Plongez dans la ville de la folie ! Découvrez la rencontre entre deux univers, celui de la chauve-souris et de Cthulhu avec Batman City of Madness !
J’aimerais dire que Batman m’a sauvé la vie. Ce serait grandiose. Mais pour être honnête, je ne mènerais pas la vie que j’ai sans lui.
1989 a été une année très marquante pour le Christian WARD de 12 ans que j’étais. J’avais toujours adoré Batman. J’étais fan de la série des années 1960 et je dévorais tous les comics que mon père ramenait de chez le marchand de journaux (ceux de Jim APARO et de Neal ADAMS étaient mes préférés), mais cet été‑là, le Batman de Tim BURTON a transformé cet amour en obsession. Ça a été le premier film à être interdit aux moins de 12 ans, ici, au Royaume‑Uni. Ce qui signifie qu’il s’en est fallu de peu pour que je ne puisse pas le voir. Ça a rendu la chose encore plus excitante et m’a donné l’impression de basculer dans l’âge adulte. C’était comme voir mon premier film d’horreur. Je me souviens encore avoir détourné le regard quand le personnage de Jerry HALL révèle l’œuvre du Joker sur son visage : « Ce n’est qu’une esquisse.» Pour un esprit aussi jeune que le mien, cette noirceur gothique sur grand écran a été un bouleversement. Après ça, j’ai essayé de mettre la main sur autant de Batman que possible. Mais il fallait que ça ait l’air adulte, car je courais après ce sentiment que j’avais ressenti.
Avance rapide vers Noël 1990. Sachant que ma passion pour Batman avait largement dépassé Adam WEST et Burt WARD, mes parents m’ont offert ARKHAM ASYLUM de Grant MORRISON et Dave McKEAN. Ce roman graphique a été un choc encore plus grand que le film de BURTON. Je me souviens encore des moments où je le feuilletais, ce matin de Noël. Admirer les peintures de McKEAN a été une révélation. C’était comme être frappé par l’éclair qui illumine Killer Croc, peu avant la fin. C’est là que je l’ai ressenti pour la première fois, puis que je l’ai vraiment compris après avoir lu le livre : le pouvoir qu’ont les comics. Ils divertissent et racontent une histoire, mais ils peuvent vous faire éprouver tout un éventail de sentiments. C’est ce jour‑là que j’ai décidé de devenir auteur de comics.
Je suis ensuite devenu un imitateur de Dave McKEAN et j’ai gavé mes profs d’art de dessins et peintures de comics. Ils m’ont tous rétorqué la même chose : les comics ne sont pas de l’art et baser tous mes rêves et mes espoirs là‑dessus n’était pas réaliste. Et effectivement, la vraie vie m’a rattrapé. Je suis à mon tour devenu professeur et il m’a fallu environ 20 ans pour assouvir mon désir. J’ai débuté dans les comics indépendants, mais je rêvais toujours de raconter une histoire de Batman. Et tandis que ma carrière d’artiste décollait, l’idée de ce que serait cette histoire grandissait en moi.
Je replongeais religieusement dans ARKHAM ASYLUM tous les ans, et l’élément qui me marquait le plus à chaque lecture était le sens du danger, et plus important, la magie qui se déroulait hors des pages, au‑delà de ce qu’on pouvait voir. Plus je mûrissais, plus il me semblait évident qu’Amadeus Arkham (et ensuite, Batman) était victime d’une espèce de crise horrifique cosmique et je voulais explorer cette histoire.
Je n’étais pas assez arrogant pour penser réaliser une suite directe, mais pourquoi pas quelque chose dans la continuité spirituelle d’ARKHAM ASYLUM ? Quelque chose qui servirait à rendre hommage au comic book qui avait changé ma vie et m’avais permis de mener celle que j’ai à présent et que j’aime. Ça me semblait être convenable, mais peut‑être hors de ma portée. J’ai souvent repensé à cette histoire au fil des ans, au point d’en réaliser des illustrations. À quoi ressemblerait la galerie de vilains de mon Batman ? Elles finissaient évidemment sur mes réseaux sociaux. Surtout celle que j’ai postée un Halloween.
Je n’avais pas pu m’empêcher de dessiner le Batman de mon comic book d’horreur, le Batman des abysses, mon Batman‑d’en‑Bas. En voyant les réactions qu’elle a suscitées, je n’ai pu m’empêcher de me demander si ça ne pourrait pas se réaliser. Puis, il y a eu AQUAMAN : ANDROMEDA avec Ram V. j’ai ainsi pu faire connaissance et sympathiser avec les brillants éditeurs du Black Label, Matthew LEVINE et Chris CONROY. Une fois ce récit terminé, on a discuté de ce qu’on pourrait faire ensuite. C’est là que Chris m’a demandé : « ce Batman de comic book d’horreur, là. Tu as une histoire qui va avec ?» Je lui ai répondu que oui. Et grâce à la magie des comics, vous avez pu la lire.
Christian WARD mai 2024
Batman City of Madness
La Cour des Hiboux, sinistre cabale gothamienne qui tire les ficelles dans l’ombre, garde un portail menant à une Gotham City déformée, en proie à des créatures terrifiantes dépassant largement les frontières de l’imaginable. Quand ce passage entre les deux mondes cède une créature de la nuit s’infiltre dans Gotham avec un objectif bien précis en tête : trouver son propre Robin pour l’accompagner dans son éternelle quête de vengeance…