Retour à la Bat-cave ! Tout savoir sur Batman l’Aventure continue !

Retour à la Bat-cave ! La suite directe de la série animé désormais cultes : Batman The Animated Series arrive ! On vous propose une petite remise en contexte pour apprécier comme il se doit Batman l’Aventure Continue !

Avec cet album débute la toute nouvelle série intitulée aux États-Unis Batman: The Adventures Continue Season One et parue en 2020, d’abord en version digitale, puis dans un second temps en version papier. Comme son nom l’indique, il s’agit de la suite des aventures de Batman située dans un cadre bien précis : celui de la série animée diffusée entre 1992 et 1999, tout d’abord sur les chaînes américaines Fox Kids et Kids WB, avant d’arriver en France sur Canal + et France 3. Créée et produite par Eric RADOMSKI, Bruce TIMM et Alan BURNETT, cette série fait la part belle aux super-vilains et autres ennemis de Batman, dépeints comme des êtres aussi dangereux que tourmentés. Cette orientation psychologique doit beaucoup à l’approche de l’un de ses scénaristes, qui devient par la suite producteur : Paul DINI.

Il se charge notamment de remanier les origines de vilains les moins connus et les moins appréciés du grand public – Poison Ivy ou Mister Freeze, pour ne citer qu’eux -, pour en faire les vedettes que l’on connaît aujourd’hui. C’est aussi lui qui invente le personnage d’Harley Quinn, ancienne psychiatre du Joker qui se laisse séduire et manipuler par ce dernier avant de le rejoindre dans ses méfaits. Très objectivement, c’est enfin lui qui signe certains des meilleurs épisodes de la série. Citons ainsi « Il s’en est fallu de peu », dans lequel quatre vilains racontent tour à tour la fois où ils ont presque failli tuer Batman ; l’émouvant « Coeur de glace » consacré aux origines de Mister Freeze ; ou bien le petit bijou d’humour noir intitulé « L’Homme qui tua Batman », dans lequel le truand froussard Sid l’Encornet croit avoir entraîné la mort du Chevalier Noir et devient l’un des criminels les plus craints et respectés de Gotham… jusqu’à ce que le Joker, jaloux, lui mette la main dessus !

Pour Batman: The Adventures Continue Season One, DINI fait équipe avec Alan BURNETT, avec qui il a déjà écrit le long-métrage animé Batman contre le Fantôme Masqué. Ce dernier n’est pas en reste en matière d’épisodes cultes puisqu’on lui doit la transformation d’Harvey Dent en Double-Face dans l’épisode en deux parties (forcément !) « Double-jeu ». Mais c’est également lui qui signe les débuts du Ventriloque et son pantin Scarface (« Le Ventriloque »), du Terrible Trio (« Le Trio Infernal ») et divers épisodes mettant en scène Gueule d’Argile (« Bain de Boue ») ou encore le Clock King (« Ô temps, suspends ton vol »). Pour accompagner ce tandem de scénaristes, on retrouve également au dessin Ty TEMPLETON, qui inaugura en 1992 la première série de comics tirée de l’univers graphique et narratif du dessin animé1. Auteur complet, scénariste, illustrateur et encreur, TEMPLETON est également connu pour des travaux sur les séries Justice League International, The Simpsons et Spider-Man/ Human Torch.

L’équipe artistique situe les aventures dans le contexte de la dernière saison de la série animée. Ainsi, Batman porte un nouvel uniforme plus sombre à l’emblème directement apposé sur le justaucorps et non pas cerné d’un ovale jaune. Il fait régulièrement équipe avec Batgirl, Barbara Gordon, la fille du commissaire, et Robin, Tim Drake, un gamin des rues qu’il a pris sous son aile. Tim est le remplaçant du précédent Robin, Dick Grayson, parti voler de ses propres ailes en tant que Nightwing. Du moins, c’est ce que l’on croyait jusqu’ici…

