Salut ! C’est Brian Bendis, l’un des trois créateurs de Naomi. J’écris ce billet sur Naomi dans le dos des autres, David et Jamal, qui ne se doutent de rien. Si je voulais m’adresser à vous en privé, c’est justement pour parler… d’eux.

David et moi sommes amis depuis qu’on s’est rencontrés à Portland au début des années 2000, lorsque j’y ai emménagé avec ma famille. J’étais déjà familier du souvent génial BadAzz Mofo, son magazine de blaxploitation underground, parce qu’il était disponible chez un disquaire que je fréquentais à Cleveland. (Dans les années 90, les gens fréquentaient des magasins de disques, oui. Jetez un oeil au film High Fidelity, c’était exactement comme ça.) À Portland, David était chroniqueur ciné pour le journal rock n’ roll gratuit du coin, et il m’invitait souvent à l’accompagner aux projections presse. On se marrait bien, et c’est là qu’est née une amitié fondée sur notre amour commun pour l’art de la narration. D’ailleurs, je ne m’en suis jamais caché, mais l’aide de David et ses retours honnêtes et bienveillants ont joué un rôle important dans le succès de Miles Morales. Sans sa générosité et sa franchise, Miles ne serait jamais devenu le phénomène de pop culture qu’il est aujourd’hui. Par la suite, je lui ai proposé d’enseigner à mes côtés. J’étais professeur d’écriture à la fac depuis quelques années, mais le nombre grandissant d’enfants dans ma maison et la charge de travail accrue générée par l’adaptation en films ou en séries de mes comics commençaient à remettre en question ma capacité à arriver en cours à l’heure. Étant donné que David et moi partagions un tempérament proche et une passion commune, je me suis dit qu’il ferait un parfait prof suppléant. (Et puis de temps en temps, ça ne fait pas de mal aux auteurs de sortir de chez eux.)
Au fil des années, le cours d’écriture a cessé d’être un passage de relais entre lui et moi pour devenir la tribune commune de deux profs un peu geek sur les bords. Et au cours de ces heures où nous explorions la structure du parcours héroïque et la manière dont elle avait évolué à l’ère moderne, je me prenais à regarder David d’un coin de la salle de classe à l’autre, et à me dire « On devrait mettre ça en pratique, plutôt que de simplement en parler. » Je l’avais déjà prévenu qu’un jour ou l’autre, nous finirions par créer quelque chose ensemble. Puis, j’ai saisi cette opportunité en or chez DC, je suis tombé malade, et j’ai bien failli y passer. Je ne prends pas plaisir à évoquer cette période-là, mais elle est importante pour comprendre d’où viennent les émotions déployées dans les pages que vous allez lire.

Il y a un peu plus d’un an, donc, j’ai été frappé par la maladie, et on m’a annoncé que mon état n’allait pas s’améliorer. David, comme tous mes autres meilleurs amis, était là pour moi. Littéralement à côté de moi. C’est pendant ses visites à l’hôpital que nous avons commencé à parler de ce que serait Naomi. Nous allions créer un personnage inspiré de ce qu’il avait vécu en grandissant à Portland et qui offrirait une voix neuve et vivace au choeur de l’Univers DC. Nous n’avions aucune idée de son nom ou de ses pouvoirs, mais nous savions pourquoi nous voulions la créer. C’est toujours difficile, d’inventer de nouvelles choses, mais savoir pourquoi on le fait aussi tôt, c’est un sentiment vraiment unique. Depuis mon lit d’hôpital, je pensais que je ne rencontrerais jamais Naomi, et David était à mon chevet aussi souvent que c’était humainement possible. Mais, hé, miracle ! Ça ne s’est pas passé comme prévu, et Naomi est née la semaine suivante. Ce que je veux dire, c’est que ce livre a vu le jour dans une tempête d’émotions, au début d’un supplément de vie inespéré et dans la chaleur d’une amitié personnelle et professionnelle renouvelée. Et, bien sûr, au milieu de pensées constantes pour ma famille !

