Depuis son apparition, en 1938, Superman a vu ses aventures publiées dans Action Comics, Superman, World’s Finest ainsi que dans des bandes de journaux quotidiennes et des pages du dimanche. À ce CV déjà impressionnant, s’ajoute, en 1945, une série supplémentaire, qui présente le héros sous un jour nouveau : en tant que jeune garçon !

C’est en effet en janvier 1945 que les aventures de Superboy débutent dans le n°101 de More Fun Comics. Jerry SIEGEL avait, depuis quelques années, joué avec l’idée de présenter une version enfantine de Clark Kent, avant qu’il n’endosse son costume, et où il se servait de ses pouvoirs pour jouer des tours à son entourage. Les responsables rejetteront l’idée mais garderont le concept d’explorer la jeunesse du héros. Jerry SIEGEL écrira le premier épisode, relatant à nouveau la destruction de Krypton et l’arrivée de Kal-El sur Terre, et passera le flambeau, le numéro suivant, à Don CAMERON, tandis que Joe SHUSTER réalisera la majeure partie de ces épisodes. Les aventures de Superboy seront ainsi l’une des premières modifications importantes de la continuité de Superman, car jusqu’alors, les auteurs étaient partis du principe que Clark Kent avait décidé d’endosser une double-identité à l’âge adulte, juste avant son arrivée à Metropolis. En 1945, toutefois, le fait que deux versions de Superman cohabitent en « contradiction » ne semble pas gêner le lectorat et Superboy sera, à nouveau, un succès pour la firme.

 

Jerry SIEGEL et Joe SHUSTER lancent la série Superboy dans More Fun Comics #101, de janvier…

… et réintroduisent Jor-El et Lara pour la première fois dans les comics.

 

Si Jerry SIEGEL n’a pu faire aboutir son projet de « super-farceur » concernant Superboy, son goût pour les canulars et le spectacle l’incite à inventer de nouveaux personnages secondaires dans Action Comics #83 (avril) : Hocus et Pocus. Ces deux compères sont, comme leurs pseudonymes l’indiquent, deux magiciens amateurs qui tentent de percer dans le milieu de la scène. Avec leur lapin, Moiton, Hocus et Pocus croisent rapidement la route de Superman, qui va s’amuser à concrétiser les tours du duo, d’abord par hasard, puis volontairement, afin de coincer le gangster Nifty Nolan (Action Comics #88). Comme c’est le cas depuis quelques années, Superman évolue comme un poisson dans l’eau dans cet univers de bonimenteurs et de magie fantaisiste. Ainsi, il va à nouveau faire échouer les arnaques de Wilbur Woolfingham (Superman #35), les manigances du Prankster (Superman #37) et retrouver l’elfe de la 5e dimension Mr Mxyzptlk plusieurs fois (Action Comics #80, Superman #33 et 36). Mais en dehors de ces adversaires récurrents, l’Homme d’Acier intervient également pour sauver un barrage menacé par un « lutin marin » (en fait, un promoteur véreux – Action Comics #82), rendre hommage au rôle des médecins de campagne (Superman #33), ou redonner du courage à un policier désabusé (Superman #37). Les super-adversaires ne sont pas pour autant oubliés puisque le Toyman élabore de nouveaux jouets dangereux dans Superman #32 et Action Comics #85, et Luthor menace la planète entière d’inertie, aidé par des extraterrestres (Superman #34).

Malgré ses pouvoirs, Superboy reste un garçon comme les autres… ou presque (couverture d’Henry BOLTINOFF pour More Fun Comics #105).

Mais l’actualité reste la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 1945, le conflit le plus sanglant qu’ait connu l’humanité se termine. Dans les magazines de Superman, les épisodes relatifs à l’effort de guerre sont encore une fois limités : un épisode sur la Navy (Superman #34), ou le sauvetage d’une star en tournée pour soutenir le moral des troupes (Superman #36). Dans les journaux, toutefois, un scénario d’Alvin SCHWARTZ va attirer l’attention de l’armée : dans un épisode d’avril 1945, l’auteur décrit un cyclotron (sous le terme « atom-smasher »), ce, alors que le gouvernement tient encore secret l’invention de la bombe atomique. Après enquête, les officiers concluent que l’histoire est assez innocente et fantaisiste pour ne pas trop en révéler. Alvin SCHWARTZ avait en réalité été inspiré par un article de Popular Mechanics, mais il aura fallu attendre la fin de la guerre pour apprendre de Newsweek et Time à quel point Superman a, pendant un temps, effrayé le comité de censure.

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