Selon l’expression consacrée, les criminels sont des « êtres couards et superstitieux », raison pour laquelle Batman a adopté l’apparence d’une chauve-souris géante, espérant ainsi profiter de la peur que son apparition suscite. Mais la terreur est l’arme de prédilection de l’un de ses plus redoutables adversaires : l’Épouvantail.

Au même titre que la légendaire chauve-souris de Gotham City, le super-vilain prend l’apparence d’une autre créature de la nuit, cette silhouette lugubre de paille et de haillons hantant les campagnes, destinée à effrayer les oiseaux et à laquelle l’imagination prête aisément vie. Surgissement d’un fantastique rural dans l’univers gothique de la ville moderne, l’Épouvantail est le parfait opposant à Batman, humanoïde des champs rembourré de fourrage face au chiroptère humain des villes.

Spécialiste des psychotropes, l’Épouvantail utilise des produits chimiques afin de faire naître dans l’esprit de ses victimes les images les plus terrifiantes qui soient. Agissant sur les perceptions d’autrui davantage qu’il n’use de sa propre force physique, il s’impose comme l’un des super-vilains les plus redoutables de l’Univers DC. Comptant parmi les criminels à pouvoirs créés durant l’Âge d’Or, c’est-à-dire les années 1940, le tristement célèbre psychologue Jonathan Crane, aujourd’hui connu sous le nom de l’Épouvantail, apparaît dans WORLD’S FINEST COMICS #3, daté de l’automne 1941, grâce aux scénaristes Bob KANE et Bill FINGER, ainsi qu’au dessinateur Jerry ROBINSON. Dès cette première aventure, la personnalité de ce spécialiste ès mécanismes de la peur est posée. Surnommé « l’épouvantail » par ses détracteurs, il décide de se déguiser afin de répandre la frayeur et d’en tirer un profit substantiel. L’ancien professeur obsédé par l’étude des terreurs entame alors une carrière criminelle qui ne décollera que bien des années plus tard.

L’Épouvantail ne fera qu’une autre apparition durant cette première période, dans DETECTIVE COMICS #73 daté de mars 1943, avant de disparaître pendant quelques années.
Il ne réapparaîtra qu’en 1967, date à laquelle le personnage se dote d’attributs qui vont le rendre célèbre. En effet, après de longues années d’absence, le criminel fait son retour dans BATMAN #189, daté de février 1967. Dans cet épisode réalisé par le scénariste Gardner FOX et le dessinateur Sheldon MOLDOFF, le personnage utilise pour la première fois son gaz anxiogène, mettant à profit sa connaissance de la chimie.
Jusqu’à présent, le malfaiteur s’était reposé uniquement sur son apparence effrayante et sur les armes à feu qu’il brandissait devant les gens qu’il souhaitait terroriser. À l’occasion de ce nouveau récit, il se dote désormais d’un arsenal qu’il ne quittera plus.

Le patronyme du dangereux professeur, Crane, renvoie au personnage d’Ichabod Crane, au coeur de l’intrigue de La Légende de Sleepy Hollow, une nouvelle écrite par Washington IRVING en 1820. Inscrit par ce biais dans l’imaginaire américain, l’Épouvantail prend de plus en plus d’importance au fil de ses apparitions dans les aventures du protecteur de Gotham City. Au point d’être placé, rétrospectivement, au coeur de la mythologie du héros. C’est ainsi qu’il apparaît dans la série LEGENDS OF THE DARK KNIGHT, un titre dont le but consiste à raconter les aventures de Batman durant ses premières années de carrière.

L’Épouvantail tient un rôle essentiel dans la saga « Terreur », écrite par Doug MOENCH, dessinée par Paul GULACY et publiée dans LEGENDS OF THE DARK KNIGHT #137 à 141 (à lire dans LA PROIE D’HUGO STRANGE, coll. DC Nemesis).
Il rencontre à cette occasion un autre spécialiste des mécanismes psychologiques, le professeur Hugo Strange, qui tente de s’en faire un allié avant de se rendre compte que Crane n’est pas si facile à manipuler.