DINI, BURNETT et TEMPLETON vont ainsi révéler qu’un Robin s’est intercalé entre ces acolytes : Jason Todd. Le trio d’auteurs adapte dès lors l’un des récits les plus célèbres de la continuité officielle DC : UN DEUIL DANS LA FAMILLE, réalisé par Jim STARLIN et Jim APARO et publié en 1988. Dans cet arc en quatre parties, Jason Todd se lance sur les traces de sa mère longtemps disparue, et perd la vie des mains du Joker. Jason Todd a été créé en 1983 afin de remplacer Dick Grayson, devenu trop vieux et surtout leader des Nouveaux Teen Titans, en tant que partenaire de Batman. Mais les lecteurs ne parviennent pas à s’attacher au jeune homme. On tente alors de remanier son passé et d’en faire le fils d’un criminel, homme de main de Double-Face : une mauvaise graine qui rencontre le Chevalier Noir alors qu’il essaie de voler les roues de la Batmobile ! Pourtant, rien n’y fait, sa popularité ne décolle pas et il reste un imposteur pour la plupart des lecteurs. En désespoir de cause, les éditeurs de DC leur laissent alors le soin de le sauver ou de le condamner au terme de la troisième partie d’UN DEUIL DANS LA FAMILLE. Les fans choisiront de le laisser mourir.

Les années 1990 passent et, en 2005, le tandem Judd WINICK au scénario et Doug MAHNKE au dessin imaginent L’ENIGME DE RED HOOD : le retour de Jason Todd, ressuscité par un événement cosmique et revigoré par un puits de Lazare. Bien décidé à se venger du Joker, Jason endosse la première identité du Clown Prince du Crime et devient un justicier plus violent que son ancien mentor, utilisant des armes à feu et d’autres méthodes expéditives. Certains éléments de la personnalité de Jason avaient été intégrés à la version animée de Tim Drake, dès lors DINI et BURNETT réinventent complètement le passé du mouton noir (ou rouge) de la Bat-Famille dans les pages suivantes. Ils invitent également un autre personnage secondaire des années 1990, fort important dans la légende du Chevalier Noir : Jean-Paul Valley, dit Azrael.

Ce dernier est un super-assassin entraîné par l’Ordre de Saint-Dumas, des fanatiques obsédés par une vision très personnelle et excessive de la justice. Azrael parvient à combattre les effets du lavage de cerveau qu’a opéré sur lui l’Ordre et rejoint la Bat-Famille. Il remplace même Bruce Wayne lorsque celui-ci a le dos brisé par Bane, dans la saga KNIGHTFALL. Ce Batman en armure est typique de cette période. En 1994, il n’est pas rare de voir certains héros classiques endosser des combinaisons plus agressives et se retrouver armés jusqu’aux dents (serrées, car on grimace beaucoup sur les couvertures de cette époque). Ici encore, DINI et BURNETT font preuve d’imagination pour amener une version de Jean-Paul Valley « compatible » avec l’univers de la série animée.

Autre nouveau venu et non des moindres : Deathstroke. Le mercenaire est l’un des ennemis jurés de Dick Grayson. C’est dans les pages de la série consacrée aux Nouveaux Teen Titans que Slade Wilson, un super-soldat devenu tueur à gages, fait sa première apparition. Il a été engagé pour exécuter les Titans, mais refuse, et c’est son fils, moins expérimenté, qui affronte le groupe de jeunes héros. Hélas, ce dernier périt au cours du combat et Deathstroke voue désormais une haine farouche à cette équipe. Il met notamment au point une machination machiavélique, le « Contrat Judas » pour éliminer un à un tous ses membres. Seule l’association de Dick Grayson, devenu pour l’occasion Nightwing, et de Joseph Wilson, le second fils de Slade, parviendra à déjouer les plans du mercenaire. Le Contrat Judas est le sommet des New Teen Titans de Marv WOLFMAN et George PÉREZ, dont le cycle d’épisodes est disponible en quatre tomes dans la collection DC Essentiels.

Enfin, petite cerise sur le gâteau : Paul DINI place également une référence à l’un de ses plus récents épisodes, qu’il a écrit pour le numéro anniversaire Detective Comics #1000 de 2019 (paru dans le recueil BATMAN 80 ANS). Il s’agit de Knute Brody, qu’il a inventé avec les artistes Dustin NGUYEN et Derek FRIDOLFS : un malfrat qui opère pour tous les super-vilains de Gotham… mais qui en réalité n’existe pas ! Il s’agit d’une identité fabriquée qu’utilisent les membres de la Bat-Famille lorsqu’ils ont besoin d’infiltrer les rangs de la pègre. En puisant aux quatre coins de l’Univers DC et en apportant à leur environnement animé des éléments jusqu’ici inédits, BURNETT, DINI et TEMPLETON prouvent à nouveau la force et la qualité de cette recréation de la légende de Batman. Cette série animée indémodable demeure, trente ans après ses débuts, un bijou de créativité.