Le Comte Dracula envahit vos librairies ! Succomberez-vous à son charme hypnotisant ? 🧛 James Tynion IV vous en dit plus sur la création de l’album !
Pendant la phase préparatoire de cet album, je me suis fait une drôle de remarque. Il m’est impossible de déterminer clairement quand Dracula, en tant que concept, s’est pour la première fois imposé à moi. Cinématographiquement parlant, la question ne se pose pas. C’est dans Dracula, mort et heureux de l’être, une comédie de Mel BROOKS avec Leslie NIELSEN sortie quand j’avais sept ans, que j’ai découvert le comte à l’écran. Mais déjà, à l’époque, je connaissais suffisamment bien la structure du récit d’origine pour comprendre ce que le film parodiait. Pourquoi, comment, je ne saurais dire. Mais ça me parlait.
La Transylvanie, ça me parlait. Les vampires, ça me parlait. Je pouvais à l’époque dessiner Dracula sur commande, ce que j’ai fait très souvent. Je savais qu’il était capable de se transformer en chauve-souris, et j’en dessinais beaucoup également. À ce stade du développement cérébral où nos souvenirs commencent à se cristalliser, j’avais déjà tout à fait intégré ce personnage par osmose culturelle. Il avait élu domicile dans mon esprit.
Dans mon essence même. Il n’existe au fond, dans le canon de l’horreur, qu’un seul autre monstre aussi emblématique que Dracula, mais la créature de Frankenstein s’avère bien plus versatile que le comte. Le monstre de SHELLEY diffère fondamentalement de celui de James WHALE, par exemple. Alors que depuis sa première apparition dans les premiers chapitres du classique de Bram STOKER jusque dans ses innombrables adaptations…Dracula demeure, fondamentalement, le même. Pour être honnête, je pensais vraiment en avoir fini avec les personnages des autres. Je l’ai dit et répété, en privé comme en public.
Certes, mon nom reste principalement associé à celui d’un autre « homme chauve-souris » bien connu, mais ça va faire quelques années que je batifole joyeusement — et exclusivement — dans des mondes de ma seule invention.
Il arrive cependant que les étoiles s’alignent et que l’univers vous présente des opportunités sur un plateau. Il y a un peu plus d’un an, Martin SIMMONDS et moi venions d’achever le premier arc narratif de THE DEPARTMENT OF TRUTH, notre série en commun chez Image Comics [disponible chez Urban Comics]. Sans vouloir interrompre notre collaboration pour autant, on s’est rendu compte qu’on avait besoin de souffler un peu en s’attaquant à un récit complètement différent. Le problème, c’était qu’avec mon adieu au monde des super-héros, je n’avais aucune idée de la nature du récit en question. Et c’est à ce moment-là qu’Alex ANTONE, éditeur chez Skybound, m’a contacté pour me demander ce que je pensais des Universal Monsters.
La conversation était encore en cours que je me prenais déjà à imaginer la manière dont Martin pourrait s’attaquer à Dracula. De mémoire, je lui ai envoyé un SMS dans la demi-heure pour lui annoncer la nouvelle.
Mais voilà le truc : à aucun moment il ne me semble avoir explicitement choisi Dracula parmi tout l’éventail de monstres à ma disposition. Ça m’est venu comme une évidence, parce que le personnage correspond parfaitement au style de Martin. Qui d’autre que lui pouvait réussir à rendre l’expression hallucinée de R. M. Renfield ? Ou bien le regard hypnotique du comte Dracula en personne ? Mais un autre ressort présidait à ce choix. Un ressort plus profond. Tapi dans mon sang depuis le début.
Ceci est une œuvre de commande, dont je ne détiens pas les droits. Elle s’inspire du film réalisé par Tod BROWNING pour Universal Pictures, lui-même dérivé du grand roman de Bram STOKER. Cette filiation nous permet de mobiliser toute une iconographie séminale à laquelle la plupart des adaptations modernes n’ont pas accès. Mais surtout, il provient d’un recoin bien précis de mon esprit. Un recoin niché là, tout au fond de moi, depuis ma plus tendre enfance. Le comte Dracula, en tant qu’idée, dégage une puissance qui m’a fasciné toute ma vie, et voilà qu’on m’offre l’opportunité de m’associer à l’un de mes collaborateurs préférés pour explorer ce recoin obscur, pétrir ces noirs sentiments et me confronter à cette puissance ténébreuse. Qu’on m’autorise, même à ma toute petite échelle, à imprimer ma marque sur un mythe qui m’a lui-même marqué de manière si indélébile. Il est toujours gratifiant de pouvoir se confronter à nos grands archétypes culturels, mais celui-ci me tient profondément à cœur, et j’espère que vous apprécierez votre lecture.
Dracula
Un nouveau patient vient d’arriver au sein de l’asile du Dr John Seward. Répondant au nom de Renfield, celui-ci raconte d’étranges histoires à propos d’un démon qui se serait installé non loin de là. Tandis que Seward essaie de comprendre et d’appliquer une logique à ces récits sans cohérence, sa fille succombe à l’influence d’un homme étrange… un certain Dracula.