John byrne (1950-…) Artiste canadien, né en 1950, démarra sa carrière dans le fanzinat avant de livrer ses premières bandes pour la compagnie Charlton. Ses passages sur Iron Fist, Marvel Team-up, Captain America, Alpha Flight et surtout Uncanny X-men et Fantastic Four lui valurent, dans les années 1980, une célébrité sans précédent. Cet auteur complet, outre sa refonte de Superman en 1986, a également réalisé pour Marvel : Miss Hulk, Namor, les Vengeurs de la côte ouest, et pour DC comics : Batman, Doom Patrol, The Demon et les trois miniséries Superman & Batman: generations. Il a récemment réalisé des séries dérivées de Star Trek ainsi que plusieurs créations pour l’éditeur idw.   

Superman a débuté sous la forme d’une série télévisée avec George REEVES en vedette. Elle a été diffusée vers 1957 et le premier épisode s’intitulait « Superman et le phare hanté ». Puis, le personnage est apparu dans des parutions annuelles, cartonnées et en noir & blanc, reprenant plusieurs aventures, Superman côtoyant des étoiles telles que Rex le Chien Prodige. Par la suite, en tant que Superboy, il est apparu dans un numéro comprenant trois histoires, avec Johnny Quick et Batman & Robin.


Cela sonne faux, pensez-vous ?

Vous avez peut-être entendu dire que Superman a été créé au milieu des années 1930 par Jerry SIEGEL et Joe SHUSTER. Qu’il est d’abord apparu dans ACTION COMICS numéro un, daté de juin 1938. Qu’il a obtenu son propre titre quelques mois plus tard, puis qu’il est apparu dans des dizaines de séries parmi lesquelles ADVENTURE COMICS, WORLD’S FINEST COMICS et JUSTICE LEAGUE OF AMERICA. À quoi il faut également ajouter des serials à succès projetés dans les salles, avec Kirk ALYN dans le rôle principal, ou encore les productions animées des Studios FLEISCHER, aussi simples que spectaculaires. Tout ceci s’étant déroulé bien longtemps avant que George REEVES n’enfile la cape.
En fait, ça aussi, c’est vrai. Mais ce n’est pas de cette manière que moi, j’ai rencontré l’Homme d’Acier, et c’est de cela que je vais vous parler aujourd’hui. De Superman. De ma vision personnelle de la Légende.

J’avais environ sept ans quand j’ai vu Superman pour la première fois. Ma famille était encore en Angleterre, où je suis né et où j’ai passé la majeure partie des huit premières années de ma vie. Nous vivions à l’étage de la maison de mes grands-parents maternels, dans la ville de West Bromwitch, dans le Staffordshire. Mon père avait un bon boulot en tant que contremaître pour le Midlands Electricity Board, et si nous n’étions pas pauvres, la télévision apparaissait comme une forme de luxe. Nous avions un petit appareil en noir & blanc dans un coin de notre salon. Y a-t-il encore un lecteur moderne capable d’imaginer que le noir & blanc était la seule option ? C’était une fenêtre sur un autre monde. La plupart des programmes étaient britanniques, bien entendu. En tout cas ceux que je regardais et que j’adorais. Muffin the Mule. Flower Pot Men. Billy Bean and His Funny Machine. The Sooty Show. Des programmes pour les gamins. Et puis, il y avait aussi les séries d’aventure à destination des plus grands. Ivanhoé, avec un jeune Roger MOORE, bien avant James Bond. Le Chevalier Lancelot, avec William RUSSEL dans le rôle titre. Ce dernier a ensuite acquis une grande renommée en devenant l’un des premiers assistants du mystérieux Doctor Who. Robin des Bois, avec Richard GREENE.

Puis, il y a eu les séries importées d’Amérique. Et celles dont je me souviens étaient très différentes des productions britanniques qui nous entouraient. I Married Joan. I Love Lucy. Dragnet. Jungle Jim. Et un jour, LES AVENTURES DE SUPERMAN.

