Nul doute que certains d’entre vous sont des lecteurs de la première heure, ayant décidé de revisiter la série. Je n’ai pas grand-chose à ajouter à ce que nous avons déjà partagé, au fil des premières années de la publication de FABLES – hormis, bien sûr, la seule chose que je ne répéterai jamais assez. Merci de votre fidélité.

Merci à vous, non seulement d’avoir déjà lu ces contes, mais aussi de revenir vers eux. Pour citer C. S. LEWIS, « Quel est l’intérêt d’un livre que l’on a envie de lire qu’une fois ? » Je suis fier que FABLES fasse partie de ces séries qui méritent une seconde, voire une troisième lecture. Merci aussi d’avoir prêté vos exemplaires et collections à vos ami(e)s, maris, femmes, pères et mères, ou même à vos rencontres occasionnelles. Votre enthousiasme a porté ses fruits. Et merci à tous de m’aider à gagner ma vie en racontant ces contes. Dépourvu de toute aptitude respectable, incapable d’apporter un tribut conséquent à la société et doté d’une personnalité discutable, je suis content de trouver mon humble place parmi tous les menteurs, vauriens et escrocs de l’histoire. Maintenant, après m’être adressé à vous, mes vieux compagnons de route, excusez-moi un instant, le temps de dire un mot à nos nouveaux lecteurs – ceux qui vont lire les dix-sept premiers épisodes de FABLES pour la première fois.

Au moment où j’ai dû bousculer mon train-train pour rédiger cette introduction, je venais d’écrire cette réplique pour l’épisode 88 du mensuel FABLES : « Je suis ici parce que tous les contes de fées se déroulent dans les bois, roi Cole, même s’ils n’en ont pas l’air. » Peu importe qui a dit ces mots, ni pourquoi ils ont été adressés au roi Cole, ce joyeux luron. La seule chose qui compte, c’est que c’est la réplique parfaite pour vous initier à la série FABLES. Bienvenue dans les bois, où se déroulent tous les contes de fées, même ceux qui n’en ont pas l’air.
Les fables sont des contes, des récits folkloriques, des légendes murmurées de bouche-à-oreille, et des ballades grivoises chantées à tue-tête, avec de fausses notes, mais avec force et détermination. Les mystères de tout ce qui est inconnu sont parfois impénétrables, mais ils s’inspirent toujours de la curiosité ou de la peur, voire les deux. La forêt a toujours été un endroit rempli de profonds mystères ; le cœur même de l’inconnu. FABLES a la forêt pour cadre.

D’accord, vous allez découvrir dès la première page que je viens de proférer un énorme mensonge. Mais j’ai admis être un menteur de la pire espèce, quelques paragraphes plus haut. J’ai menti effrontément et sans vergogne, car cela saute aux yeux, ces histoires se déroulent à New York, où nos malheureux personnages ont échoué. Mais la forêt est là, chers lecteurs. Notre fonds de commerce étant les contes de fées, nous avons plus d’un tour magique dans notre sac. Forts de ce pouvoir, nous avons apporté avec nous des prairies enchantées, de vénérables chênes, des hêtres, des ifs et des aubépines, des tilleuls et des genévriers. Et nous les avons incorporés dans ce triste paysage urbain fait de pierre, d’acier, de plâtre et de verre. Dès la première page, FABLES s’ouvre sur un immeuble appelé les Sylves, dont les corridors sont les chemins sombres et tortueux de la forêt profonde.

Les pièces, même les plus grandes (et vous découvrirez très vite que certaines sont d’une immensité inconcevable), sont surmontées d’une canopée qui filtre et transforme la lumière naturelle, jusqu’à la rendre surnaturelle. Le bâtiment des Sylves est un endroit dont vous ne saurez que ce que nous voudrons bien vous dire. Un conseil, n’en croyez pas un mot. C’est un lieu qui dépasse votre entendement, où sont tapis de vieux monstres oubliés, s’occupant comme ils le peuvent en attendant de pouvoir ressortir pour épier de nouvelles et jeunes proies ayant eu le tort de ne pas écouter les mises en garde des anciens. Éparpillez derrière vous toutes les miettes de pain que vous voudrez, vous vous y perdrez quand même. Vous vous perdrez, mais vous ne serez pas seuls. Vous rencontrerez de vieux amis que vous n’avez pas vus depuis longtemps. Vous connaissez déjà leurs aventures passées. Vous découvrirez ce qu’ils sont devenus entre-temps. Vous pourrez faire confiance à certains d’entre eux. Par contre, il en est d’autres dont il faudra vous méfier. Mais il en va toujours ainsi, non ? Bienvenue dans la forêt.

BILL WILLINGHAM
Écrit au milieu des bois, 25 juin 2009

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Fables – tome 1

Chassés de leurs royaumes par l’Adversaire, les Fables trouvent refuge dans notre monde et établissent leur communauté au coeur même de New York. Cependant, aux antipodes du conte de fées, Rose Rouge, la soeur de Blanche Neige, aurait été assassinée, et c’est à Bigby, shérif de Fableville et Grand Méchant Loup repenti, de résoudre l’affaire. Deux suspects se détachent : Barbe Bleue, ex-amant de la jeune victime et serial killer compulsif, et Jack, bon à rien débonnaire, tout juste descendu de son haricot magique.

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