THE LOSERS est la plus grande histoire de conspiration hollywoodienne que vous ayez jamais vue. Les studios d’Hollywood se sont dit la même chose, et en ont fait un film.

Mais ce que vous tiendrez entre les mains est le filon d’origine. C’est la bande dessinée qui a tant enthousiasmé ses lecteurs. Et même si l’histoire est aussi américaine que la c.i.a., les machinations mondiales et New York, c’est la création de deux anglais : le scénariste Andy Diggle et le dessinateur Jock.

Je leur tire ma casquette de baseball, parce qu’ils travaillent ensemble avec la même efficacité qu’une brique de c-4 et un détonateur. Alors, qu’avons-nous là ? Il est temps d’examiner les preuves. Bon, je vois un groupe militaire secret de cowboys. Ils sont cinq : Clay, Jensen, Pooch, Cougar et Roque. Aucun problème pour les distinguer, grâce au talent de l’équipe qui les a créés ; après, vous êtes libres de vous disputer des heures entre amis (ou avec vous-même) pour décider qui est le meilleur. Clay semble être le chef, Jensen le hacker déjanté, Pooch le type qui a une famille, le Stetson de Cougar le protège du soleil alors qu’il enchaîne les tirs de sniper, roque porte des cicatrices à l’intérieur comme à l’extérieur. Mais voici qu’arrive le joker du groupe, Aisha. Mais qui c’est, celle-là ? On dirait qu’elle veut les aider, mais qu’elle a ses propres intentions.

Bon, à qui ils s’attaquent ? À la c.i.a., bien sûr, mais aussi à un complexe militaro-industriel, au Pentagone, à la Maison- Blanche, à divers gouvernements étrangers, à des terroristes internationaux, des mafieux, des traîtres… et à un personnage obscur appelé Max, qui n’existe peut-être même pas. Est-ce que j’aiguise votre appétit ? en écrivant ces mots, j’aiguise déjà le mien : j’ai envie de relire toute cette fichue  série.

Retouvez le premier tomes de la mini série Losers le 8 novembre en librairie

Je ne sais plus quand une histoire m’a autant éclaté. Pensez à Jason Bourne et James Bond dans Predator et rajoutez un soupçon de Mission : Impossible. Et mêlez à ça la colère d’Andy Diggle (c’est un écrivain qui en a raz la pastèque de la corruption mondiale et des escrocs). Il sait que les conflits se déclenchent rarement pour les raisons que les porte-parole et les médias nous vont avaler. Mélangez tous ces ingrédients dans le mixer des dessins sidérants de Jock et vous obtenez un bonheur pour les yeux, mais aussi pour l’esprit. L’action passe, sans même vous laisser le temps de respirer, d’un complexe pétrolier au Texas à un volcan de Montserrat, en passant par le Qatar et une forteresse dans la passe de Khyber. Cette forteresse est le théâtre d’une mission de sauvetage si audacieuse et complexe qu’elle suffirait à faire un film, mais ce n’est qu’un fragment de l’ensemble. À l’instant même où la tension est à son comble, des salves d’humour débarquent, tout aussi explosives que l’action. Oh, et si vous vouliez une scène de poursuite à travers le métro de Londres, vous l’avez. Une ville fantôme près de tchernobyl ? Elle y est. Des tremblements de terre, des lance-missiles et quelques bombes nucléaires portables ? Et pourquoi pas ? Mais le vrai génie de THE LOSERS , c’est… qu’on y croit. Déjà parce qu’on croit en ses personnages : ils ont une personnalité et des faiblesses. Messires Diggle et Jock leur donnent corps et vie. on aura rarement vu autant d’intelligence dans un récit d’action. Cela dit, THE LOSERS  a été influencé par des fictions du passé. une génération ou deux plus tôt, les lecteurs étaient ébahis par les histoires d’espionnage de John Buchan, Alastair Maclean et Ian Flemming, dont les intrigues se déroulaient souvent dans des lieux exotiques et mettaient en scène des ennemis mystérieux et des agences obscures. leurs « super-héros » n’étaient pas toujours si super : c’étaient des humains faillibles qui affrontaient plus fort qu’eux. ils pouvaient être capturés et torturés, ils ressentaient la douleur… mais ils résistaient. il le fallait… ils avaient tout à perdre.

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Max est sans nul doute le plus grand méchant que 007 n’a jamais rencontré, mais il ne peut exister que grâce à nous, tout comme les groupes militaires secrets comme les losers, qui n’existent que parce que nos dirigeants politiques savent qu’ils ont un rôle à jouer sur la scène mondiale, mais hors de notre vue. Il y a un sous-texte politique tout le long de l’aventure, et il est difficile de ne pas être d’accord quand on commence à regarder les preuves. de la dépendance de l’occident sur le pétrole du Moyen-orient aux dangers environnementaux de l’énergie nucléaire, on a toujours l’impression qu’Andy Diggle sait prendre le pouls géopolitique de notre monde. Mais cela dit, vous ne le remarquerez pas forcément. vous serez trop occupés à profiter des montagnes russes. Alors, préparez-vous à visiter des endroits étonnants, où vous serez immergés dans une action incroyable en profitant d’excellents dialogues. les conspirations laissent place à d’autres machinations et le nombre de victimes ne cesse d’augmenter…

Bienvenue dans le monde des losers. 

 

– Ian Rankin
Édimbourg, 2010

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