Ça ne m’a pas réellement sauté aux yeux quand j’ai lu la liste des programmes dans les pages de TV Times. J’ai bien compris qu’il s’agissait d’une série dont je n’avais pas entendu parler, et j’ai demandé à mes parents de quoi il s’agissait. Ils semblaient ne pas savoir non plus, mais aujourd’hui je soupçonne que leur réticence à aborder davantage le sujet avait peut-être quelque chose à voir avec le titre évoquant un « phare hanté ». J’étais ce qu’on appelle parfois un « enfant sensible ». Mon imagination hyperactive, qui m’a conduit à poursuivre une carrière dans la bande dessinée, me donnait déjà des cauchemars de classe olympique quand je n’étais qu’un enfant. Un épisode de Jungle Jim mettait en scène une histoire de fantôme de la jungle. Un drap suspendu à un ballon de basket, rien de plus révolutionnaire, avait suffi à me terroriser. Si bien que, naturellement, mes parents ont fait tout ce qu’ils ont pu afin de détourner mon attention de cette série.
En conséquence, je n’ai pas vu « Superman et le phare hanté ». Pas avant l’âge de trente-quatre ans, quand je suis parvenu à le voir à l’occasion d’une rediffusion un samedi matin. Mais enfant, j’ai réussi à voir l’épisode suivant. Et moins d’une semaine plus tard, j’ai vu, dans un magasin local, l’un de ces « annuels » cartonnés en noir & blanc. C’est de cette manière que j’ai découvert les véritables couleurs du costume de Superman. La couverture reproduisait une peinture représentant l’une des histoires contenues à l’intérieur. Superman face à un serpent de mer, si je me souviens bien.
Curieusement, alors que je savais déjà lire et que je n’éprouvais aucune difficulté avec les récitatifs et les bulles de paroles, il m’a fallu presque un an avant de me rendre compte que l’emblème placé sur la poitrine de Superman était un « S » stylisé. En grande partie à cause de cela, encore aujourd’hui, je continue à le dessiner en représentant les « espaces négatifs », les silhouettes jaunes, comme autant de formes indépendantes. Avant, je voyais en elles deux poissons étranges nageant dans des directions opposées. Je les dessine encore de cette manière aujourd’hui. C’est ainsi que tout débuta. Que débuta une fascination pour la bande dessinée en général, et pour Superman en particulier, qui a plus ou moins persisté jusqu’à aujourd’hui. J’ai grandi en lisant des comic books. Je n’ai sans doute pas été un consommateur régulier avant six ou sept ans, c’est-à-dire un bon tiers de ma vie. Les bandes dessinées ont ensuite pris une grande part dans la constitution de mon imagination, en particulier celles de DC Comics. Imaginez donc ma jubilation quand ma famille a déménagé au Canada en 1958, m’exposant pour la première fois à la totalité de la production américaine. SUPERMAN. ACTION COMICS. ADVENTURE COMICS. BATMAN. DETECTIVE COMICS. WORLD’S FINEST COMICS. SUPERMAN’S GIRLFRIEND, LOIS LANE. SUPERMAN’S PAL, JIMMY OLSEN. Et plus tard, THE FLASH, GREEN LANTERN, THE JUSTICE LEAGUE OF AMERICA, THE ATOM, METAL MEN.
La plupart de ces titres contenaient deux, parfois trois histoires par numéro. Des histoires de six ou sept pages qui, dans mon esprit d’enfant âgé d’un peu plus de huit ans, contenaient autant de merveilles et de frissons que les sagas en plusieurs parties remplissant les parutions modernes (et je suis moi-même responsable d’une partie d’entre elles !). Au minimum une fois par numéro, Superman était la cible de quelque plan diabolique ourdi par le maléfique Lex Luthor. Les extraterrestres atterrissaient sur Terre avec une régularité de métronome. La Kryptonite Rouge provoquait par ses radiations des changements en Superman, qui grandissait ou rapetissait, devenait super-gros, super-stupide ou super-laid.

