En anglais, « the wake » signifie à la fois la veillée funèbre, le deuil, mais aussi l’éveil. S’il correspond parfaitement aux deux temps du récit, il symbolise également une étape décisive dans la carrière des deux auteurs, ces grands noms de l’industrie des comics ! Découvrez The Wake en librairie à partir du 03 mai.

SCOTT SNYDER fait ses premiers pas de scénariste professionnel en 2006, avec le recueil d’histoires Voodoo Heart, mais c’est en 2009, après un court passage chez Marvel, qu’il écrit ce qui est aujourd’hui l’une des séries de référence du label Vertigo : AMERICAN VAMPIRE.

Co-créé avec le dessinateur brésilien Rafael ALBUQUERQUE, et adoubé par Stephen KING en personne, AMERICAN VAMPIRE est probablement l’expression la plus flagrante de la passion de Scott SNYDER pour l’Histoire et les énigmes qu’elle renferme. Au fil de décennies successives (des années 20 à nos jours), le jeune scénariste y retrace la vie de Skinner Sweet, le premier spécimen d’une nouvelle race de vampire, né sur le territoire américain et insensible à la lumière du jour. Chaque tome est pour le lecteur l’occasion de s’immerger dans une époque, et pour le scénariste, s’amusant à osciller entre l’Histoire, la fiction et les faits scientifiques, l’occasion de laisser son imagination développer ses concepts « biologico-évolutionnistes ».

Car c’est en ce point que réside l’un des atouts majeurs du travail de Scott SNYDER : sa quête d’authenticité.
En choisissant de baser ses histoires sur des faits, des mythologies ou des folklores existants, il s’assure une crédibilité lui permettant ensuite de laisser libre cours à son imagination fertile. Captivé par les mystères qui subsistent encore aujourd’hui autour des origines de l’espèce humaine et de ses fonctions physiologiques (on ignore toujours l’utilité des larmes ou du bâillement), l’auteur se donne pour challenge d’en fournir une explication intuitive et étonnement plausible. Nous n’en dévoilerons cependant pas plus pour le moment. Les pages qui vont suivre en seront l’illustration la plus aboutie.

Des thèmes récurrents développés par Scott SNYDER, et directement liés à celui de l’Histoire, le temps, la mémoire, l’héritage ou la famille figurent parmi ses favoris. Fasciné par l’impact du passé sur le présent, sa marque de fabrique réside dans l’attention qu’il porte au vécu de ses personnages et à leur inscription dans un environnement historique défini.

Dans les premiers tomes de la série BATMAN, par exemple, ainsi que dans le récit complet LES PORTES DE GOTHAM, SNYDER s’attache ainsi à écrire les origines de la ville de Gotham, et notamment à apporter de nouvelles informations sur les pères fondateurs de la cité (les Cobblepot, Wayne, Kane, Crowne et les Elliot) comme sur sa plus illustre société secrète : la Cour des Hiboux. De la même manière, dans le nouvel arc BATMAN, L’AN ZÉRO, dessiné par Greg CAPULLO, les deux artistes se lancent le pari de revisiter les origines du protecteur de Gotham, personnage iconique dont la genèse n’a été réécrite qu’en de très rares occasions et ce, de façon magistrale (BATMAN ANNÉE UN, par Frank MILLER et David MAZZUCCHELLI).

Mais au-delà de la simple accumulation de connaissances sur un personnage, une époque ou un thème, cette quête d’authenticité semble faire écho à un autre besoin, plus primal : la quête de réponses. Ainsi, à l’image de Lee, son héroïne marquée par une tragédie inexplicable, survenue en haute mer, Scott SNYDER cherche à sonder ces grands fonds qui, de son propre aveu, le terrifient autant qu’ils le fascinent.
Aussi, quel meilleur moyen pour combattre ses craintes que de les cartographier, d’en délimiter les contours – de les imaginer, du moins – et de ralentir ainsi la course d’une imagination que l’on souhaiterait parfois moins fertile ?

Liant ces quêtes d’authenticité et de réponses, SNYDER situe donc le cœur de son récit au plus profond des océans, derniers des territoires inconnus, où une découverte primordiale précipitera l’avenir de l’humanité tout entière ; des océans qu’il peuple naturellement de créatures terrifiantes, aux origines du mythe antique des sirènes.
Cependant, à l’image des références cinématographiques dont il revendique l’influence (The Thing, The Abyss ou encore Jaws), SNYDER dépasse le genre horrifique lorsqu’il s’intéresse de près à la nature de ces créatures.
En caractérisant cette menace, en lui donnant une forme et en définissant ses intentions, il parvient à développer chez le lecteur, et chez ses protagonistes, un début d’empathie qu’il a la bonne intuition de laisser à l’état latent, conservant à ces monstres leur caractère de prédateurs. À l’image de son travail sur d’autres mythes de notre imaginaire collectif – les ogres de SEVERED ou, plus récemment, les sorcières de WYTCHES –, SNYDER transforme avec intelligence peurs et fantasmes en de passionnantes explorations.

THE WAKE est une autre démonstration de courage lorsque Scott SNYDER invite le dessinateur Sean MURPHY à briser avec lui les codes de la narration en superposant les genres. Explorer une idée, développer les origines d’une théorie et se donner le temps et l’espace d’en imaginer les conséquences plausibles, dans un monde de leur création, voici toute l’ambition d’un récit comme THE WAKE.

Dès lors, la structure inédite du récit apparaît comme une nécessité, répondant à la volonté des auteurs de sortir des sentiers battus. Lorsque MURPHY et SNYDER se rappellent les discussions à l’origine du projet, ils évoquent en premier lieu leur envie commune de créer un terrain de jeu capable d’assouvir pleinement leur créativité. Jouant de leur maîtrise graphique et narrative, ils se jettent ainsi de nombreux challenges et testent leurs limites.

Perroquets mécaniques, chevauchées à dos de dauphins soniques, attaques de mégalodons, etc. tout devient prétexte pour sortir de leur zone de confort. SNYDER, habitué aux allées sombres de Gotham City, crée ainsi un monde à la fois crédible et capable d’accueillir cette fable inédite sur les origines de l’espèce humaine. MURPHY, quant à lui, après plusieurs mois passés à penser ses planches en noir et blanc pour PUNK ROCK JESUS, envisage ici l’irruption de la couleur dans ses compositions.

THE WAKE constitue également un défi que le dessinateur relève haut la main lorsqu’il s’agit d’imaginer visuellement l’univers bâti par son scénariste. Lorsque l’on connaît la puissance graphique du dessinateur et le soin apporté aux détails, on se prend à regretter de ne pas arpenter plus longtemps la surface de ce nouveau monde. On retrouve cette même audace dans la mise en couleur du talentueux Matt HOLLINGSWORTH, dont le travail accompagne au diapason l’évolution du récit et parvient même à réchauffer de teintes inédites ces grands fonds réputés glaciaux. De cette complicité naît un récit hors normes dans sa structure, dans son propos et dans les moyens narratifs et graphiques mis en œuvre.

En anglais, « the wake » signifie à la fois la veillée funèbre, le deuil, mais aussi l’éveil. S’il correspond parfaitement aux deux temps du récit, il symbolise également une étape décisive dans la carrière de ces grands noms de l’industrie des comics.

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