Absolute Martian Manhunter : Challenge Accepted

Superman, Batman, Wonder Woman, Flash. Ces noms parlent d’eux-mêmes. Mais qui est « Martian Manhunter » ? Comme beaucoup d’entre vous, nous l’avons découvert dans la série animée Justice League. Pourtant, dans chaque épisode, il est simplement appelé « J’onn ». Alors, qui est réellement le Martian Manhunter, ou Limier Martien ?

C’est comme si même certains des plus grands esprits créatifs de cette génération, ceux qui ont façonné l’univers DC tel que nous le connaissons, hésitaient à prononcer ce nom. Tout comme « Captain Comet » ou « Space Cabbie », il évoque un rêve rétro-futuriste du milieu du XXe siècle, celui d’une ère spatiale qui n’a jamais vu le jour.

S’il y a un principe qui unit tous les titres de la gamme Absolute DC, c’est bien celui-ci : explorer le cœur d’un héros en déconstruisant nos idées reçues. Dans cette quatrième série, Absolute Martian Manhunter, Deniz Camp et Javier Rodríguez relèvent ce défi. Et ce que nous découvrons, c’est un personnage plus étrange et obsédant que tous ceux rencontrés jusqu’ici.

Quel genre d’homme pourrait être qualifié de « Martian Manhunter » ?

Lorsque nous faisons la connaissance de John Jones, agent du FBI, dans ce premier numéro, nous obtenons la réponse. John a une femme et un fils. On pourrait le croire père de famille, mais il ne l’est pas vraiment. Absorbé par ses enquêtes, il se sent détaché de la réalité, dissimulant la vérité à ses employeurs comme à ses proches.

Après avoir survécu à une explosion traumatisante, il refuse de prendre des vacances, affirmant qu’il n’en a pas le droit. Sa femme murmure que ses patrons sont des « monstres », laissant deviner ce qu’elle penserait de John si elle connaissait la vérité. Leur enfant, lui, dessine son père comme une créature froide et inhumaine.

En somme, John Jones est davantage un chasseur d’hommes qu’un homme. Il s’est défini par son travail, au point de sacrifier son humanité. On le surnomme « le Martien » pour sa froideur.
Sans pouvoirs, sans cape, sans origine extraterrestre, John mène une existence triste et solitaire, que l’on ne peut décrire qu’avec une sincérité tragique : celle d’un Martian Manhunter. Et cela, sans même évoquer le lien mental qui l’unit à une conscience extraterrestre.

On ne nous révèle pas tout de suite, dans Absolute Martian Manhunter, comment John Jones et cette entité cyclopéenne se sont connectés. Ici, on expérimente la perplexité, la distorsion des perceptions et l’intrusion d’une conscience collective que John tente de surmonter, stoïque face à l’incompréhensible.

Définir « Martian Manhunter » est déjà un défi pour Deniz Camp. Le représenter visuellement, pour Javier Rodríguez, relève presque de l’impossible. Et pourtant, c’est exactement ce qu’exige ce projet : un livre qui ne ressemble à rien de ce que vous avez vu. Si vous avez lu en VO le Zatanna: Bring Down the House, vous connaissez le talent de Javier Rodríguez.

Mais croyez-nous : vous n’avez encore rien vu.

Son travail sur les personnages, la composition des pages, les couleurs et la manière dont il joue avec le médium vont bouleverser vos attentes. Cette version physique de Martian Manhunter accomplit des choses inédites dans une bande dessinée.

Décrire Absolute Martian Manhunter, c’est comme incarner le narrateur d’une histoire de Lovecraft : une crainte indicible, impossible à exprimer sans être transformé. Cette bande dessinée est une œuvre impossible. Et pourtant, Deniz Camp et Javier Rodríguez l’ont réalisée !