Brian Augustyn

Brian AUGUSTYN (1954-2022) est moins connu que ces deux légendes mais son apport à DC Comics et l’ensemble de la bande dessinée américaine depuis la fin des années 1980 n’est pas pour autant négligeable. Embauché en tant qu’assistant en 1987 après avoir lancé le titre Trollords chez Comico, Brian AUGUSTYN partage son temps entre ses fonctions d’editor et de scénariste. Responsable éditorial de séries aussi variées que The Ray, El Diablo, Plastic Man, Justice League ou Wonder Woman, ou encore de la ligne Impact, composée d’anciennes licences MLJ/Archie (The Fly, The Shield ou The Comet), il sut s’entourer de collaborateurs fidèles et de talent comme William Messner-Loebs, Christopher PRIEST ou Len STRAZEWSKI. Mais a également découvert des dessinateurs tels que Mike PAROBECK, qui allait reprendre et définir le style de la série The Batman Adventures ; Travis CHAREST qui allait exploser quelque temps plus tard sur WildCATS ; ou bien encore Humberto RAMOS, qui débute aux États-Unis sur Impulse.

Mais le plus important de ces collaborateurs reste Mark WAID, collègue d’AUGUSTYN dans les couloirs de DC Comics. Leur premier fait d’armes en tandem se trouve dans Detective Comics Annual #2 de 1989, juste à temps pour la sortie du film de Tim Burton, ils délivrent, sous une impressionnante couverture de Brian BOLLAND, une réécriture d’une histoire d’Ed HAMILTON (parue dans Batman Mythology – Bruce Wayne) : l’entraînement de Bruce par un détective privé nommé Harvey Harris, récit qu’ils situent dans le sud des États-Unis avec comme toile de fond la présence menaçante du Ku-Klux-Klan. Quelques années plus tard, Brian AUGUSTYN écrira la mini-série Black Mask, dessinée par Jim BAIKIE, située dans les années 1950 et qui revient également sur le côté sombre du rêve américain avec une histoire de corruption dans le contexte de l’après-Guerre de Corée.

Quelques mois après Detective Comics Annual, WAID, en tant qu’editor, et AUGUSTYN, en tant que scénariste, fournissent un coup d’éclat ; Gotham by Gaslight, illustré par Mike MIGNOLA et P. Craig RUSSELL, qui montre Batman traquer Jack l’Éventreur en pleine époque victorienne, fait date chez l’éditeur puisqu’il remet au goût du jour les histoires imaginaires et les versions modifiées des plus grands héros, effacées depuis Crisis on Infinite Earths. Gotham by Gaslight sera ainsi rattaché rétroactivement au label « Elseworlds » créé à partir du prestige format Holy Terror écrit par Alan BRENNERT et dessiné par Norm BREYFOGLE. La suite de Gotham by Gaslight, toujours écrite par AUGUSTYN mais dessinée par Eduardo BARRETO sortira en 1991. Maintenu pendant presque vingt ans, le label sera d’ailleurs le thème des Annuals des titres DC sortis à l’été 1994 et qui voit une autre excellente collaboration de WAID et AUGUSTYN sur un Batman alternatif : « Citizen Wayne » dans Legends of the Dark Knight Annual #4, dessiné par Joe STATON et Horacio OTTOLINI, un hommage évident au chef d’œuvre d’Orson Welles.

C’est bien évidemment le travail de Mark WAID sur Flash supervisé par Brian AUGUSTYN qui va faire entrer le scénariste autant que leur personnage dans la cour des grands. Wally West, le successeur de Barry Allen, va enjamber à super-vitesse les restes du grim’n gritty qui a sombré en ce début des années 1990 dans la caricature creuse. Des super-mercenaires serrant les dents jusqu’à nous montrer l’état de leurs gencives et des bad girls aux mensurations impossibles pullulent sur les couvertures des différents éditeurs et les copies de copies de Watchmen et The Dark Knight Returns abondent. Le sens du merveilleux, héritage des super-héros du Silver Age n’a pour autant pas disparu et se voit ranimé par le Flash de Mark WAID et Bryan AUGUSTYN sur lequel se succèdent au dessin de nouveaux venus au style rafraichissant ; Mike WIERINGO, Salvador LARROCA ou Oscar JIMENEZ se sont fait tour à tour remarquer avant d’enchaîner sur des franchises plus célèbres comme les X-Men ou Spider-Man. La série inspire d’ailleurs l’approche du scénariste Grant MORRISON sur sa reprise de JLA tandis que WAID et AUGUSTYN réalisent la maxi-série JLA Year One et que WAID devient une superstar, enchaînant les passages sur les X-Men, Captain America, Ka-Zar et Fantastic Four.

Après son départ du staff éditorial de DC, la suite de la carrière d’ AUGUSTYN voit le scénariste participer à plusieurs titres dont X-O Manowar chez Valiant ou Mega Man pour Dreamwave Productions, ainsi que créer des séries en tandem avec Humberto RAMOS : Crimson, tout d’abord, sur le label Cliffhanger de WildStorm, propose une histoire de vampires modernes, tandis que Out There, toujours chez le même éditeur, montre des collégiens affronter des démons dans une petite ville des États-Unis. Les deux titres permettent notamment à RAMOS d’acquérir une renommée auprès des fans qui le voit accéder à Spectacular Spider-Man chez Marvel où il impose durablement son empreinte sur le personnage. De son côté, AUGUSTYN apportera son savoir à des maisons d’édition indépendantes et livrera, toujours en tandem avec Mark WAID, les séries Archie 1941 et Archie 1955. Il s’éteint le 1er février d’une crise cardiaque à 67 ans.

Aujourd’hui les héros de nos comics sont omniprésents : télé, jeux vidéo, cinéma, vêtements, figurines… le monde entier est en connexion avec ces imaginaires. Alors, la prochaine fois que vous verrez Batman défendre Gotham des plans apocalyptiques de Ra’s al Ghul, Flash utiliser la Force Véloce pour sauver la Terre ou bien Thanos claquer des doigts pour annihiler la moitié de l’univers, ayez une pensée pour ceux qui ont rendu possibles ces moments inoubliables.

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