Batman empathique ou insensible ?

Batman est-il empathique ? Bien souvent on se focalise sur sa recherche de vengeance, sa colère et la noirceur de son âme ! Mais sous son masque de chauve-souris se cache un pan du héros qu’on vous propose d’explorer !

L’empathie est devenue un bien précieux. Maintenant que je l’ai écrite, cette phrase est peut-être injuste. L’empathie a toujours été un bien précieux. Mais la beauté des personnages de bandes dessinées réside dans le fait que nous pouvons regarder leurs pages ou leurs films et montrer des preuves tangibles de leurs croyances. Souvent, nous les voyons se concentrer sur la colère de Batman. Il est facilement le membre le plus sombre de la Ligue des Justiciers – il est le Chevalier Noir, après tout. Cependant, en le célébrant comme le héros DC le plus susceptible de frapper son méchant dans la bouche, une grande partie de l’empathie est parfois oubliée.

Batman : The Animated Series est un exemple exceptionnel et cohérent de cette empathie. Bruce Wayne cherche à sauver sa ville, mais il comprend que sauver cette ville signifie parfois aussi sauver les citoyens que le système de santé mentale défaillant de Gotham a oubliés. On dit souvent que Batman a la meilleure galerie de voleurs de tous les super-héros, et c’est vrai. Mais c’est aussi celui qui compte le plus grand nombre de méchants souffrant de troubles mentaux.

Bien que les années 90 aient été un peu trop précoces pour que les médias populaires approfondissent autant qu’ils le pouvaient les conversations sur la santé mentale, Batman : The Animated Series a fait un travail assez solide. Toute la rage, la noirceur et la morosité qui sont devenues synonymes du personnage étaient présentes, mais il y avait aussi une mission visant à aider réellement les méchants qu’il s’efforçait d’arrêter.

La franchise de jeux Arkham de Rocksteady parvient également à équilibrer cette empathie avec la brutalité pure qui accompagne le personnage. La meilleure partie des jeux est lorsque vous réussissez un combo mortel contre une salle entière de voyous et que vous avez l’occasion de voir Bats s’en donner à cœur joie. Mais en filigrane se cache l’histoire d’un homme qui fait toujours de son mieux pour sauver son ennemi juré. La chute du Joker est inévitable, mais le jeu prend le temps de montrer la dévastation de Batman face à son échec.

Cette dévastation est enracinée dans un élément qui fait partie du cœur de Batman : le fait qu’il n’est pas là pour tuer ses ennemis.

Le Joker a massacré d’innombrables citoyens de Gotham. Il est activement responsable de la mort de membres de la famille de Bruce, qu’ils aient été choisis ou non, selon le canon que vous préférez. Pourtant, il n’est jamais question de le tuer. Le but de Batman en tant que justicier est de sauver les gens. Cela inclut les méchants qu’il s’efforce d’arrêter.

La disparition de son ennemi juré n’est pas la seule fois où Batman a été confronté à un scénario impossible à gagner. Dans Justice League Unlimited, Amanda Waller lui remet un appareil et lui dit qu’Ace (une puissante fille télékinésiste armée par CADMUS) doit être tuée avant que la réalité qu’elle a créée ne devienne permanente. Mais Ace est déjà en train de mourir.

Plutôt que d’utiliser l’appareil de Waller pour surprendre la jeune fille et la tuer, Batman s’assoit avec elle et lui tient la main pendant qu’elle meurt. Après avoir fait preuve d’empathie pour la première fois de sa vie, Ace choisit de ramener la réalité à la normale juste avant de mourir. Il s’avère que les Kryptoniens ne sont pas les seuls à pouvoir regarder une situation impossible en face et à trouver une autre solution.

Batman sort de ce qui était autrefois la forteresse d’Ace avec son corps dans les bras. Certains pourraient ne pas trouver l’action de Batman importante. Après tout, Ace allait mourir de toute façon. Mais l’action de Batman n’en est que plus importante. Quoi qu’il fasse, il allait avoir un cadavre entre les mains. Il est facile d’affirmer que la mort d’Ace n’aurait pas été de sa faute si l’on tient compte de l’inévitabilité. Au lieu de cela, il a choisi de lui tenir la main.

Ce qui rend l’empathie difficile, c’est qu’elle peut être vraiment, vraiment nulle. Être empathique, c’est endosser une partie de la douleur de quelqu’un. Vous la ressentez avec elle. Vous assumez le fardeau pour qu’il devienne moins insupportable pour l’autre partie. Quel que soit le nombre de voyous que Batman élimine, et quel que soit le nombre de fois où il surpasse ses adversaires, l’empathie sera toujours sa caractéristique la plus forte.

C’est aussi celle qui lui est la plus inhérente. Bruce Wayne est un expert de la douleur. Malheureusement, une partie de lui en a besoin. La douleur qu’il a vécue et celle qu’il accepte de la part de ceux qui l’entourent est ce qui l’alimente. Elle fait de lui un meilleur héros, même si son histoire est remplie d’erreurs qu’il aimerait pouvoir effacer.

L’empathie est difficile, mais c’est aussi une force. Si vous pouvez vous inspirer d’une page du livre de Batman, c’est celle-là. Le monde est rempli de douleur, et nous avons tous besoin que quelqu’un nous tienne la main parfois.

Amelia Emberwing écrit sur les bandes dessinées, les films et la télévision pour DCComics.com.