Rob Elder, si c’est bien son nom, écrit à propos des films, des comics et de la culture pop dans le Chicago tribune. Il a été également publié dans le New York Times, Los Angeles Times, et le Boston Globe. Natif du Montana, Elder traîne ses basques du côté de Chicago. Il vous présente aujourd’hui 100 Bullets.

Salut.
Assieds-toi.
Non, moi non plus, je lis pas ce genre de truc. Assieds-toi, putain.
Merci.
Cigarette ?
Non ? Ça te tuera moins vite que d’autres choses.
[Un temps]
Tu sais dans quoi tu t’embarques ? C’est ce qu’il me semblait.
C’est du matos dangereux que tu trimballes. Il serait sage de t’interroger sur ce que tu sais de cette mallette et de l’homme qui te l’a donnée. Oui, oui. Cent balles, la preuve imparable que tu t’es fait planter et un gros plan des ordures qui ont fait ça.

Une arme, un permis de rectifier les choses. Une carte blanche pour assassiner sans être inquiété, tout ça  délivré par un aimable vieillard qui se fait appeler Agent Graves. Des mallettes, il en a fourgué, tu sais. On a déjà réuni quatre dossiers contre lui. Tu trouveras le cinquième volume sur le siège à côté
de toi. Dans chacun d’entre eux, on en a découvert un peu plus sur l’Agent Graves, ses Minutemen, et leurs mystérieux objectifs. On ignore encore beaucoup de choses. On en est au stade des conjectures, à partir d’un puzzle auquel il manque un paquet de pièces. La rumeur raconte qu’ils étaient des assassins, type Reservoir Dogs, chargés de superviser les actions du Trust… une association secrète de familles mafieuses… et de régler leurs désaccords promptement et sans rancune. Mais qui qu’ils aient été, ils ont depuis fait scission. Le Trust a tenté de les éliminer. Ils sont donc devenus ronin, des samouraïs sans maîtres, mais pas sans honneur. L’honneur, voilàle jeu auquel joue Graves. Il réveille ses Minutemen endormis, en sort d’autres de leur retraite, et renforce d’autant sa puissance et sa croisade. Mais plus dangereux que Graves, il y a les hommes au-dessus de lui : Brian Azzarello et Eduardo Risso. Azz fume clope sur clope, c’est un littéraire. Calme. Il n’aime pas qu’on le prenne en photo. Son co-conspirateur est un Argentin nommé Risso, un personnage ténébreux dont les mains sont tâchées d’encre.

100 Bullets

Tu les as déjà rencontrés ? Non ?
Moi, si, mais seulement Azzarello. La première fois, c’était dans un coin sordide de Chicago, appelé Half Shell. L’un d’entre nous a failli y laisser sa peau. Peu importe lequel. Ensemble, ces deux là sont dangereux. Ce sont des hommes de lettre, désormais, ils ont été récompensés. Ils ont fait des études, bordel de merde. Pour paraphraser un vieux Corléone, maintenant qu’ils sont respectables, ils sont encore plus dangereux. Ce syndicat à deux têtes deale du polar, ce qu’on a appelé « La tragédie grecque des petites gens ».
Comprenez : Le quidam se fait marcher sur la gueule. Parfois on donne au quidam un peu de pouvoir, une chance d’arranger les choses, de quitter la zone, de rendre sa maman fière, etc. On lui permet peut-être même de passer la nuit avec une demoiselle tellement hors de sa portée qu’elle joue dans une autre catégorie.
(Mais en y réfléchissant, les nanas jouent toujours à un autre jeu que les gars, non ?) En général, ces types sont des brutes, des pigeons, des losers qui pensent que la vie ne peut pas être pire. Jusqu’à ce qu’elle le devienne, bien sûr.

[…]

La vérité artistique empêche la science de devenir inhumaine, et la vérité scientifique empêche l’art de devenir ridicule.» 100 BULLETS ne réchauffe pas vraiment le coeur, hein ? N’essaie pas d’y retrouver ton chemin, tu n’en seras que plus paumé, même si tu penses être sur la bonne route.
Pourtant, 100 BULLETS, c’est de l’art, sous sa forme la plus vitale, la plus vibrante… une forme qui défie toute définition. C’est indescriptible. C’est bruyant, sanglant, extrême et ça repousse les limites fixées par le genre. C’est à la fois un terreau de théorie du complot, une odyssée mafieuse, une saga de justice urbaine.
Tu te poses encore des questions ? Très bien, continue comme ça. Bonne chasse.

On se retrouve à ton enterrement.

Rob Elder

 

 

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