Jeph Loeb nous parle de la création de Superman for All Seasons. A presque deux semaines de la sortie du film de James GUNN le 9 juillet, plongez-vous dans un récit intimiste, « une affaire de sentiments. Une histoire sur des personnages aspirant au bien » et découvrez Superman for All Seasons !
Chaque fois qu’on me demande quelle est mon histoire préférée de toute ma production, j’hésite longuement, puis je réponds honnêtement : c’est celle sur laquelle je suis en train de travailler. C’est forcé, voyez-vous, parce que si j’écris un récit sur Hulk, par exemple, mais que je dois réfléchir en même temps à une histoire de Catwoman, les deux personnages vont en souffrir.
Mais si jamais vous me réveilliez en plein milieu de la nuit pour me poser la même question, avant même que je ne rallume ma cervelle, je serais plus honnête et je répondrais : SUPERMAN FOR ALL SEASONS.
Ces quatre chapitres distillant quatre saisons des débuts de Clark Kent sont un point de bascule dans ma carrière et celle de Tim SALE.
Nous avions déjà fait un peu de bruit et nous nous étions bien amusés avec le Chevalier Noir. Au plus haut de UN LONG HALLOWEEN, avec la perte de notre éditeur, le grand Archie GOODWIN, parti trop tôt, nous ne pensions pas revenir sur Batman (quelle erreur de notre part !).
J’ai toujours eu de l’affection pour Superman. C’était le premier personnage de comics dont j’ai lu les aventures ; je devais avoir sept ans. C’était le sujet du tout premier scénario que j’aie écrit, et que j’ai fait passer au scénariste du personnage à l’époque, Elliot S. MAGGIN (mais c’est une autre histoire).
Mais surtout, c’est le premier film Superman, par feu Dick DONNER, qui a changé ma vie. Il m’a permis de croire qu’un homme pouvait voler. C’était, et ça demeure, le film de super-héros parfait. Et j’en ai vu un paquet, j’ai même eu la chance d’en faire quelques-uns. Sans Elliot, Dick et Archie, ça ne serait jamais arrivé, et je n’ai aucun moyen de les remercier à la hauteur de ma dette.
J’ai raconté à Tim l’histoire que j’avais en tête. Contrairement à Batman, on n’aurait pas de grandes pages d’action spectaculaires ni un mystère à tiroirs pour servir de moteur narratif. Ce serait plutôt une affaire de sentiments. Une histoire sur des personnages aspirant au bien.
Tim, n’étant pas particulièrement fan de Superman, a vu quelque chose de purement et intrinsèquement américain dans cette histoire : le côté Smallville. Le côté Norman ROCKWELL.
Une fois que Tim a trouvé la façon de l’exprimer artistiquement, il n’était plus possible de l’arrêter. Il savait aussi qu’il aurait la main beaucoup plus légère sur l’encrage, qui avait pourtant si bien marché avec Batman.
Il me disait souvent qu’il cachait les imperfections de son dessin dans les ombres de Gotham (mais nul, hormis Tim, ne les a jamais vues), mais avec Superman, il savait qu’il devrait travailler en pleine lumière, à nu, pour ainsi dire.
Il aimait ce défi.
Avec ça nous est venue une autre idée brillante. À l’âge de la colorisation numérique, Tim voulait travailler sur « bleus », terme technique évoquant un procédé permettant de faire ses couleurs à l’aquarelle.
Tim était un grand fan de l’artiste danois Bjarne HANSEN. Après lui avoir fait une cour assidue, il a obtenu qu’il fasse les couleurs sur notre série. Et elles sont magiques.
Merci encore, Bjarne. Mais notre arme secrète sur toutes nos histoires, à Tim et moi, c’est Richard STARKINGS. Rich est crédité comme lettreur, mais sa contribution va beaucoup plus loin. Il est/était notre éditeur officieux, notre pom-pom girl, notre inspiration et, mieux encore, notre ami. C’est un scénariste de talent par lui-même, et il m’a sorti d’ornières terribles dans lesquelles j’avais réussi à me coller.
Jeph Loeb
Décembre 2022

Superman for All Seasons
Smallville, Kansas. Le jeune Clark, élevé par Jonathan et Martha Kent, ses parents adoptifs, découvre en grandissant qu’il possède des capacités hors du commun. Après avoir sauvé un habitant d’une tornade, il découvre qu’il vole, qu’il dispose d’une force surhumaine, et de sens extrêmement développés. Le temps passe, Clark finit de prendre son envol, pour Metropolis et une future carrière de journaliste, loin de se douter que pour lui, l’histoire ne fait que commencer…