La première année de publication de Batman dans le magazine Detective Comics est marquée par des menaces inspirées des pulps : loups garous, monstres mutants, savants fous et gangsters sociopathes défilent face à ce nouveau justicier qui, en retour, les élimine avec plus ou moins de facilité.

Le danger des situations supplante la personnalité de ces vilains souvent interchangeable. Tout ceci va changer avec le numéro 1 de Batman au printemps 1940, réalisé par Bill FINGER, Bob KANE et Jerry ROBINSON, avec l’apparition de la némésis parfaite de notre héros… le Joker !

Là où Batman est une sombre créature de la nuit, symbole d’ordre vêtue de noir et gris, le Joker est un maniaque au look extravagant, en costume mauve et aux cheveux verts, un rictus menaçant désespérément accroché à son visage. Comme les autres ennemis de l’époque, le Joker devait également disparaître à la fin du numéro.

Retrouvez le duel Batman / Joker, dans la publication JOKER !

Les dernières cases le montrent même poignardé. Le responsable éditorial d’alors, Whitney ELLSWORTH, décide pourtant de « sauver » le vilain et les auteurs vont dès lors le faire revenir fréquemment. Dans les années 1940, le Joker, avec Catwoman et le Pingouin, devient le vilain le plus récurrent, mais cette présence va de pair avec un adoucissement du personnage qui, d’assassin maître-chanteur, devient un fantasque braqueur de banques, trouvant à chaque apparition un nouveau motif pour ses méfaits : le chiffre 13, les histoires drôles d’un almanach ou même des bruitages radiophoniques !

Dans ce même esprit de compétition, il ira jusqu’à singer l’équipement et les engins du Chevalier Noir dans le fameux Batman #37 de 1946 !
Après l’édiction du Comics Code en 1955 – qui restreint la violence dans les comic books –, le personnage continuera d’apparaître sporadiquement mais sera supplanté par des menaces extraterrestres, alors que l’univers de Batman et Robin plonge en pleine SF. Mais avec la série TV des années 1960, et l’interprétation démentielle de Cesar ROMERO, le Joker retrouve de sa superbe. Il faut néanmoins attendre 1973 et « The Joker’s Five Way Revenge » de Dennis O’NEIL et Neal ADAMS (dans Batman #251)  pour que le Clown prince du Crime redevienne un tueur imprévisible qui laisse dans son sillage une horde de cadavres au sourire terrifiant.

Cette montée dans la violence atteint son paroxysme avec The Dark Knight Returns (1986) dans lequel Frank MILLER conte son dernier, et mortel, affrontement avec le justicier, puis avec The Killing Joke (1988), dans lequel Alan MOORE et Brian BOLLAND le dépeignent comme le versant fatidique du héros, chacun se nourrissant de la folie de l’autre dans un cercle de violence sans fin. C’est également dans ce récit devenu une référence que le Joker paralyse Barbara Gordon, dit Batgirl, et ce, peu avant de tuer à coups de barre à mine Jason Todd, le deuxième Robin.

Depuis, le combat éternel entre les deux personnages est une véritable guerre des nerfs, intime et sans pitié : imagerie reprise par la version tout en noirceur d’Heath LEDGER dans The Dark Knight de Christopher NOLAN (2008). Et c’est dans ce même ordre d’idée que Brian AZZARELLO, créateur de la série 100 Bullets publiée chez Vertigo, habitué aux personnages torturés et ambigus du polar, propose ici une odyssée sans espoir de retour aux côtés du plus célèbre psychopathe de Gotham City, servie par le trait réaliste de Lee BERMEJO. À noter que ces mêmes auteurs réalisaient deux ans auparavant un récit complet sur un autre grand vilain de l’univers DC : Lex Luthor.

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Le Joker vient tout juste d’être libéré de l’Asile d’Arkham. En son absence, les fripouilles de son gang se sont partagé son territoire avant de revendre leur part pour une bouchée de pain. Mais aujourd’hui, le patron est de retour en ville. Assoiffé de reconquête, il entraîne dans le sillage de sa sanglante parade le loyal Johnny Frost – au même titre que le lecteur –, qu’il prendra un malin plaisir à divertir au cours de ce séjour dans les bas-fonds de Gotham.

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