En octobre 2011, Dc comics opère une renaissance de sa ligne de comics dont la plupart des titres redémarrent au numéro 1. Quelques mois plus tard, la nouvelle série batman incorporated débute : ce sera le chant du cygne de Grant Morrison sur un personnage qu’il suit depuis bientôt sept ans. tous les personnages et lignes narratives de son cycle y sont conviés. Avant la publication du numéro 13, le site www.dccomics.com propose ce texte d’adieu.

J’étais loin d’imaginer, en acceptant d’écrire BATMAN en 2006, que j’allais passer les sept années suivantes à écrire la plus longue des histoires que j’aie jamais tentées. Je pensais avoir dit l’essentiel sur le personnage avec ARKHAM ASYLUM, GOTHIQUE et ses apparitions dans la JLA. Et visiblement, j’avais tort. Ma proposition originale se bouclait avec BATMAN R.I.P., mais quelque chose est arrivé en cours de route, alors que je faisais des recherches sur la riche histoire du personnage. J’ai été fasciné par l’idée que toutes les histoires de Batman pourraient être vraies, biographiques, l’étrange « créature de la nuit » des débuts, issue des pulps, jeune et sauvage, la figure paternelle souriante des années 1940, le croisé proto-psychédélique des années 1950, le détective super-héroïque des années 1960, l’aventurier international au torse velu des années 1970, le justicier brutal et très physique des années 1980, et le soldat paranoïaque des années 1990. En prenant toute son histoire publiée comme l’histoire de sa vie, j’ai été en mesure d’approcher Batman sous un angle différent, un personnage dont la révélation des multiples facettes devenait le sujet de mon récit. À quoi pourrait ressembler un tel homme, pris de façon réaliste ? Voici un homme qui avait sauvé d’innombrables vies, fait face à d’incroyables périls, et même empêché plusieurs fois la destruction du monde. Un maître des arts martiaux, de la méditation, de la déduction, du yoga et des affaires.

Un homme qui avait dompté ses démons, et transformé sa tragédie personnelle en croisade humanitaire. Prendre un tel homme au sérieux signifiait que j’avais à mettre de côté un certain nombre d’idées reçues à propos de Batman, vu comme un peu déséquilibré, solitaire, sans humour, aux prise avec sa rage et sa culpabilité. La totalité de son histoire et de ses accomplissements rendaient un tel portrait limité et peu convainquant. À la place, mon Batman allait être un authentique super-héros au sommet de ses pouvoirs et de ses capacités, entouré
d’un réseau d’amis et d’associés, tous inspirés par son exemple.

J’ai choisi de construire mon récit autour du trauma de base, le meurtre de ses parents, qui est au coeur de la genèse de Batman. Il me semblait qu’une part de Bruce Wayne pouvait reprocher à ses parents de l’avoir abandonné, et à son père de ne pas avoir été Batman ce soir-là. Ainsi, les méchants principaux allaient être une figure paternelle négative, en la personne du Docteur Hurt, et une figure de mauvaise mère, avec Talia, notre antagoniste dans les derniers chapitres de ma série.

Ce thème majeur de la famille brisée et endommagée n’est nulle part plus en évidence qu’avec la création de Damian, le premier « fils de Batman » à être intégré dans le canon. De bien des façons, c’est autant l’histoire de Damian que celle de Bruce Wayne, et c’est une histoire dont la fin est prévue depuis longtemps. Car quel fils pourrait espérer remplacer Batman, qui ne meurt jamais ? Et donc, via les séries BATMAN, BATMAN AND ROBIN, RETURN OF BRUCE WAYNE et BATMAN, INCORPORATED, cette saga épique vient de toucher à sa fin.

Merci à tous les dessinateurs qui m’ont aidé à la réaliser :
Andy KUBERT, J.H. WILLIAMS, Tony DANIEL, Ryan BENJAMIN, Lee GARBETT, Frank QUITELY, Philip TAN, Cameron STEWART, Andy CLARKE, Frazer IRVING, Scott KOLINS, Chris SPROUSE, Ryan SOOK, Yanick PAQUETTE, Georges JEANTY, David FINCH, Scott CLARK et, bien entendu, Chris BURNHAM. Merci aussi aux encreurs, coloristes, lettreurs et à mes infatigables éditeurs. Merci aux lecteurs qui se sont lancés dans l’aventure et ont contribué à des débats fructueux et à des analyses sur internet. La conclusion est enfin arrivée, avec ce dernier chapitre qui emmène Batman dans des endroits obscurs qu’il n’avait jamais eu à visiter auparavant.
Avec cet épisode, c’est terminé pour moi, même si Batman lui-même poursuit ses aventures de multiples façons qui, pour la plupart, n’ont pas encore été imaginées. Il sera encore là bien après que je sois mort et oublié. Longtemps après nous tous, il y aura encore un Batman. Ça a été une joie et un privilège de passer tant de temps en compagnie d’un des plus grands personnages de la culture populaire, et ça fera sans doute bizarre de me réveiller sans avoir dans la tête la voix de Bruce Wayne, calme, chargée d’autorité, mais aussi d’un je-ne-sais-quoi de cynisme.

Batman est éternel.

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Découvrir Grant Morrison présente Batman

Enfin de retour à son époque, Bruce Wayne reprend la destinée de Batman, de façon pour le moins inattendue.

À la légende du justicier solitaire, il substitue une nouvelle organisation internationale financée par sa multinationale : Batman Incorporated ! Recrutant à travers le monde différents alliés pour sa croisade contre le crime, Bruce se prépare également à croiser le fer avec un nouvel ennemi : Léviathan !

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