La mort de Batman: pourquoi pas ?
Au milieu des années 1980, DC Comics se lança dans l’organisation de grandes sagas épiques concernant l’ensemble de ses titres, souvent accompagnées de changements drastiques des statu quo alors en place : morts de personnages, changements d’identités, arrivées de nouveaux héros… Au début des années 1990, les responsables éditoriaux appliqueront ce système aux séries mensuelles évoluant autour d’un même héros. Ainsi, les titres Superman offrent, entre 1992 et 1993, une longue épopée – la trilogie de « La Mort de Superman » – qui, comme son nom l’indique, raconte le dernier combat du héros. Suite au succès de cette histoire, il est décidé que Batman connaîtra lui aussi une épreuve ultime. Cette vaste saga, inédite en France, dura plus d’un an, d’avril 1993 à août 1994, et concerna tous les mensuels Batman(BATMAN, DETECTIVE COMICS, SHADOW OF THE BAT et LEGENDS OF THE DARK KNIGHT), et également des titres annexes comme SHOWCASE, ROBIN ou CATWOMAN. Mais on retrouve l’origine de ce récit dans plusieurs projets épars.
Peu de temps auparavant, le responsable des titres Batman, Dennis O’NEIL, discutait avec le scénariste de DETECTIVE COMICS, Peter MILLIGAN, de l’attrait des lecteurs pour les anti-héros aux méthodes aussi brutales qu’expéditives. MILLIGAN proposa à O’NEIL que Bruce Wayne soit remplacé, en tant que Batman, par un vigilant qui n’hésiterait pas à tuer les criminels, afin de montrer les lourdes conséquences de ses actes. Ainsi, le retour de Bruce Wayne dans le costume permettrait de démontrer que c’est l’homme qui fait le héros et non l’uniforme. O’NEIL prit en compte l’idée et la réutilisa en y intégrant le personnage d’Azrael qu’il venait de créer avec Joe QUESADA. Azrael est le titre que porte la longue lignée d’assassins de l’Ordre de St Dumas, un culte issu des Templiers qui éduque via l’hypnose ses agents : un conditionnement qu’ils appellent « le Système ». Jean-Paul Valley, que vous allez rencontrer dans ces pages, est le dernier descendant de ces hommes de main, et a rejoint Batman à Gotham pour parfaire son apprentissage de justicier. Désireux de lutter contre sa « programmation », il demeure néanmoins sur le fil du rasoir.
Les premières apparitions de Bane
Si Azrael occupe une place importante dans la saga, dans ce premier tome, il est éclipsé par l’imposant Bane, l’antagoniste que créent les scénaristes Doug MOENCH et Chuck DIXON, accompagnés du dessinateur Graham NOLAN. ÉCLIPSE TOTALE…
Les origines et la première apparition de ce titanesque maître du crime vous sont racontées dans l’album LA REVANCHE DE BANE, un récit développant son horrible « éducation » au sein de la prison de Santa Prisca, là où il a appris à se battre mais aussi à haïr un homme appelé… Batman. Utilisant à la fois son intelligence redoutable et le super-dopant, le Venin, Bane va livrer une partie d’échecs machiavélique afin de briser autant mentalement que physiquement le Chevalier Noir. Le Venin consommé par Bane trouve ses origines dans un arc écrit par Dennis O’NEIL – Legends of the Dark Knight (#16-20, de 1991), qui montre Batman tester et devenir dépendant à cette drogue.
Enfin, l’épisode de conclusion de cet album deviendra mythique, et la scène finale légendaire sera de nombreuses fois reprise ou détournée, notamment, dans un épisode de BATMAN, LA SÉRIE ANIMÉE, sobrement intitulé « Bane ». Preuve de son importance aujourd’hui, Bane atteint une nouvelle consécration en étant incarné par Tom HARDY dans le film THE DARK KNIGHT RISES de Christopher NOLAN. C’est à lui que revient l’insigne honneur d’être le dernier adversaire de Batman dans cette trilogie cinématographique, après Ra’s Al Ghul et le Joker. Mais dans cet album, vous pourrez également retrouver l’intégralité des criminels d’Arkham, les adversaires déments du plus grand détective du monde, qui va devoir, pour les vaincre, aller au bout de ses limites, et même au-delà…