Si Jason Aaron et RM Guéra n’ont, de leur propre aveu, jamais foulé la terre d’une réserve indienne, ils œuvrent dans le plus grand respect des représentants du peuple sioux, devenus les acteurs principaux de l’une des meilleures séries Vertigo de ces dix dernières années. Scénariste comme dessinateur n’entendent cependant pas décrire à tout prix la réalité telle qu’elle est vécue aujourd’hui au sein des réserves indiennes (le trait est ici bien souvent noirci), mais la plupart des éléments relatifs à l’histoire, aux croyances et à l’organisation politique du peuple sioux sont eux véridiques. Voici quelques éléments d’information sur ce peuple légendaire, et encore bien vivant aujourd’hui.

ORGANISATION ET RÉPARTITION

Les Sioux sont une confédération de plusieurs tribus parlant différents dialectes : le Lakota, le Dakota et le Nakota. Les Lakota, aussi appelés les Sioux Teton, sont eux-mêmes un ensemble de sept groupes tribaux et représentent la tribu la plus importante des trois, occupant les terres du nord et du sud Dakota : on compte parmi leurs chefs illustres les célèbres SITTING BULL, RED CLOUD et CRAZY HORSE. Les Dakota, ou Sioux Santee, vivent principalement au Minnesota et au Nebraska. Les Nakota, tribu minoritaire, résident quant à eux dans le Sud Dakota, le Nord Dakota et le Montana.
Les habitants de la réserve octive de Prairie Rose appartiennent à la sous-tribu des Lakota Oglala – ou Sioux Oglala – signifiant « ceux qui sont en fuite » ou « ceux qui se dispersent » en langue lakota ; un sens peut-être en rapport avec le mode de vie nomade qu’ils adoptèrent historiquement.

LA GRANDE MIGRATION

Initialement concentrés dans l’état du Minnesota lors de l’arrivée des premiers explorateurs européens, en 1600, les Lakota vivaient alors principalement de la chasse aux daims et de la culture de riz sauvage. La famine et les rivalités grandissantes avec certaines tribus voisines – comme les Ojibwa – les incitèrent à migrer vers l’ouest, dès 1700. C’est leur grande maîtrise du cheval, une créature
totalement inconnue lorsqu’elle débarqua avec les premiers colons espagnols à la on du XVe siècle, qui leur permit de suivre les troupeaux de bisons dans les grandes plaines du Wisconsin, de l’Iowa, du Dakota et également plus au nord, au Canada.

LA LUTTE

Alors que la percée des pionniers européens se poursuivait vers l’ouest, sur les terres sioux, de nombreux traités furent rédigés et bafoués, menant à trois guerres et bon nombres de batailles et affrontements. Ces conflits armés constituent un pan important de l’identité sioux. Le premier affrontement sévère éclata en 1854, près de Fort Laramie, dans le Wyoming, lorsque que 19 soldats
américains furent assassinés. En représailles, en 1855,  les troupes américaines tuèrent 100 Sioux dans leur campement au Nebraska et capturèrent leur chef.
En 1866-1867, la guerre de Red Cloud – deuxième conflit d’envergure – déboucha sur un traité restituant aux Sioux la propriété des Black Hills, et ce, à perpétuité. Le traité n’a cependant pas été honoré par les États-Unis lorsque les chasseurs d’or et les compagnies minières envahirent la région, dès 1870. Le troisième conflit d’envergure opposa le général George Armstrong Custer au chef sioux Sitting Bull, à Little Bighorn, le 25 juin 1876. Le général américain perdit 300 de ses hommes. Après cette bataille, les Sioux se scindèrent en de nombreux groupes. Le massacre par les troupes américaines de 150 à 370 hommes, femmes et enfants sioux à Wounded Knee, au mois de décembre 1890, marqua la fin de la résistance des Sioux jusqu’à aujourd’hui.

LES SIOUX AUJOURD’HUI

Les Lakota étaient 20 000 au milieu du 18e siècle, un chiffre qui monte aujourd’hui à 70 000, un tiers de cette population moderne parlant la langue de leurs ancêtres. La majorité des Lakota vit actuellement sur les 4500 kilomètres carrés de la réserve – bien réelle – de Pine Ridge, au sud-ouest du Sud Dakota.

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