, que ce soit du côté des alliés ou des ennemis de Batman, tout n’est pas ce qu’il semble être.
Et si l’univers brumeux de Gotham by Gaslight vous laisse sur votre faim, sachez qu’il ne s’arrête pas là. La BD a eu droit à une suite intitulée Batman: Gotham by Gaslight – The Kryptonian Age, traduite en VF sous le nom de Gotham by Gaslight 1893. Cette fois, on troque les ruelles sombres et l’ombre de Jack l’Éventreur pour une Gotham au cocktail steampunk qui prolonge à merveille cette version alternative de Batman, avec toujours ce mélange d’élégance rétro et de noirceur gothique.
Alors, prêt à plonger dans ce Gotham brumeux et résoudre l’énigme ? Batman: Gotham by Gaslight le film et la BD c’est dispo. Que vous soyez un inconditionnel du comics ou juste un amateur de Jack L’Éventreur curieux de découvrir quelque chose d’un peu différent, c’est la soirée idéale pour un bon voyage dans le temps !

Batman : Gotham by Gaslight – Nouvelle Edition
1880. Le légendaire Jack l’éventreur est l’ennemi public no 1 et sévit dans les rues de Gotham. Mais dans cet univers alternatif, le tueur en série va se heurter à une autre légende nocturne : Batman. Pris dans une conspiration dont il est la victime, le Chevalier Noir nous entraîne à l’époque victorienne où l’obscurité de la nuit n’est troublée que pas la lueur fébrile et tremblante des réverbères de Gotham City.

Batman : Gotham by Gaslight 1893 – Tome1
1860. Un mystérieux météore s’écrase sur les plaines du Midwest américain, déclenchant une chaîne d’événements qui se répercuteront dans les décennies à venir… Trente ans plus tard, en plein coeur de la révolution industrielle, Batman va devoir faire face à l’émergence de super êtres qui dépassent tout ce que le XIXe siècle a connu jusqu’alors, renversant l’équilibre des pouvoirs de cette version unique de l’univers DC.