Désolé de devenir aussi sentimental et d’entrer dans autant de détails personnels, mais tout ce qui entoure la création de Naomi est sentimental et personnel. Mais… Je connais David aussi bien que je connais mal Jamal. À vrai dire, je ne sais rien de lui, sinon qu’il n’y a pas la moindre case, la moindre page, la moindre idée à laquelle il ne rendra pas justice. Il a choisi de travailler sur Naomi alors que d’autres projets incroyables lui tendaient les bras, et en échange, nous avons fait tout notre possible pour que cette histoire soit digne de son fantastique talent. Merci, Jamal ! Certains d’entre vous savent peut-être déjà que j’ai deux filles adoptives, mais Naomi n’en est pas pour autant un reflet. Quand l’adoption fait partie de votre vie, vous avez parfois la chance de vous retrouver entouré d’autres familles avec des parcours et des dynamiques similaires et différentes à la fois. Et, pour ainsi dire, tous ceux qui ont travaillé sur ce comics ont une famille unique en son genre.

Donc non, cette histoire n’est pas une version déguisée de celles de mes filles. Mes filles connaissent leurs propres histoires, et elles sont libres de les raconter elles-mêmes de la manière qu’il leur plaira si elles en ont envie. Mais la vérité universelle de l’adoption occupe une part importante de nos vies, et nous voulions que Naomi puisse nous permettre de l’exprimer d’une manière sympa et sincère. Bien entendu, les comics sont pleins d’orphelins (Quel est le point commun entre Bruce Wayne, Clark Kent et Peter Parker ?), et Naomi s’inscrit dans cette tradition, mais sa famille et son point de vue n’appartiennent qu’à elle. Ma fille Sabrina m’a tout de même demandé si j’avais bien été élevé par des humains. Une question raisonnable.

Mais bien que cette histoire ne soit pas celle de mes filles, elles s’y sentaient connectées et ont passé beaucoup de temps à discuter de Naomi et à la construire avec nous. Lorsqu’elle a vu les premiers dessins de Jamal, ma fille Tabatha m’a pointé du doigt et s’est exclamée « Thor ! » Je lui ai demandé ce qu’elle voulait dire, et elle m’a répondu : « Naomi devrait faire aux gens le même effet que Thor lorsqu’il entre dans une pièce. » Fin. Honnêtement, si Naomi est devenue un personnage aussi fort de l’univers DC, c’est parce que… ouais. Tabatha avait raison. David, Jamal et moi-même avons encore un peu de mal à assimiler le succès phénoménal de ce comics, même si nous avons eu quelques mois pour nous y faire. Réimpressions à gogo ? Wow ! Va expliquer ça. On imagine simplement que les lecteurs ont ressenti et apprécié à quel point nous aimions ce sur quoi nous étions en train de travailler. Ça a été une expérience magnifique, et je suis immensément heureux que nous ayons pu la vivre avec vous. Partagez ce comics avec quelqu’un qui a besoin de Naomi. C’est pour ça que nous l’avons créée. C’est pour ça qu’elle est là. Merci. Oh, et, vous savez ce qui est encore mieux que de dire « Je vous présente Naomi » ? C’est de dire « On se retrouve à la saison 2 !»

naomi-tome-1

Découvrir Naomi

Les habitants d’une petite bourgade du nord-ouest des États-Unis sont chamboulés par un combat en centre-ville entre Superman et Mongul qui a entraîné autant de dégâts que d’attention. L’affrontement éveille par ailleurs la curiosité de la jeune Naomi qui s’interroge sur son passé et ses racines, avant son adoption par ses parents. Les réponses ne vont pas tarder à venir et ces secrets de familles vont aller jusqu’à mettre en jeu la survie de la Terre elle-même !

Découvrir

Plus d'articles