À propos de Goeff JOHNS présente Superman, tome 3 : Durant son passage sur le titre Action Comics, Geoff JOHNS a eu à cœur de restaurer la continuité de Superman en y mêlant la version « terre-à-terre » initiée par John BYRNE dans la série Man of Steel, en 1986, et celle, plus fantaisiste, qui fit recette dans les années 1950 et 1960 et était dirigée par le responsable Mort WEISINGER. Cette période, marquée par un environnement de science-fiction insistait sur les origines kryptoniennes du héros et faisait ainsi la part belle à la Zone Fantôme (voir Tome 1) ou au Bizarro-Monde (voir Tome 2). Mais l’un des points d’orgue de ce règne éditorial fut la création, en avril 1958, dans Adventure Comics #247, de la Légion des Super-Héros, par Otto BINDER et Al PLASTINO.

 

 

C’est en effet dans cet épisode que Superboy (version adolescente de Superman) y rencontre un trio de jeunes super-justiciers qui disent venir du XXXe siècle et lui proposent de rejoindre l’équipe après un test de ses capacités. Malgré des chausse-trappes ingénieusement conçus par les légionnaires, Superboy réussit le test et débute alors une période où la Légion fait des visites régulières dans les titres de la famille Superman. Ils recrutent ainsi Supergirl dans Action Comics #276 (1961), ou viennent chercher l’aide de Superman pour affronter la Légion des Super-Vilains (Superman #147). Chacune de leur apparition est l’occasion d’en apprendre plus sur les (nombreux) membres de leur équipe. Chaque légionnaire dispose d’un pouvoir particulier qui le distingue du reste de ses camarades, et la plupart viennent d’autres planètes que la Terre. Le groupe devient si populaire qu’il est décidé, en septembre 1962, dans Adventure Comics #300, de lui donner une série régulière dans ce magazine. Elle sera dessinée par John FORTE et écrite tout d’abord par Jerry SIEGEL, puis rapidement par Edmond HAMILTON, romancier de SF et l’un des fondateurs du space opera, qui donnera ses lettres de noblesse au groupe en lui construisant tout un univers ainsi que de nombreuses règles.  C’est ainsi que, grâce à HAMILTON, l’on découvre la Légion des Remplaçants : un groupe composé de recalés de la Légion, qui ont fait contre mauvaise fortune bon cœur et aident en secret celle-ci. Plus tard, certains d’entre eux, comme Night Girl ou Polar Boy, rejoindront la  « véritable » Légion.

C’est également HAMILTON qui instaure le code de la Légion, qui empêche de tuer un ennemi, interdit à deux coéquipiers de posséder les mêmes pouvoirs ou de se marier. Pour autant, cette dernière règle n’empêchera pas la naissance de multiples romances au sein du groupe, et même au-delà. Rapidement, la mythologie du groupe s’installe et le nombre important de personnage permet à la série de trouver un point d’équilibre entre les combats titanesques et les interactions entre les héros. L’arrivée de Jim SHOOTER, en tant que scénariste, dans Adventure Comics #346 (juillet 1966), va de belle manière faire entrer la série dans un deuxième âge d’or. Pour une distribution entièrement composée de personnages en-dessous de 18 ans, le jeune (13 ans !) SHOOTER est une bénédiction : non content de fournir des scripts, il réalise également le découpage des épisodes, confiés au légendaire Curt SWAN, qui avait remplacé John FORTE quelque temps auparavant.

 

 

Pour de nombreux lecteurs, la Légion, telle qu’apparue dans Adventure Comics, du n°300 au n°389 (juin 1970), avec son clubhouse, ses prémices des versions adultes des héros, et son règlement toujours plus étoffé, est la version la plus parfaite du groupe. Pendant quelque temps, celui-ci se retrouvera sans titre précis, apparaissant de façon irrégulière dans Superboy, après un court passage dans Action Comics. C’est durant cette période qu’un nouveau dessinateur, Dave COCKRUM, fera une entrée remarquée sur la série, redessinant les costumes des Légionnaires, leur donnant un aspect « disco-SF » plus à même de toucher le nouveau lectorat. Pari gagné, puisque le titre est rebaptisé Superboy and the Legion of Super-Heroes au numéro 197 (septembre 1973). Les Légionnaires mûrissent et ne sont plus des teenagers, mais de jeunes adultes.

Une nouvelle génération d’auteurs, dont le dessinateur Mike GRELL ou le scénariste Cary BATES, font état de cette évolution. Et c’est avec le scénariste Paul LEVITZ et les dessinateurs Keith GIFFEN et Steve LIGHTLE que la Légion entrera enfin dans l’âge adulte, avec une série d’arcs fabuleux qui verront la mort de certains équipiers, l’incursion de Darkseid et du 4e Monde, et une nouvelle génération de héros aliens émerger, le tout, dans un environnement de plus en plus rationalisé. La série durera jusqu’en 1989, puis sera immédiatement relancée dans une version dirigée Keith GIFFEN et Tom et Mary BIERBAUM, et contera des aventures situées « 5 années plus tard », alors que la Légion est dissoute et que le XXXe siècle est au bord du chaos. Cette vision dystopique durera jusqu’en 1994, année où l’histoire du groupe redémarre à zéro.

 

Comme vous le verrez dans la galerie de couvertures alternatives, réalisées par Gary FRANK et les dessinateurs sus-cités, c’est la version originale, de 1958 à 1989, qui sert de point d’ancrage pour l’arc de Geoff JOHNS présent dans ce volume. On y retrouve ainsi la Légion telle que laissée par Paul LEVITZ à la fin des années 1980, peu après la Crise des Terres Infinies, événement qui a eu pour effet d’effacer le lien entre Superman (qui n’était plus Superboy, selon John BYRNE) et cette équipe. Quelque temps avant les épisodes de cet album, Geoff JOHNS et Brad METZER avaient, dans un arc commun à la Ligue de Justice et à la Société de Justice, ramené les Légionnaires de la période classique, ce qui avait fort intrigué Superman et ses équipiers, dont Batman, qui lui, avait rencontré de nouvelles versions. Dans le prochain tome, il vous sera révélé ce qu’il advient de ces « autres » Légions.

Car pour Geoff JOHNS, la ligne est claire : toutes les aventures de la Légion parues après la fin de la série, en 1989, sont non avenues, et une explication est donnée à « l’absence » de ce groupe dans la vie de l’Homme d’Acier pour devenir même le point de départ de l’arc. Il est donc l’heure pour Superman de retrouver les camarades de sa folle jeunesse, et pour vous lecteurs, de (re)découvrir un groupe mythique de l’univers DC.

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