En 1943, les studios Paramount mettent un terme à la production des films animés de Superman. Ceux-ci avaient petit à petit orienté le thème des épisodes vers la propagande : Superman s’opposait aux forces de l’Axe et notamment à des saboteurs nazis et japonais. De même, dans les comic books, de nombreux épisodes et couvertures vont être consacrés à l’effort de guerre.
Superman sur tous les fronts
Remplaçant Fred RAY en tant qu’illustrateur de couvertures, Jack BURNLEY va multiplier les couvertures mettant en scène Superman en plein conflit. Plus porté sur l’action que le symbolisme de son prédécesseur, l’artiste apporte un plus non négligeable aux magazines de l’époque.
Pour autant l’intérieur n’est pas en reste, puisque Jerry SIEGEL continue de jouer avec les limites du statu quo de son personnage.
Dans le premier numéro de l’année, Superman #20, il place Clark Kent dans une situation délicate : son identité a été révélée par Lois Lane, dans un article qui se voulait un canular. La mauvaise plaisanterie est prise au sérieux par les médias qui retransmettent la « nouvelle », et bien vite, tous les ennemis de Superman, du Prankster au Puzzler en passant par Luthor – et même
le Führer !- vont prendre pour argent comptant cette information.
Petit clin d’oeil aux autres publications DC,Jerry SIEGEL offre une apparition, sur une case, à Bruce Wayne et Dick Grayson : une des premières fois que les deux héros se croisent (ils sont déjà apparus de concert dans All Star Comics et partagent la couverture de la revue World’s Finest Comics). Clark réussira bien entendu à convaincre ses pairs de la « supercherie » et retrouvera sa petite vie de journaliste. Mais quelque temps plus tard, dans Superman #21, il va devoir feindre la mort de son alter ego, afin de coincer des malfrats. « The Ghost of Superman » est une des premières histoires à s’interroger sur l’effet qu’aurait la disparition du héros sur son entourage. Enfin, dans Action Comics #60, le scénariste, épaulé par George ROUSSOS offre à Superman une Superwoman ! Victime d’un accident de la route, Lois Lane est plongée dans le coma, Superman se propose pour une transfusion de sang : mais voici que la journaliste se remet non seulement de ses blessures, mais, de plus, se découvre les mêmes pouvoirs que son héros. Vêtue d’un costume similaire, elle se lance elle aussi dans un combat pour la vérité et la justice et va jusqu’à sauver l’Homme d’Acier. Elle le convainc ainsi de l’épouser juste à temps pour se réveiller de son coma !
Dans un même ordre d’idée, l’épisode suivant montre Lois accepter la demande en mariage d’un playboy douteux nommé Craig Shaw : Clark tente alors de lui révéler son secret mais échoue à chaque fois à lui apporter une preuve valable. Jerry SIEGEL, dans cette histoire, renverse de façon astucieuse son procédé habituel. Le scénariste va également rendre des aventures de propagande, dans lesquelles l’Homme d’Acier vient au bout de saboteurs de la 5e colonne, ou aide à débarrasser l’Air Force des « Squiffles », une variante des « Gremlins », ces lutins qui détruisent la mécanique des engins. Comme son héros, SIEGEL ne tarde pas à être également appelé à servir son pays et est remplacé par de nouveaux scénaristes comme Don CAMERON ou Bill FINGER qui officient déjà sur Batman. Bill FINGER apporte ainsi un des vilains dont il a le secret, avec Hi-Jack, un super-vilain qui s’inspire de cartes à jouer et qui prépare des pièges fatals pour le héros. D’autres ennemis font leur réapparition, comme le Puzzler dans Superman #20, ou le Prankster, qui non seulement devient un ennemi récurrent (dans Action Comics #57 et Superman #22) mais promène également son physique particulier dans certaines cases des aventures de l’Homme d’Acier, au cours de l’année. Enfin, l’une des menaces les plus étonnantes de l’univers de Superman fait son entrée dans Action Comics #59, en la personne de Suzie Thompkin, l’horrible nièce de Lois Lane : la petite peste va empoisonner l’existence du héros au cours des années 1940 et vient de faire son retour dans les épisodes d’Action Comics de la Renaissance DC, écrits par Grant MORRISON.
Comme pour les vilains, on trouve du nouveau également du côté des dessinateurs : John SIKELA et Joe SHUSTER sont rejoint par George ROUSSOS, Sam CITRON, Ed DOBROTKA ou Ira YARBROUGH, tandis que dans les strips de Superman, Wayne BORING est rejoint par l’encreur Stan KAYE et va l’aider à définir le look du héros pour le reste des années 1940.