La première fois que j’ai rencontré ma femme, je lui ai fait un dessin de Batman sur une nappe.
Je frimais un peu parce qu’avec trois numéros de Batman Halloween Specials à mon actif, j’avais suffisamment confiance en moi pour vaincre ma timidité. Je pouvais donc, en toute assurance, dessiner ce superbe Batman à cette jolie fille. Sauf qu’apparemment, ça n’a pas été le cas.

Elle m’avoua quelque temps plus tard que ce dessin était assez nul en réalité, mais qu’elle avait vu autre chose en moi, et nous sommes tout de même tombés amoureux.
Elle était la mère d’un enfant de sept ans à l’époque, et, quelques mois plus tard, pour son anniversaire, je lui dessinai un autre portrait de Batman, un bien meilleur (plus grand en tout cas) que le premier, et cette fois j’y ajoutai son fils, sous le costume de Robin. Son côté espiègle contrastait avec Batman, alors qu’il sautait avec ses roller blades aux pieds et sa crosse de hockey à la main.

Ce dessin a été ma seule et unique représentation de Robin le Jeune Prodige jusqu’à ce que Jeph m’appelle un jour à propos d’une histoire qu’il souhaitait écrire.
Je lui répondis : « Mais je déteste Robin, il est inutile, il apporte beaucoup trop de couleurs, Batman est un solitaire, prisonnier de la tragédie qui a façonné sa vie à jamais, bla bla bla. »
« Eh bien, justement. Attends un peu de lire ça », me répondit Jeph.
La vision de Jeph, et c’est là tout son talent, lui permet de filtrer la réalité à travers l’intensité dramatique des comic books et d’en dégager l’essence, le caractère poignant et authentique.

Batman est un solitaire. Pourquoi aurait-il besoin d’un partenaire ? Ou quel serait notre besoin de lui en adjoindre un ? La réponse de Jeph se révèle dans le contraste : sa description de Dick comme un gamin extraverti, bavard, et les conflits de personnalités sous-jacents (le tout exacerbé par la présence d’un enfant de onze ans dans ma vie) ont fini par me convaincre.

Cela ne surprendra pas les personnes familières avec mon travail d’apprendre que j’adore les contrastes visuels. Les masses de noir et les lignes fines, les grandes cases sur une même page avec des fonds denses, profonds et de grands espaces vides. Cela accentue le potentiel dramatique ou comique de chaque scène, et lorsque j’ai réalisé que le contraste entre les personnages de Batman et Robin me permettait de jouer sur ce terrain – la masse imposante du super-héros et le petit enfant –, j’ai embarqué avec Jeph pour cette aventure. Jeph, je te remercie, ainsi que Trevor et Jane. Et merci à vous, Bruce et Dick, pour l’adulte et l’enfant que nous avons tous en nous.

Tim SALE
Juin 2001

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Découvrir Batman Amère victoire

Un an après « l’affaire Holiday », Gotham City est toujours le théâtre de règlements de comptes entre les familles mafieuses et les « patients » de l’asile d’Arkham. Si Alberto Falcone était considéré jusqu’alors comme le véritable tueur Holiday, une nouvelle vague de meurtres jette le trouble sur son arrestation. Pour restaurer l’ordre à Gotham, Batman aura besoin de toute l’aide possible, voire de prendre sous son aile un nouveau partenaire, Robin !

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