Harvey Dent fait son apparition dans DETECTIVE COMICS #66 (daté d’août 1942), écrit par Bill FINGER et dessiné par Bob KANE. Le jeune procureur devenu maléfique est alors baptisé « Harvey Kent ». Mais il sera renommé « Dent » dans BATMAN #50 (décembre 1948, écrit par Bill FINGER et dessiné par Bob KANE et Lew SCHWARTZ), afin de ne pas entretenir de confusion avec un célèbre protecteur de Metropolis venu de Krypton. Déjà, l’identité de Double-Face est sujette à caution.

Le procureur n’est d’ailleurs pas le seul à changer d’identité. En effet, lors de la plaidoirie fatidique, l’homme qui lui jette de l’acide au visage s’avère être Salvatore « Boss » Moroni. Son nom sera par la suite rectifié en « Maroni », et il occupera une place de choix dans des récits tels qu’UN LONG HALLOWEEN, écrit par Jeph LOEB et dessiné par Tim SALE, en 1996. Décidément, la vie de Double-Face tourne autour des changements d’identité.

Dans la série BATMAN & ROBIN, le scénariste Peter J. TOMASI et le dessinateur Patrick GLEASON revisitent les origines du super-vilain, expliquant que le procureur s’est retrouvé victime de la vengeance des soeurs McKillen, à la tête d’une famille mafieuse (voir BATMAN & ROBIN tome 5, collection DC Renaissance). Reprochant à Dent la mort de sa soeur Shannon, Erin pénètre par effraction au domicile du juriste, tue son épouse Gilda avant de le défigurer, faisant sombrer le magistrat dans une folie permanente. L’ancien procureur au physique de séducteur, que tout le monde surnommait « Apollon », est désormais un paria défiguré, dans l’incapacité d’exercer ses fonctions. Il devient le criminel Double-Face, prenant ses décisions à l’aide d’une pièce de monnaie dont l’un des côtés est rayé. Il sera par la suite précisé qu’il s’agit d’une pièce truquée affichant deux côtés identiques (une « double face », en quelque sorte), ayant appartenu à Maroni.

Quand la pièce tombe du côté rayé, Double-Face commet un crime. Mais quand elle tombe du côté immaculé, il se place du côté de la justice. Dans JUSTICE LEAGUE OF AMERICA #125 (daté de décembre 1975) écrit par Gerry CONWAY et dessiné par Dick DILLIN, il s’allie avec la Ligue de Justice contre des envahisseurs extraterrestres. En 1987, le scénariste Frank MILLER et le dessinateur David MAZZUCCHELLI, dans BATMAN : ANNEE UN, présentent Harvey Dent en allié potentiel du jeune James Gordon, fraîchement arrivé à Gotham City. L’idée est reprise par Jeph LOEB et Tim SALE dans UN LONG HALLOWEEN puis AMÈRE VICTOIRE, où les circonstances de la transformation de Dent sont redéfinies.
Pourfendeur acharné de la corruption, Harvey Dent est alors présenté en protecteur de Gotham City, allié silencieux de Gordon et de Batman, convaincu que la loi peut venir à bout de tout. Quand il deviendra Double-Face, il se retournera contre ses deux anciens alliés. L’origine de cette passion pour la justice est expliquée dans BATMAN ANNUAL #14 (1990), écrit par Andrew HELFER et dessiné par Chris SPROUSE, puis dans TWO-FACE – CRIME &PUNISHMENT (1995) par le scénariste J.-M. DeMATTEIS et le dessinateur Scott McDANIEL. On y découvre que Harvey fut très tôt atteint de troubles de la personnalité. Martyrisé par un père abusif, il développa une personnalité torturée, déchirée entre ses rêves de justice et un comportement ultra-violent. Au plus fort de sa carrière criminelle, Dent choisit de rendre Batman responsable de sa condition et décide de s’en prendre à ce qu’il a de plus précieux : son partenaire Robin. Le récit ROBIN : ANNEE UN (collection DC Deluxe) écrit par Chuck DIXON et dessiné par Javier PULIDO et Marcos MARTIN, prolonge l’acharnement du criminel contre la lignée des Robin. Après CRISIS ON INFINITE EARTHS (1985-1986) il sera précisé que le père de Jason Todd (le deuxième Robin) travaillait comme homme de main pour le criminel.

Et lorsque Tim Drake fait sa première sortie en costume de Robin, c’est pour sauver Batman et Dick Grayson, devenu Nightwing, des griffes du truand schizophrène (UN DEUIL DANS LA FAMILLE, coll. DC Essentiels). Autre victime de la lutte entre les deux anciens alliés : Renee Montoya, inspecteur de la police de Gotham, dont le lesbianisme est révélé par Dent après que celui-ci a développé une fixation amoureuse envers la jeune femme. L’un des thèmes récurrents de la carrière de Double-Face est celui de la guérison. Ainsi, dans BATMAN #328-329 (daté d’octobre et novembre 1980, par le scénariste Marv WOLFMAN et le dessinateur Irv NOVICK), Harvey Dent est opéré et retrouve un visage intact. Il prend une autre identité, Carl Ternion, et commence une nouvelle vie, tentant de reconquérir son ancienne épouse, Gilda. Dans THE DARK KNIGHT RETURNS, Frank MILLER présente un Dent en phase de guérison, mais incapable de se voir ainsi. Au contraire, Double-Face se perçoit comme entièrement défiguré. Dans le récit « Face à Face » (DETECTIVE COMICS #817 à 820 et BATMAN #651 à 654, écrits par James ROBINSON), Dent est à nouveau opéré, sa personnalité de procureur prenant enfin le dessus. Batman lui confie alors la garde de Gotham, mais la pression que maintiennent les tueurs envoyés par Warren White finit de fissurer sa psyché, et Harvey s’inflige alors les scarifications qui lui redonneront sa double identité. Peter TOMASI continue de développer sa vision des ennemis mythiques de Batman dans les pages de DETECTIVE COMICS. Après un long run sur M. Freeze et sa femme Nora, c’est au tour du procureur le plus manichéen de Gotham de se trouver sur la route du chevalier Noir…

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Retrouvez Harvey Dent dans Batman – One Bad Day : Double-Face

Si Harvey Dent n’avait pas été défiguré à l’acide, peut-être aurait-il pu continuer à oeuvrer du côté de la loi en tant que procureur. Peut-être serait-il resté l’allié de Batman, aux côtés de Jim Gordon… Quoi qu’il en soit, Harvey Dent est aujourd’hui libre, apparemment débarrassé de sa double-personnalité criminelle. Mais lorsque son père de 88 ans est menacé, l’ancien monstre de foire menace de réapparaître. Tout se jouera à pile ou face.

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