La Super-Famille commençait à s’étendre. Il y avait déjà Krypto le super-chien. Et voilà Kara, la cousine de Superman, qui se faisait appeler Supergirl. Elle obtint sa propre série, offrant au monde Streaky le super-chat et Comète le super-cheval. Puis, Beppo le super-singe. Ou encore Titano le super-gorille, avec sa vision mortelle à la Kryptonite. Et les méchants ! Seul Batman (et peut-être aussi Dick Tracy) pouvait s’enorgueillir d’une « galerie de gredins » aussi bizarre. Metallo, l’homme au coeur de Kryptonite. Le Farceur. Toyman. La Chose de -40 000 ans ! Brainiac. Bizarro. Monsieur Mxyzptlk. Et, bien entendu, Luthor, le fou, le savant ayant mal tourné. Et puis, il y avait les dames. Pour un homme qui n’avait aucune relation stable, Superman était entouré de nombreuses jolies femmes. Lois, bien sûr, mais aussi Lana Lang, la petite amie originelle de Superboy, puis Lori Lemaris, qui reste ma préférée, séparée à jamais de Superman par la barrière des espèces ! Et franchir le mur du temps a même permis au héros d’entrer brièvement dans la vie de femmes telles que Cléopâtre ou Hélène de Troie.
Les récits étaient toujours simples, sans doute simplistes selon les critères d’aujourd’hui. Je me rappelle une histoire de Lori Lemaris dans laquelle Superman emporte la jeune femme (au fait, c’est une sirène) jusqu’en Atlantide. Soudain, surgit un gigantesque dragon qui frappe le héros de sa vision radioactive avant de s’éloigner en nageant. Aujourd’hui, on ferait au moins trois épisodes avec ce dragon. D’où il vient. Comment il est arrivé là. Pourquoi il attaque Superman. À l’époque, non seulement il n’est pas très important, non seulement il n’est pas lié à l’histoire principale, mais en plus, il n’occupe que trois cases. Et vous savez quoi ? Cela ne me dérangeait pas le moins du monde. Je n’avais que dix ans à l’époque. Il paraît que les enfants de dix ans sont plus sophistiqués de nos jours. C’est probablement vrai. Une chose est sûre, je m’amusais beaucoup à lire ces histoires. Encore aujourd’hui, quand je ressors ma vieille collection élimée, certaines d’entre elles m’arrachent une larme de nostalgie.

Aujourd’hui, près de trente ans après ma découverte de cette émission dans la liste des programmes télévisés, DC Comics m’engage afin de prendre la tête de la réfection de cette légende qu’est Superman. Afin de tenter d’arracher les mollusques qui se sont accrochés au porte-étendard de la compagnie. Afin de rendre le Superman d’aujourd’hui aussi passionnant que l’a été le Superman d’hier. Afin de recréer le personnage et de faire en sorte qu’il soit plus en accord avec ce dont le public moderne a besoin. Un public plus réduit que du temps de mes dix ans. Mais également un public plus exigeant.
J’espère que vous resterez avec nous tandis que Superman s’élance dans les années 1980, puis les années 1990 et, avec un peu de chance, dans le vingt et unième siècle. Et, qui sait, peut-être que dans trente ans quelqu’un viendra s’asseoir devant un clavier et écrira de quelle manière Superman a commencé à l’occasion d’une mini-série intitulée THE MAN OF STEEL, qui fut pour lui l’introduction à un monde de merveilles, et créa une fascination sans cesse renouvelée.
Et cette personne, ce sera peut-être vous !

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Superman Man of Steel

Metropolis était autrefois le terrain de chasse privilégié de Lex Luthor, le P.
D-G. tyrannique et intransigeant de la multinationale LexCorp, mais l’arrivée d’un protecteur surhumain a changé la donne… Partageant son temps entre son identité de Clark Kent, jeune reporter pour le Daily Planet, et celle de Superman, défenseur des opprimés, il combat les menaces les plus étranges et les plus terrifiantes : Metallo, Darkseid ou Bizarro !
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