Avec la parution, en 1989, de GOTHAM BY GASLIGHT, la maison d’édition DC bouleverse le paysage éditorial de l’époque.

Le récit, écrit par Bryan AUGUSTYN et illustré par Mike MIGNOLA et P. Craig RUSSELL, présente une version alternative de Batman : le Détective de la Nuit évolue dans une Gotham City victorienne et, à l’orée d’un XXe siècle noyé dans la vapeur des industries, se lance à la poursuite de Jack l’Éventreur.

La performance des auteurs est saluée par les lecteurs et la critique, et cette vision alternative du Chevalier Noir montre la voie à une collection dont le nom est tout trouvé : Elseworlds, ou « les autres mondes ».
Cependant, si la constitution de ce label permet d’identifier des histoires dont le principe commun est de proposer des versions alternatives des plus grands héros DC, le postulat de base est connu des lecteurs depuis des
décennies.

En effet, le succès de Superman, depuis la parution d’Action Comics en 1938, a apporté à l’éditeur la preuve du caractère universel du personnage et de la nécessité de conserver autour de lui un certain statu quo. Cependant, un héros immuable, à perpétuité identique, risque de lasser les lecteurs, phénomène dont la rédaction est bien
consciente.


Les années 1950 voient donc émerger deux types d’histoires apportant à leur manière autant de variations sur le même thème : d’un côté les « untold tales » et de l’autre les « imaginary stories ». Les premières constituent des chapitres secrets renvoyant à des aventures passées qui n’auraient pas encore été racontées.
Dans le cas de Superman, ce sont par exemple des épopées que le surhomme aurait vécues plus tôt, dans sa jeunesse.

Les secondes composent des aventures rêvées, des prospectives s’interrogeant sur la manière dont les choses peuvent évoluer. Bien souvent, les auteurs expliquent, à la fin de leur récit, qu’il s’agit d’un songe né de l’imagination d’un personnage (fréquemment Lois Lane) ou de l’évolution d’un futur possible mais qui, peut-être, ne se réalisera jamais.
Ces deux types de récits, qui constituent bien vite une sorte de sous-genre, ont le grand avantage de fournir aux lecteurs d’autres aventures de leurs personnages préférés sans user le thème jusqu’à la corde. Ils font rêver, jettent une lumière nouvelle sur les héros et préservent le statu quo et la continuité centrale.

La collection Elseworlds, qui est officiellement inaugurée avec Batman: Holy Terror en 1991, est l’héritière de cette tradition éditoriale. Sous ce label, les meilleurs auteurs du moment se proposent de mettre en scène des mondes surprenants nés d’une petite variation, parfois infime, dans le déroulement des événements. C’est le cas d’Alan DAVIS qui, en 1998, nous fait découvrir un monde fort semblable au nôtre, et pourtant tellement différent, à cause d’un pneu crevé par un vieux clou rouillé.

En 2004, l’auteur donne une suite à son épopée. Ce sont ces deux récits que vous allez aujourd’hui découvrir dans
les pages suivantes…

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Découvrir Justice League – faute d’un clou…

Il y a de longues années, dans le Kansas : Martha et Jonathan Kent, qui ont projeté de faire quelques courses dans la bourgade de Smallville, découvrent qu’un pneu de leur voiture est crevé. Ils choisissent de reporter leur balade à plus tard et restent chez eux, sans se rendre compte que le ciel est traversé par une météorite étrange. Celle-ci abrite un enfant extraterrestre envoyé sur Terre depuis une lointaine planète. L’engin s’écrase un peu plus loin, et les Kent ne seront jamais là pour adopter l’enfant tombé des étoiles. Au fil des ans, les premiers super-héros apparaissent, mais dans ce monde légèrement différent du nôtre, jamais Superman ne se fera connaître, et l’histoire en sera à jamais bouleversée.

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