Bagarreur, colérique et violent, juché sur sa moto de l’espace et prêt à piétiner de ses bottes crantées tous ceux qui oseraient se dresser sur son chemin, Lobo n’est pas le convive le plus discret qu’on puisse avoir à table. Bon, de toute façon, personne n’ose l’inviter, alors…

Sa tignasse noire, son sourire carnassier, son coup de poing facile et son goût pour les gros mots ont conféré à Lobo une célébrité telle que, à l’orée des années 1990, sa seule présence sur la couverture d’un comic book suffisait à en garantir le succès. Vedette incontestée, il incarne alors une certaine insolence, et laisse sur son passage une traînée de morts douloureuses et de violence gratuite. C’est qu’il a une réputation à tenir, le « Mec Plus Ultra », « L’Homme », Lobo, quoi !

Pourtant, tout n’a pas débuté sous les meilleurs auspices. En réalité, il fait ses débuts bien des années plus tôt, dans les pages d’Omega Men #3, daté de juin 1983. La série propose les aventures musclées d’aventuriers spatiaux aux méthodes expéditives. Lobo y tient le rôle d’un mercenaire à la moralité douteuse, unique survivant de la race velorpienne.

Physiquement, le Mec Plus Ultra ne ressemble pas encore au biker spatial à qui il ne faut pas marcher sur les santiags. Il affiche déjà sa peau blanche, ses yeux cernés et sa tignasse en pétard, mais il porte un costume orange et violet qui n’est pas du meilleur effet. Cependant, le scénariste Roger SLIFER et le dessinateur Keith GIFFEN semblent déjà convaincus du potentiel du personnage, puisqu’il figure en couverture de ce troisième numéro. Il fera quelques apparitions supplémentaires dans la série Omega Men, avant de retourner à l’anonymat, situation qui ne convient pas du tout au Mec Plus Ultra.

Keith GIFFEN se souviendra du mercenaire et le fera réapparaître quelques années plus tard. C’est ainsi que Lobo tombe par mégarde sur un Guy Gardner alors timide dans les pages de Justice League International #18, daté d’octobre 1988. Le coup que le Green Lantern reçoit sur la tête ravive la personnalité (insupportable au demeurant) de Gardner, qui ne trouve rien de mieux que de s’en prendre au motard cosmique. De même, GIFFEN fait de Lobo l’un des personnages essentiels de la série L.E.G.I.O.N., lancée en 1989 et dans laquelle l’Homme intègre une équipe d’agents extraterrestres fédérée par Vril Dox.

À l’occasion de ces différents retours, Lobo arbore le look qui le rendra célèbre : blouson de cuir, chaînes épaisses, peau blanche aux reflets bleutés et caractère que l’on qualifiera pudiquement d’ombrageux. Contre toute attente, le personnage attire l’attention d’un lectorat de plus en plus large, ce qui lui vaut d’obtenir sa propre mini-série en 1990.

Le récit en quatre épisodes Lobo: The Last Czarnian marque la rencontre entre un personnage tout en muscles, vibrant d’une énergie impossible à contenir, et d’un dessinateur expert dans la représentation de surhommes herculéens. Connu pour son interprétation de Slaine dans les pages du magazine britannique 2000 AD, Simon BISLEY fait, avec cette mini-série, une entrée fracassante dans l’univers DC. Les quatre épisodes sont écrits par Keith GIFFEN, dialogués par Alan GRANT et dessinés par Simon BISLEY, qui impose sa patte ainsi que le look dépenaillé de Lobo. Outré, exagéré, caricatural, le récit propose de nouvelles origines au personnage. Ce n’est plus le dernier Velorpien vivant dont la race a été exterminée par les Psions, mais le dernier Czarnien vivant dont la race a été exterminée par ses propres soins. L’aventure propose également un ton satirique qui sera dès lors la marque de fabrique des aventures de Lobo. Ces aventures grotesques et hilarantes font de cette mini-série un succès, suivi rapidement d’autres récits courts et d’une série régulière publiée de décembre 1993 à juillet 1999.

La première mini-série est publiée à l’époque du « grim & gritty », une tonalité sombre et réaliste dans laquelle les super-héros sont confrontés aux problèmes de société et réagissent parfois avec une certaine violence. Des justiciers comme Wolverine, le Punisher ou Batman occupent le devant de la scène dans cette atmosphère de noirceur dont le Lobo de GIFFEN et GRANT se veut une parodie. Pastiche des justiciers expéditifs, Lobo se moque également des genres narratifs (sa série régulière égratigne les enquêtes de détective ou les récits de prison) et s’en prend sans pitié au Père Noël, à RoboCop, à la télé-réalité ou aux conventions de bandes dessinées.

 

Car, oui, vous l’aurez compris, nul n’échappe à Lobo.

Et Lobo ne respecte rien. Sauf sa parole.

Et ses dauphins de l’espace chéris.

lobo

La balade de Lobo

Dernier survivant de la race des Czarniens, le chasseur de primes le plus déjanté de la galaxie poursuit sa route à travers l’espace entre contrats juteux et la protection de ses amis, les dauphins. Mais quand une affaire sanglante le laisse pour mort, sa résurrection ne se fera pas sans peine !

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