La nature de l’épiphanie, c’est qu’elle change l’univers sans le bouger d’un poil. Devant vous, tout s’éclaire d’un jour nouveau, sous une lumière parfois si aveuglante que c’en est douloureux. Il en va de même pour le scénario des comics grand public.

Ces bandes dessinées (particulièrement chez les deux titans que sont DC et l’autre de chez Stan, en face) forment un univers fictionnel aussi défini, et souvent aussi insondable que le véritable Univers. Un grand roman ou un grand film peuvent vous transporter dans un monde nouveau, mais des comic books comme CRISE D’IDENTITÉ ont une tâche bien plus complexe. Ils doivent vous faire ressentir que vous voyez quelque chose de neuf sans détruire ce qui est familier. Ne pas tuer Superman.

Ne pas révéler que tout ce qui est arrivé depuis 1972 était un rêve. Juste allumer cette lumière et nous montrer ce qu’on aurait dû voir depuis le début. L’humanité. Brad MELTZER et Rags MORALES étudient l’humanité. Vous allez voir des héros dynamiques, aux lignes épurées, mais surtout humains et habités, grâce aux crayons de Rags.

C’est un style qui évoque les illustrateurs des années 1940 autant que les artistes plus modernes. Pour une  aventure qui éclaire toute l’histoire de l’univers DC, c’est parfait. Vous allez découvrir des batailles épiques, des énigmes inextricables, mais Brad MELTZER fait bien plus que de déplacer ses pièces sur l’échiquier avec une brillante précision (un exercice difficile, dont la maîtrise n’est pas à la portée du premier venu). Il humanise. Il voit les plus petits défauts, les plus sombres passions, les points les plus absurdes qui composent la vie des personnes à supers pouvoirs. Vous commencez au début. Même si vous êtes fan de DC depuis toujours, il est peu probable qu’Extensiman soit votre personnage préféré.

Mais à la mi-lecture du premier épisode, c’était certainement le mien. Brad et Rags peignent le portrait d’un homme et d’un couple si modestes et si adorables qu’il est insupportable de penser qu’il pourrait leur arriver quelque chose de mal. Et bien sûr, c’est ce qui se produit. La suite est un drame si authentique qu’il change vraiment l’univers… au moins pour quelques personnages. Ce qui fait la qualité de ce livre (c’est un bon livre, au cas où je n’aurais pas été clair), c’est que la tragédie tire ses racines du passé, de la structure existante de l’univers DC. Dans les actes terribles de grand héros.

Des actes qu’ils auraient pu entreprendre. Qu’ils auraient forcément entrepris. Qu’ils ont entrepris. Les faits étaient là, silencieux et secrets, jusqu’à ce qu’ils soient révélés en un instant aveuglant lors de l’épiphanie. Mais pas par moi. Vous allez devoir lire ce récit pour en avoir le cœur net. Et même si vous savez ce qui se passe, il vous reste à le vivre. Voilà le sentiment que vous laisse ce livre : celui de vivre avec ces gens, de partager leur souffrance, leur triomphe, leur folie.
Leur souffrance, je l’ai dit ? Vous en ressortirez avec une compréhension nouvelle du monde qui vous entoure. Vous verrez.
Joss WHEDON,
Le scénariste multi-récompensé qui a créé les séries télévisées Buffy contre les vampires, Angel et Firefly, a fait ses débuts comme réalisateur de cinéma avec le film Serenity, basé sur Firefly.

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URBAN COMICS NOMAD : Justice League – Crise d’identité

Sue Dibny la femme d’Extensiman, l’un des membres de la Ligue de Justice, a été assassinée. Le meurtrier a pu déjouer les systèmes de sécurité installés par les plus grands héros de la Terre. L’enquête menée par les justiciers va mettre à jour un complot au sein même de la Ligue et un terrible secret concernant leur traitement des super-vilains !

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