Le criminel fait également une apparition remarquée dans deux autres chapitres célèbres consacrés aux premières années de Batman. Il intervient ainsi dans BATMAN : UN LONG HALLOWEEN (dans la coll. DC Black Label), écrit par Jeph LOEB et dessiné par Tim SALE, ainsi que dans l’aventure intitulée CATWOMAN À ROME… que réalise ensuite le tandem d’auteurs. Ces récits successifs imposent le personnage dans les rangs des pires ennemis du justicier, présents dans son univers depuis les premiers temps.

Malgré sa carrière criminelle, Jonathan Crane est encore considéré comme un psychologue de renom, et recourt régulièrement à ses compétences afin de dresser le profil psychologique de telle ou telle personne, rôle qu’il tient dans la saga SILENCE, réalisée par Jeph LOEB et Jim LEE (coll. DC Essentiels). S’il n’a pas la finesse d’analyse d’un Hugo Strange, sa connaissance des rouages mentaux lui confère un avantage évident sur ses adversaires. Mais il arrive parfois que le criminel soit lui-même victime de ses propres produits chimiques. C’est ainsi qu’il s’est momentanément
transformé en créature inhumaine, puissante et destructrice, surnommée « l’Épouvantable », sous l’effet des toxines de son invention, dans BATMAN #627 à 630 en 2004.

Au fil de ses apparitions, quelques informations complémentaires viennent éclairer sa carrière et mettre en lumière les fragilités toute humaines du personnage. Ainsi, la mini-série BATMAN / SCARECROW: YEAR ONE, publiée en 2005, nous apprend que Jonathan Crane a peur depuis l’enfance des chauves-souris. Puis, dans BATMAN: THE DARK KNIGHT #4, paru en 2012, le scénariste Paul JENKINS et le dessinateur David FINCH expliquent que le professeur a été, durant sa prime jeunesse, le sujet d’expériences menées par son père (à lire dans BATMAN : LE CHEVALIER NOIR tome 1, coll. DC Renaissance).
Pour autant, Crane n’a pas trouvé la rédemption. Ces traumatismes fondateurs ne l’ont pas empêché de continuer à développer des produits hallucinogènes, dont il fait un usage de plus en plus fréquent, et parfois à grande échelle.

Ainsi, dans la saga « Gothtopia » (dans BATMAN – JOUR DE COLÈRE, coll. DC Renaissance), il parvient à mener une expérience sur plusieurs héros de Gotham City, à qui il fait croire qu’ils vivent dans une version alternative de la ville. Véritable incarnation de la peur, il a également, pendant une brève période, été le dépositaire d’un anneau de pouvoir appartenant au Corps de Sinestro, s’attirant ainsi les foudres de Batman, mais également des Green Lantern.
À l’image des gaz dont il se sert, l’Épouvantail constitue une menace invisible, silencieuse et sournoise, dont bien souvent les effets sont détectables avant sa présence même. Capable de manipuler les esprits, il est parfois en mesure de retourner les héros contre leurs alliés et d’utiliser leurs propres peurs contre eux. À bien des égards, l’Épouvantail n’est pas un homme de paille, mais une menace à prendre au sérieux.

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Découvrir Batman Arkham L’épouvantail
Sous des allures respectables, Jonathan Crane, un professeur d’université spécialiste des phobies, est en réalité l’un des pires malfaiteurs de Gotham City : l’Épouvantail. Adoptant une apparence effroyable, il utilise les peurs de ses victimes afin d’acquérir richesse et pouvoir. Mais peut-il vraiment vaincre un justicier connu lui aussi pour frapper de terreur le coeur des criminels ?
Un série d’albums aux récits inédits consacrés aux plus grands ennemis de Batman !
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