Le 7 décembre 1941, l’armée japonaise lance un raid contre la base américaine de Pearl Harbor, précipitant l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre Mondiale. Jusqu’à présent allusifs dans leurs scénarios, les auteurs de Superman vont désormais pouvoir se lancer à l’assaut des forces de l’Axe, en commençant par la réalisation de couvertures aux accents patriotiques.

Mais l’année 1942 est surtout une année prodigieuse pour le personnage du point de vue artistique, tant Jerry SIEGEL fait montre d’une inventivité perpétuelle au cours des épisodes. Motivé sans doute par la production en parallèle des dessins animés des frères FLEISCHER, les créateurs de Superman plongent leur série dans le fantastique le plus déluré. Au dessin, Leo NOWAK cède peu à peu sa place à John SIKELA qui va revenir au style d’origine de Joe SHUSTER tout en lui apportant une finition et une sophistication inédites : l’énergie  des planches en est instantanément décuplée et on découvre ainsi un Superman se propulsant dans la stratosphère en ouverture d’épisode (Superman #16), déformé dans une dimension parallèle (idem) ou confronté à un ennemi qui anime les héros de BD de journaux, Funnyface (Superman #19).

Superman devient ainsi plus dynamique face à une déferlante d’adversaires qui se précipitent dans ses revues. Tous ne reviendront pas, la plupart ne faisant que des apparitions éphémères, mais l’un d’entre eux, le Prankster, obtiendra une certaine renommée, et deviendra un ennemi récurrent. Apparu dans Action Comics #51, ce personnage typique des thèmes de SIEGEL multiplie les canulars dans une vague de « crimes sans méfaits » : lui et ses hommes braquent une banque pour y distribuer de l’argent ! Il attire ainsi non seulement l’attention de Superman,  mais également celle du public de Metropolis !

superman en 1942

Le Prankster, lors de sa première apparition, dans Action Comics #51, par Jerry SIEGEL et John SIKELA.

Cette célébrité acquise lui permet petit à petit d’endormir la méfiance des autorités et de planifier un véritable hold-up ainsi que le meurtre de Lois Lane ! Heureusement Superman sauve in extremis la reporter laissant toutefois le Prankster en fuite, libre de revenir.

Il est rare que les adversaires de l’Homme d’Acier s’en tirent à si bon compte, et de nombreux malfaiteurs auraient aimé avoir cette chance. C’est pourtant le cas de Metalo – dans World’s Finest #6, à ne pas confondre avec Metallo, né en 1958- un inventeur qui s’est créé une armure indestructible et qui survit à une plongée dans un cratère. Il ne reviendra pourtant qu’en 1982. Mr Sinister, lui, de Superman #16, est un maître-chanteur qui téléporte humains et immeubles dans la quatrième  dimension. Introduit dans Action Comics #49, le Puzzler utilise les motifs des jeux de hasard ou de société pour défier la loi. Enfin, le Snake (Superman #18) dans ses atours de serpent, terrorise les ouvriers d’une mine. Mais l’opposant le plus retors de Superman reste Luthor, qui utilisera deux fois l’énergie électrique alliée à une « pierre de puissance » pour défier Superman (dans Action Comics #47 et Superman #17). Deux figures récurrentes de l’univers de Superman font également leurs débuts en cette année 1942. D’une part, c’est la première fois (dans Superman #17) que Lois s’interroge sur la   double identité de Superman, soupçonnant son collègue Clark Kent. Cet épisode est l’opportunité pour Jerry SIEGEL et Joe SHUSTER de récapituler les grands moments de la courte carrière de leur héros. Ensuite, dans le même numéro, mais dans un autre épisode, Superman construit pour la première fois, dans un repaire secret caché en haut d’une montagne, une forteresse dans laquelle il passe son temps libre ou s’entraîne. C’est bien la moindre des choses que ses auteurs peuvent lui offrir, après lui avoir fait vivre tant d’émotions !

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